Commentaires des pièces de cette messe par Dom Baron.

INTROÏT

LE TEXTE

Versez votre rosée, cieux, d'en haut, et que le nuages pleuvent le Juste.
 Qu'elle s'ouvre, la terre, 
Et qu'elle germe le Sauveur.

Ps.- Les cieux disent la gloire de Dieu
Et l'œuvre de ses mains, il la proclame, le firmament. Isaïe, XLV, 8 - Ps. XVIII, 2.

Au chapitre XLV, Isaïe rapporte ce qu'il a entendu le Seigneur dire à Cyrus, qu'il va susciter pour être son christ, sauver le peuple et rebâtir la cité et le temple. A la vision de ce sauveur d'un moment, par delà lequel il voit le Messie et son œuvre éternelle, il est transporté et, interrompant sa prophétie, lance vers le ciel son désir ardent pour que soit bâtie la venue des deux libérateurs. Il le fait sous la forme poétique de la rosée qui fait germer la plante, symbolisant ainsi l'action divine qui fera de Cyrus et du Christ des sauveurs parfaits.

Au sens liturgique, c'est l’Église qui appelle le Messie. Rien n'est à changer dans l'image du prophète, mais il faut lui donner tout son sens divin. La rosée sollicitée du ciel, c'est l'action fécondante du Saint-Esprit ; la terre, c'est Notre-Dame, fleur de la race, qui s'ouvre au sommet de la tige de Jessé et qui, fécondée sous l'ombre mystérieuse de l'Esprit du Très-Haut, va produire son fruit divin ; le Verbe fait chair.

Cette prière admirable et tout à fait à sa place le Mercredi des Quatre-Temps, tout entier consacré à l'Annonciation. Il faut lui garder ici la même interprétation ; d'autant que, par l'Offertoire et la Communion tout au moins, le mystère continue d'être fêté. Et il faut la chanter comme la prière suprême, entendue de Dieu par delà les siècles, et qui a contribué à faire venir plus tôt l'heure du Messie et de Notre-Dame ; mais aussi, comme la supplication qui va mériter aux âmes de recevoir le Verbe fait chair quand il va revenir et de se livrer à l'influence de son Esprit comme la terre à la rosée, lui donnant ainsi ce qu'il attend d'elles pour réaliser la plénitude de son Incarnation.

Le Psaume, lui, n'est pas une prière ; il est la constatation joyeuse des merveilles de Dieu qui se réalisent dans le mystère.

LA MÉLODIE

Une prière ardente de deux phrases qui s'opposent ici, encore, suivant le texte, comme le ciel et la terre.

La première est un admirable mouvement de l'âme portant on désir, comme dans le graduel. Qui sédes, aussi haut que possible, jusqu'aux nuées fécondes d'où va venir la céleste rosée, puis redescendant douce et paisible comme descendra le Juste qu'elle chante. La supplication est ardente sur le pressus de caeli, les quilismas de désuper, le pressus de pluant, mais il n'y a pas d'inquiétude, de doute, d'angoisse ; au contraire, une grande sérénité et une joie discrète se mêlent partout à la prière dans la tonalité claire du mode de fa ; la joie de l'Eglise qui sait, car elle en jouit déjà, tout le bonheur qu'il y a pour elle dans cette pluie fécondante qu'elle sollicite.

La seconde a moins d'élan. C'est la terre que l'Eglise regarde et encore qu'il s'agisse de Notre-Dame, ce chef-d'œuvre de grâce qui va produire la nature humaine du Christ, n'est-elle pas tout en bas par comparaison avec l'infinie perfection du verbe qui va y descendre ? Et puis, c'est le mystère dont la profondeur ne saurait se chanter ; Aussi, après l'ardeur de la supplication sur aperiatur, la mélodie revient-elle au mode de ré, et en des neumes qui s'effacent de plus en plus, elle s'éteint, gracieusement d'ailleurs, sur Salvatorem, le mot du désir.

La deuxième note de ra dans Rorate doit être élargie. Le crescendo de la première incise sera ardent mais sans éclat ; c'est une prière. Bien accentuer nubes et aller sur le pressus de pluant en progression.

Veiller à ce que tur dans aperiatur ait bien sa valeur et qu'on ait le temps d'articuler. Térra sera légèrement retenu ainsi que les quatre dernières notes de gérminet.

Le Psaume sera chanté dans un bon mouvement et pénétré déjà de la joie du « Gloria in excelsis » qu'il prophétise.

GRADUEL

LE TEXTE

Il est proche, le Seigneur,
De tous ceux qui l'invoquent,
De tous ceux qui l'invoquent dans la vérité.

