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Messe de la Nativité de Ristori
Antonio Vivaldi
Credo RV 592
Soprano : Evelyne Brun-Lecornier
Alto : Claire Geoffroy-Dechaume
Chœur et orchestre de St-Nicolas
Direction : Vincent Lecornier
Ce disque présente la Messe de la Nativité de Ristori, dont la partition a été éditée en 2010.
Depuis plusieurs années, Vincent Lecornier présente dans son concert annuel avec le Chœur et l’orchestre de St-Nicolas des œuvres rarement – voire jamais – jouées en France, faisant ainsi découvrir les compositeurs oubliés de la cour de Dresde du XVIIIe siècle (Galuppi, Hasse, Zelenka entre autres), répertoire qu’il affectionne particulièrement et qui est étonnant de richesse et de diversité non encore explorées.
Le nom de Ristori, aujourd’hui complètement effacé, était très connu en Europe. Frédéric II se prit de passion pour son opéra Calandro qui fut le 1er opéra buffa à être joué en Allemagne. En Russie, un opéra de Ristori fut représenté à l’occasion du couronnement de la tsarine Anna Ivanovna, ce qui constitua une première pour une œuvre lyrique italienne dans ce pays.
La Messa per Il Santissimo Natale di Nostro Signore est une œuvre particulièrement réussie, loin de Hasse et plus près de la rigoureuse technique d’écriture de Zélenka. Cette œuvre est d’une grande homogénéité thématique et pleine de trouvailles quant à l’évocation de Noël par les interventions siciliennes au bercement pastoral des bois dans le Cum Sancto. Cette messe est d’une savante unité tonale, ce qui va lui donner sa structure. Les morceaux en tutti et chœur sont en ré majeur, les morceaux intermédiaires dans une relation de parenté tonale, ce qui va permettre aux passages solistes de se détacher de façon cohérente.
Beaucoup d’éléments d’écriture sont remarquables, l’orchestration n’est pas laissée au hasard et élaborée dans les moindres détails, ce qui fait penser encore une fois à Zélenka. Deux exemples nous en sont donnés dans le Kyrie et le Domine Deus où les violons et les hautbois se déploient en imitations émettant une sorte de vibration sur lesquels les voix et les chœurs vont évoluer. Dans les chœurs solennels du Gloria nous avons une écriture plus traditionnelle mais d’une grande maîtrise. Les passages solistes sont d’une puissante intériorité avec comme dans le Laudamus te, une alternance soprano-chœur grave du plus bel effet. Le Credo est caractéristique par sa déclamation homophonique qui va comprimer le texte, alternant par une écriture harmonique traversée par un motif de chaconne.
Une très belle œuvre d’une écriture subtile et pleine d’inventivité.
Le KYRIE RV 587 de Vivaldi est une commande de Rome et date des années 1720. Il fut composé pour l’église San Lorenzo in Damaso, en même temps que le Beatus vir, le Domine ad adjuvandum me festina, et le Laudate pueri. Commande de Rome, donc impératif pour le compositeur de se départir de toute légèreté vénitienne. L’œuvre est austère, intense et puissamment dramatique faisant alterner violence et suavité. Le Kyrie débute sur une ouverture chromatique d’une grande intensité dramatique qui aboutira à une apothéose sonore sur Kyrie eleison. Le Christe contraste par sa douceur, l’œuvre se terminant sur le 2e Kyrie savamment écrit avec une double fugue d’une grande énergie où se réunissent les deux chœurs.
Le Credo RV 592 est une sorte de curiosité auditive. Si le Kyrie est bien dans le style de Vivaldi avec sa construction complexe et ses hardiesses harmoniques, ce Credo pose bien des problèmes d’authenticité et mérite une véritable enquête. L’œuvre se déploie en effet de façon horizontale, sans grande surprise harmonique, avec comme simple relance un motif mélodique sur Credo, énoncé aux basses. Il n’en demeure pas moins que toute œuvre estampillée Vivaldi mérite que l’on si attarde et qu’on l’exécute.
Alain MAUREL