Verset. - La louange du Seigneur,
Elle la chantera, ma bouche,
Et que toute chair bénisse le Seigneur. Ps. CXLIV, 18, 21.

Dans la première partie, le psalmiste exprime une idée très simple ; à savoir que le Seigneur est tout disposé à écouter ceux qui le prient. Toutefois, il a précisé d'un mot : ceux qui le prient dans la vérité ; c'est-à-dire qui lui demandent, en toute sincérité, des chose vraies ; entendons : ceux qui sont conformes à sa volonté, car la vérité, c'est, en même temps, ce que Dieu pense et ce que Dieu veut.

Le Verset, lui, est un hommage de reconnaissance de l'âme qui promet à Dieu une louange sans fin en retour de la bienveillance qu'il lui témoigne.

Au sens liturgique, peut-être serait-on porté à s'appuyer sur les premiers mots Prope est Dominus pour faire entrer ce texte dans le cadre de l'Avent. Ce ne serait pas absolument exact car c'est en tout temps que le Seigneur exauce ceux qui savent le prier. Il ne faut pas non plus le rattacher à l'Epître qui vient d'être lue, mais à l'Epître du mercredi précédent pour laquelle il a été choisi. Dans cette Epître, on nous ait entendre l'histoire d'Achaz qui, par manque de confiance, refusa de demander un prodige au Seigneur et qui reçut, en réplique, d'Isaïe la fameuse prophétie qui annonçait le prodige des prodiges : « Le Seigneur vous donnera lui-même un signe : Voilà qu'une Vierge concevra et enfantera un Fils et son nom sera Emmanuel ». A la fin de ce récit, ces deux versets viennent sur es lèvres de l'Eglise comme une sorte de réflexion. Repliée sur elle-même et gardant bien présent à l'esprit tout ce qu'elle vient d'entendre, elle se dit : Achaz a eu tort...Le Seigneur est tout près de ceux qui l'invoquent et bientôt il sera plus près d‘eux encore ; car le prophète a dit que Celui qui doit venir aura nom Emmanuel, ce qui veut dire : Dieu est avec nous.

Cette annonce précise de l'Incarnation amène alors la grande louange du Verset. Laudem Domini...

LA MÉLODIE

(V) Prope est Dominus omnibus invocantibus éum omnibus qui invoquant éum in verita te.

Elle est composée de trois formules : celle de Prope est Dominus et les deux de éum. Ces formules sont reliées entre elles par les motifs presque syllabiques de omnibus invocantibus et de omnibus qui invoquant. Un seul mot est original, in veritate, encore s'achève-t-il en une formule finale commune.

Le fait qu'elle est à ce point centonisée n'empêche pas qu'elle soit très expressive. L'auteur s'est servi de formules toutes faites mais il les a choisies pour le texte et les a disposées de telle sorte qu'elles puissent en exprimer au mieux le contenu. Notez qu'elles sont placées sur les mots importants : Dominus, le nom divin, et éum qui le représente ; et que, par le contraste que font leurs neumes avec les motifs syllabiques qui les entourent, elles les mettent en particulier relief. Aussi bien est-ce le mot de l'Epître : Pete signum a Domino, dit Isaïe. Non tentabo Dominum, répond Achaz. Propter hoc dabit Dominus ipse vobis signum, réplique le prophète.

L'intonation est grave. (Cette formule n'est employée que sur le mot Dominus ; de sorte qu'elle est moins une formule centon qu'un motif réservé uniquement au nom du Seigneur, comme plusieurs autres.) Mais ce serait une erreur d'y voir la moindre tristesse. Au contraire, on y discerne déjà en une nuance discrète la joie qui se dégage du texte et qui caractérise tout le Graduel. Toute pénétrée de respect, elle se retient, s'efface, sur le nom divin, mais, sitôt après, elle se laisse aller, se développe sur omnibus invocantibus et va s'épanouir sur éum en un bel élan qui se détend dans la plénitude de la cadence en fa. Elle passe dans la seconde phrase, s'élève avec grâce sur omnibus, puis redescend dans le grave où elle se revêt à nouveau sur éum d'une certaine révérence qu'elle garde jusqu'à la fin.

Le Verset. - Laudem Domini loquétur os méum Et benedicat omnis caro nomen sanctum éjus.

La joie est ici enthousiaste. Lancée avec une ferme assurance sur la distropha de Laudem, elle se développe en une sorte de contemplation sur Domini : légère, souple, heureuse. Une nuance de tendresse plus marquée passe avec le si b, puis l'exaltation, grandissant à nouveau, va vers loquétur os méum où elle atteint toute sa puissance d'expression sur les mots mêmes qui disent la joie de pouvoir chanter à jamais.

L'enthousiasme est le même dans la seconde phrase. Sitôt qu'elle a été ramenée à la dominante, la mélodie s'élance à l'extrême limite du mode, enveloppant de toute sa puissance l'ardent souhait de l'Eglise. Elle s'y arrête d'ailleurs ensuite en un gracieux mouvement descendant, puis, pour finir, se pénètre à nouveau de tendre respect sur nomen sanctum éjus.

Comme on le voit, ce verset a un caractère de joie éclatante qui ne s'est pas encore rencontré au cours de l'Avent. L'auteur a-t-il voulu donner là comme une première annonce de la joie de Noël et en pénétrer déjà l'âme des fidèles ? On a d'autant plus de raisons de le croire que les formules 53 et 54 sont particulières à la période de la Nativité. On les trouve ailleurs, mais elles sont si fréquemment répétées au temps de Noël qu'elles contribuent, sans aucun doute, pour leur part, à créer l'atmosphère musicale. El semble que ce soit comme le début d'un crescendo de joie qui, parant du Mercredi des Quatre-Temps, jour consacré à l'Annonciation, jour de l'Incarnation, atteint toute sa puissance aux jours de Noël et de l'Epiphanie.

Ne pas chanter l'intonation avec des effet de basse, mais avec la simplicité et la douceur qui conviennent à une contemplation paisible. Le crescendo est le premier éum sera discret et mené dès le début de l'incise ; C'est une formule assez délicate mais très expressive. Il y a sur le do une distropha, puis al première note de la clivis ou du climacus ; les distrophas seront posées doucement et la voix, renforcée, ira vers la note qui suit pour la répercuter, délicatement. Il s'en suivra une onction pénétrée de ferveur qui servira admirablement le pronom éjus qui tient la place de Dominus.

Retenir quelque peu veritate ; la tristropha, douce. Bien distinguer dans la vocalise qui suit, sur le la, les deux distrophas, du pressus ; lles reçoivent doucement le posé de la voix ; de même celle qui se trouve sur le do dans la dernière incise.

C'est une bivirga qu'il y a sur Laudem au début du Verset ; qu'elle soit appuyée, forte et bien lancée. Sur Domini, deux distrophas et répercussion sur la première note de la clivis ; même interprétation que plus haut. Une bivirga avant les deux climacus qui finissent la première phrase ; bien accuser la première note du second.

La tristropha de os, légère. Bien pendre grade à donner toute leur valeur aux trois notes qui précèdent les notes doubles de méum ; les retenir légèrement évitera le danger d'en faire un triolet. Poser nettement l'épisème vertical de omnis, allonger même un peu la note. (Dans plusieurs cas, la 2ème note est un quilisma.) Un gracieux ralenti sur sanctum, qui se poursuivra sur éjus jusqu'à la fin.

ALLELUIA

LE TEXTE

Viens, Seigneur et ne tarde pas.
Pardonne les péchés de ton peuple.

Cette phrase ne se trouve pas dans l'Ecriture. L'idée en est très simple et s'applique sans difficulté à l'un ou à l'autre des sens de l'Avent. C'est une prière dont l'objet est nettement déterminé : la prière de tout le peuple de Dieu, de toute l'Eglise, suppliant le Christ de venir sauver le monde.

LA MÉLODIE

On la rencontre deux autres fois au cours de l'année : le XXe Dimanche après la Pentecôte (Alleluia Paratum cor méum) et à la messe Loquebar d'une Vierge Martyre (Alleluia Adducentur).

Elle commence dans le grave et se meut lentement dans toute la première phrase, comme la prière très humble du pécheur qui n'ose pas lever les yeux, accablé qu'il est sous ses fautes. Ce n'est que dans la seconde incise qu'elle prend un peu d'ardeur, il y a sur et noli tardare un très bel accent de pressante supplication.

Dans la seconde phrase, la prière est plus aisée sur relaxa. La longue vocalise de facinora est, en elle-même, assez indifférente, mais elle prend, avec les mots, un caractère de prière fort bien adapté. Il y a, dans la répétition du motif initial, une progression qui fait la supplication de plus en plus forte. La première fois, elle monte par trois degrés au si b ; la seconde fois, par un seul mouvement de quarte, elle atteint le do qu'elle marque d'un pressus ; la troisième, elle s'y pose sans préparation et y demeure trois temps. Il y a là une vigueur accrue du plus heureux effet. La mélodie redescend ensuite dans le grave et finit sur une formule propre à certains graduels du Ier mode, elle aussi très priante et très humble, avec une touche assez marquée de crainte révérentielle.

L'Alleluia, lui, est du IIIe mode, mais l'unité demeure parfaite et l'expression y trouve son bien. L'Alleluia ayant en lui-même un caractère de louange que le contraste rend plus marqué encore.

Prendre garde de faire trop longue la double note initiale de l'Alleluia, lequel doit avoir un certain mouvement. Bien balancer le rythme de l'arsis ; la vocalise légère.

Veni Domine tranquille et discret. Crescendo sur noli ; tardare sans éclat. Noter que, dans les thésis de la seconde phrase, toutes les notes doubles sont des distrophas, légères donc ; de même les deux qui précèdent la clivis sur le do, à la dernière reprise du motif. Par contre plé dans plébis est une bivirga. Lier avec soin les grands intervalles de l'avant-dernière incise.

OFFERTOIRE

LE TEXTE

Salut, Marie, de grâce remplie,
Le Seigneur (est) avec toi.
Bénie (es-)tu entre les femmes,
Et béni le fruit de ton sein.

C'est la salutation de l'Ange Gabriel à Notre-Dame et celle d'Elisabeth combinées en un seul texte, lequel forme la première partie de la Salutation angélique. Il n'y manque que le dernier mot, Jésus, qui d'ailleurs ne fut pas dit par Elisabeth.

Au sens liturgique toutefois, ce n'est ni l'Archange ni Elisabeth qui saluent Notre-Dame ; la combinaison des deux salutations en un seul texte s'y oppose. C'est toute l'Eglise qui, au moment où est commémorée la Conception de Notre Seigneur, fait monter sa louange vers celle que Dieu a choisie pour sa mère. Elle a entendu, au cours de la semaine écoulée, le mercredi, le récit de l'Annonciation, le vendredi, celui de la Visitation ; elle recueille, sur les lèvres de l'Archange et d'Elisabeth, les paroles inspirées pour les redire à Notre-Dame, comme l'hommage le plus parfait qu'elle puisse rendre à sa sainteté incomparable et à sa maternité divine.

Bien noter que c'est une salutation. Ceci implique que les chanteurs soient en communication directe avec Notre-Dame : qu'ils chantent pour elle et qu'ils aient conscience que du haut du ciel, elle les écoute et reçoit leur hommage dans la joie de son cœur maternel.

LA MÉLODIE

Quatre phrases (Ave Maria gratia plena ne forme qu'une seule phrase. La grande barre qui suit Maria doit être considérée comme une demi-barre). Les trois premières, en progression l'une sur l'autre, conduisent l'idée jusqu'à Benedicta tu, point culminant de la louange. La quatrième redescend vers le grave où elle s'achève dans la contemplation du mystère.

Il n'y a pas d'éclat dans l'Ave de l'intonation ; c'est un salut gracieux enveloppé de vénération profonde et tendre. Tout le long de la première phrase, l'âme se complaît dans cette attitude d'humble hommage ; elle s'anime seulement, d'un accent de ferveur, sur le nom béni. Un bel élan, habilement préparé, porte la syllabe accentuée de Maria à la dominante où les notes doubles et répercutées mettent un peu plus d'ardeur, d'admiration et d'amour. Mais ce n'est qu'en passant. Elle revient au grave sur gratia pléna et s'y enveloppe plus encore de contemplation ; aussi bien y a-t-l ici quelque chose de plus que la salutation. C'est déjà le mystère, le mystère indicible de l'Immaculée. La phrase s'achève sur pléna par un pressus qui met bien en valeur ce mot de plénitude, qui ne peut se dire que du Christ et de sa Mère.

Dès le début de la seconde phrase, la mélodie, établie sans préparation sur la dominante, prend tout de suite une allure de louange éclatante. C'est une qualité nouvelle que l'Eglise salue en Notre-Dame : son union avec Dieu. La plénitude de la grâce, c'est déjà le Seigneur avec l'âme ; mais, sur les lèvres de l'Archange, le Dominus técum indiquait une modalité spéciale de l'union divine. Le Seigneur est avec Notre-Dame comme il n'est avec personne. C'est de cette union merveilleuse que l'Eglise félicite Marie. La mélodie la sert admirablement. Le s'épanouit sur Dominus en un beau motif plein d'élan, deux fois répété, qui dit l'admiration enthousiaste que provoque l'infinie grandeur de Dieu, tandis que, sur técum, elle se retient comme recueillie, étonnée, confondue d'admiration, devant l'ineffable sainteté de Notre-Dame.

Elle se reprend sur Benedicat tu pour s'élancer cette fois à la limite de son étendue. C'est le troisième mot de a louange. Il est la conséquence des deux autres. C'est parce qu'elle est pleine de grâce et que le Seigneur est avec elle que Marie est bénie entre toutes les femmes ; nouvelle Eve, celle que toutes les nations diront Bienheureuse. La mélodie le met au-dessus de tout ; elle dépasse la dominante, monte et plane, à loisir, dans les hauteurs, s'appuyant sur des notes doubles et des pressus qui lui permettent de déployer toute sa puissance et de colorer d'accents de ferveur ce mot de bénédiction. Il s'achève sur le pronom tu en une belle cadence pleine et large qui va tout droit à Notre-Dame avec une nuance délicate de tendresse. La seconde incise ramène à la dominante le mot muliéribus. L'admiration s'y prolonge, toujours fervente ; notez le pressus et le torculus avec son mouvement hardi de quarte retombant sur la bivirga de la syllabe accentuée. D'une façon assez inattendue, la phrase s'achève par une cadence en demi-ton sur si qui laisse la mélodie en suspens, comme si l'Eglise, évoquant en une sorte de contemplation toutes les femmes de la race, les voyait se perdre en une perspective infinie, tendues en un geste de bénédiction vers Notre-Dame  qui, de très haut, enveloppée dans la gloire du Verbe Incarné, les domine toutes de l'éclat de sa maternité.

La quatrième phrase est, de toutes, la plus profonde. Ici, c'est le mystère ; le mystère du Verbe fait chair dans le sein de Notre-Dame. La mélodie abandonne les hauteurs, descend par degrés, sur benedictus qu'elle souligne seulement d'un pressus, descend encore sur fructus, puis demeure dans le grave, presque sans se mouvoir. Un motif deux fois répété de quelques notes qui montent et descendent par degrés conjoints sur véntris, un dernier pressus sur tui comme pour faire rejaillir la gloire du Fils sur la Mère - car c'est pour le Fils qu'est toute la louange dans cette dernière phrase - et c'est tout. L'ineffable ne saurait s'exprimer.

Il faut chanter avec beaucoup de souplesse. On y veillera particulièrement dans l'intonation. Le climacus qui s'achève sur la première note pointée sera légèrement retenu pour donner à cette demi-cadence sur mi toute sa valeur d'admiration gracieuse et tendre.

Chanter Maria avec beaucoup de ferveur. Les deux premières notes de ri bien appuyées, assez fortes, avec l'élan de l'accentuation : ce sont deux virgas ; les deux autres sont des distrophas ; la répercussion en sera délicate et il y aura un crescendo jusqu'à la répercussion, très délicate aussi, de la virga. La cadence sur sol très peu ralentie, de façon à rattacher Maria à gratia pléna. Une pause.

Discret a tempo au départ de Dominus dont les thésis seront légères, comme le sera la tristropha de técum, qu'on renforcera toutefois pour la lier au climacus. Sur ne dans Benedicta, une bivirga, bien l'appuyer et mener le crescendo e un bel enthousiasme vers le pressus. Conduire avec mesure l'admirable descente de benedictus fructus, sans que la voix perde brusquement de sa sonorité. Véntris tui très lien avec le salicus bien doux.

COMMUNION

LE TEXTE

Voici qu'une Vierge concevra
Et enfantera un Fils,
Et il sera appelé de son nom Emmanuel. Isaïe, VII, 14.

Cette parole fut dite comme une prophétie par Isaïe à Achaz. « Le Seigneur vous donnera lui-même un signe : voici qu'une vierge enfantera... » Le signe promis arrivera le jour de l'Annonciation. C'est le mot même du prophète en effet que l'Archange dit à Notre-Dame : « Voici que vous concevrez et enfanterez un Fils et vous lui donnerez le nom de Jésus ».

Ce texte est tout à fait à sa place le jour où est commémorée l'Annonciation. Toutefois il ne semble pas qu'il doive être chanté ici comme une prophétie ; c'est l'Eglise qui après avoir entendu la parole du Prophète à l'Epître, et celle de l'Ange à l'Evangile, y revient, au moment de la communion. Contemplant dans la lumière de la grâce sacramentelle, l'Incarnation qui se prolonge par l'Eucharistie dans tout le Corps Mystique, elle chante la joie de l'Emmanuel, du Dieu avec nous, en même temps que le mystère de Noël dans lequel à nouveau va s'accomplir mystiquement la parole divine.

LA MÉLODIE

Une joie émerveillée ; on en caractériserait bien ainsi, en deux mots l'expression. Elle est très discrète dans sa première incise, avec quelque chose de recueilli, de contemplatif, répandu sur toute la thésis de concipiet. Dans une sorte de jouissance profonde, l'âme admire le mystère de la Vierge Mère.

Et voilà qu'elle s'anime et que son admiration prend de l'ampleur. Un souffle puissant passe, qui emporte les mots dans l'enthousiasme, Filium après pariet, comme si l'âme, de plus en plus éclairée, réalisait ce qu'est le mystère de la maternité divine.

Mais, à peine a-t-elle saisi cette seconde merveille, qu'une troisième s'offre à elle : le mystère de Dieu avec nous cette fois, et vocabitur Emmanuel... Elle n'a pas le temps de s'arrêter si peu que ce soit ; de la première phrase, le souffle d'allégresse passe dans la seconde, l'entraînant dans la progression jusqu'à la distropha de vocabitur. Là quelque chose change. Le mystère s'étend. Il s'étend jusqu'à l'âme. Elle sent qu'elle y entre, en ce moment de la communion. Elle se recueille, se refermant sur les merveilles qui s'opèrent en elle. La mélodie la suit dans sa contemplation. Elle n'a plus le souci des notes éclatantes, ni des mouvements à grand espace ; elle se retient. Notez les clivis allongées de vocabitur, elle descend peu à peu vers le grave, jusqu'à ce qu'elle arrive à Emmanuel, le mot du mystère. Elle s'y complaît, en une formule qui, comme celle du véntris tui de l'Offertoire, se contente de quelques notes conjointes qui descendent et montent mais où passe toute la tendresse de l'âme pour l'Hôte divin qui est avec elle.

L'intonation paisible ; de même concipiet dont les podatus seront bien posés. Ceux de pariet aussi, tout le sommet en sera élargi. Le lier étroitement à Filium qui sera à peine retenu afin que l'enthousiasme aille croissant sur et vocabitur. C'est une bivirga qu'il y a sur vo. Retenir quelque peu tur. Beaucoup de grâce et de ferveur sur Emmanuel, qui sera très ralenti.

 

Epître, évangile et préface chantés de cette messe, voir ici

Commentaires des pièces de cette messe par Dom Baron.

 

Les rogations sont comme un retour des jours de pénitence au cours du temps pascal. Elles n’existaient pas à Rome à l’époque de Saint Grégoire, mais dès alors, il y avait le 25 Avril qu’on appelait les Litanies Majeures. C’était une procession instituée pour prendre la place d’un cortège païen qui emmenait la jeunesse Romaine sacrifier à la déesse Robigo pour lui demander de préserver les blés de la rouille ou de la nielle. Cette procession avait un caractère pénitentiel ; son but était d’apaiser la justice divine irritée par le péché et de demander à Dieu de protéger les moissons. Elle se déroulait selon le rite des processions stationnales. On se réunissait à Saint-Laurent in Lucina. Au départ on chantait sans doute l’Exsurge et le long du parcours, des répons ; ce n’est qu’à l’approche de Saint-Pierre qu’on commençait les Litanies. Celles-ci achevées, la messe suivait.
Le rite aujourd’hui est demeuré le même et pour la procession de la Saint-Marc, le 25 Avril, et pour celles des Rogations ; seuls les répons ont disparu. Les Litanies commencent dès le départ et s’achèvent par les prières qui sont chantées à l’arrivée à l’Eglise, juste avant la messe.
Il semble bien que primitivement seule la procession avait un caractère de pénitence et de supplication et que la messe était célébrée dans la joie du temps pascal. Saint Grégoire lui-même le laisse entendre dans une lettre qu’il écrivait au peuple de Rome pour le convoquer aux Litanies « que tout le monde appelle Majeures ». « Nous irons à Saint-Pierre, suppliant le Seigneur par des hymnes et des cantiques spirituels afin que dans la célébration des Saints Mystères nous puissions rendre grâce à sa bonté, autant qu’il est en notre pouvoir, pour ses bienfaits passés et futurs ». (P. L. LXXVII. 13. 9.) Tous les textes de la messe en effet, on le verra, sont des paroles de reconnaissance.

LA PROCESSION

Antienne Exsurge

LE TEXTE

Debout, seigneur, aide-nous
Et délivre-nous à cause de ton nom.
Ps. O Dieu, de nos oreilles nous avons entendu.
Nos pères nous ont dit (ce que tu as fait pour eux). Ps. XLIII, 26, 1.
Ces deux versets sont une prière ardente qui est en même temps très habile parce qu’elle fait appel à l’honneur du nom divin et à la fidélité de Dieu à ses promesse.
Ils forment un très beau prélude à la procession qui va se dérouler dans la supplication répétée des Litanies.
LA MÉLODIE

C’est la demande très humble d’une âme accablée sous l’épreuve et qui n’ose pas lever les yeux. Le sentiment de dépression est moins poussé que dans l’Introït Exsurge du Dimanche de la Sexagésime qui finit sur le même texte, mais c’est bien la même supplication effacée, réservée, retenue, sans élan.

Il faut la chanter lentement. Bien poser l’accent de Dómine en lui donnant un peu de longueur. Retenir légèrement la clivis de ádjuva nos. Ralentir à peine nómen túum
LITANIES
Bien leur garder leur caractère de supplication. C’est facile dans la première partie par la retombée en demi-ton sur si et la remontée si-do. Dans les autres, ce l’est moins. Veillez à ne pas donner à Peccatóres un air de triomphe, on y serait assez porté.

LA MESSE

INTROÏT

LE TEXTE

Il a écouté, de son Temple saint, ma voix.
Allelúia.
Et mon cri en sa présence est entré dans ses oreilles.
Allelúia. Allelúia.

Ps. – Je t’aimerai, Seigneur, ma force !
Le Seigneur est mon abri et mon refuge et mon libérateur. Ps. XVII. 7, 2, 3.

Le Psaume XVII est un cantique d’action de grâces dans lequel David, après un cri d’amour ardent pour son Sauveur : Diligam te Dómine… expose le processus de sa délivrance. Il était dans l’épreuve, il a prié, Dieu l’a écouté et l’a sauvé ; alors, action de grâces.
Dans l’Introït de la Septuagésime qui y prend aussi son texte, les différentes phases du drame sont toutes évoquées : circumdedérunt me dolóres mórtis, et invocávi, et exaudívit, diligam te. Ici les deux dernières seulement ont été retenues. Aussi bien ne s’agit-il pour l’Eglise que de rendre grâces. Les épreuves ont été exposées au cours du chemin et la prière aussi. Dieu les a entendues. Son aide n’est pas encore visible dans les prés et les champs qui ne sont qu’en herbe et en fleurs, mais elle est accordée ; il ne faut plus que l’action du temps, et la moisson passera la promesse des fleurs.
C’est dans cette certitude d’espoir qu’il faut chanter cet Introït.


LA MÉLODIE
Le texte est des plus simples ; il ne fait que constater que la prière a été entendue. La mélodie, elle aussi, n’est qu’un récitatif sans emphase. L’Eglise n’exulte pas ; elle se parle à elle-même, ou, si elle se confie, elle raconte la grâce dont elle est bénéficiaire comme une chose normale dans le cours des relations humano-divines. Seulement on sent partout, aussi bien dans la ligne générale que dans les détails, l’émouvante gratitude qui est en elle et qu’elle semble ne pouvoir livrer faute de moyens pour en exprimer l’étendue et la profondeur.
Dès le premier mot, la voix, en se posant ferme sur la double note de exaudívit, met dans la sonorité claire de cette syllabe, la joie de l’âme enfin satisfaite. Cette joie ne fait ensuite que se laisser aller très simplement à travers le balancement de témplo sáncto, la remontée de vócem, la tristropha et l’élan si délicat de l’Allelúia, vers les cadences en mi de súo, méam, Allelúia, si évocatrices de la tendresse émue dont sont baignés, au fond de l’âme, ces simples mots.
Il y a plus de mouvement dans la deuxième phrase, voire une discrète exultation. Le texte ne dit rien de plus, mais il y a un certain lyrisme dans la forme, qui marque la progression de la prière, arrivée en présence de Dieu, reçue par lui, admise jusqu’en ses oreilles. La mélodie quitte le IVe mode sur in conspéctu et, par une modulation hardie mais très fine, s’établit dans le VIIIe mode. Elle se pose un instant sur sol en une cadence lumineuse et ferme puis remonte sur intrávit. L’élan ici est moins marqué. La mélodie se retient, elle insiste, comme elle insistera encore sur aúres ; on sent que le recueillement domine à nouveau sur ces deux mots, comme si, à l’idée que Dieu a accepté sa demande, l’âme se refermait sur lui pour lui dire son amour et sa gratitude.
C’est la même tendresse, baignée de joie heureuse, qui anime les deux Allelúia si gracieux.
Le Psaume alors jaillit comme un beau chant d’amour dans la claire sonorité du la et du si naturel.
Il est bien clair que chanter cette mélodie « en esprit de pénitence » c’est aller à l’encontre des paroles et de la musique, et la défigurer totalement.
Il faut qu’elle soit paisible, recueillie et joyeuse à la fois.
Veiller à ne pas s’attarder plus qu’il ne faut sur les cadences en mi de la première phrase, afin de leur garder leur expression de paix heureuse. Qu’un seul mouvement enveloppe tout, y compris l’Allelúia qui ne sera en rien forcé.
La première incise de la seconde phrase aura le même tempo avec une légère accélération à la fin, pour la relier à in conspéctu et accuser la venue de la joie qui va dominer un instant. Que le porrectus de conspéctu soit bien léger entre les deux clivis allongées. Arrondissez le torculus si gracieux de introivit. La cadence de éjus très expressive. Une reprise de joie délicate sur le premier Allelúia, mais sans contraste.


ALLELÚIA

LE TEXTE

Louez le Seigneur parce qu’Il est bon.
Parce que éternelle est sa miséricorde. Ps. CXVII. 1.

L’action de grâces continue. Elle prend cette fois la forme d’un appel à la louange. Sans doute est-il amené par l’épisode de la vie du Prophète Elie rapporté à l’Epître : il pria, et la pluie ne tomba pas pendant trois ans et six mois… il pria de nouveau, et le ciel donna de  la pluie. Ainsi le Seigneur exauce-t-il notre prière ; louez-le car il est bon… L’Eglise remercie déjà pour toutes les fécondes rosées qui feront la terre donner son fruit.
LA MÉLODIE
Elle est très apparentée au Confitémini du Samedi Saint  ; à ce point que, en plusieurs endroits, ce sont les mêmes notes sur les mêmes mots mais il y a aussi entre les deux de notables différences. Le Samedi Saint, l’Allelúia est discret, gradué, tout à fait adapté à l’éveil progressif de la joie pascale. Ici il n’y a pas à ménager de transition, la joie est là depuis le début de la messe ; recueillie, discrète dans l’Introït, elle prend tout de suite avec l’Allelúia une ardeur plus vive et même un certain éclat. L’arsis fa-sol-do, dans un beau mouvement, va s’épanouir sur la tristropha et se détend ensuite en une thésis très courte mais fort gracieuse qui se relie au jubilus, très joyeux ; d’une joie assurée, paisible et sans ombre.

Le verset, par contre est moins éclatant que celui du Samedi Saint, ce n’est plus la joie toute fraiche et si longtemps attendue de Pâques. Le début est le même, mais la cadence de Dómino a été supprimée ou, plus exactement, on y a fait entrer quóniam qui a perdu de ce fait le bel élan qui se prolongeait en exaltation sur bónus. Ces deux mots ont été revêtus d’un motif plus réservé, plus intime, plus dans le ton de l’Introït.
Le deuxième quóniam demeure dans le style du premier. Sur miséricórdia éjus le motif du Samedi Saint revient et le thème de l’Allelúia s’y greffe très habilement avant la dernière syllabe de éjus.
Ne pas précipiter les trois premières notes de l’Allelúia ; elles sont quelque peu allongées dans les manuscrits. Elargir aussi le jubilus : c’est une joie qui s’épanouit plutôt qu’une joie qui exulte.
Commencez le verset dans un élan plein d’ardeur ; qu’il soit alerte. Allongez un peu la première note de am dans quóniam, et le climacus de bónus ; de même, dans la seconde phrase, la première note de saéculum.

OFFERTOIRE

LE TEXTE

Je louerai le Seigneur on ne peut plus, par ma voix.
Et au milieu de la multitude, je le glorifierai,
Lui qui s’est tenu à la droite du pauvre (que j’étais) pour sauver des persécuteurs mon âme.
Allelúia. Ps. CVIII. 30, 31.

Ces deux versets sont les derniers du Psaume CVIII.  Le Psalmiste, qui a demandé l’aide de Dieu contre ses ennemis, se voyant déjà exaucé, remercie en promettant une louange ardente et partout répétée.
Ils sont parfaitement adaptés à cette messe d’action de grâces pour des bienfaits qui ne sont pas encore arrivés. L’Eglise les a demandés, ces bienfaits, tout le long du chemin au rythme des Litanies, et avec insistance, suivant les conseils mêmes de Notre Seigneur dans l’Evangile qui vient d’être chanté : « Demandez, cherchez, frappez ». Sûre d’être exaucée, parce que « qui demande recevra, qui cherche trouvera, qui frappe verra devant lui s’ouvrir la porte », elle chante sa reconnaissance.
LA MÉLODIE
Elle se déroule dans une atmosphère de joie douce, délicate, pleine de tendresse ; on y sent l’âme heureuse qui se berce dans son bonheur, avec ça et là des accents plus vifs de gratitude.
La louange promise ne sera pas quelconque elle prendra toute la vie, l’assurance en est donnée avec ardeur sur le pressus de nímis. Et ce sera une louange personnelle qui aura la valeur d’un témoignage direct ; in óre méo, de ma bouche ; l’insistance est très marquée par le développement mélodique et les deux pressus. Au début de la seconde incise, la mélodie s’allège et prend du mouvement ; elle souligne multórum – car ce sera aussi une louange publique et éclatante – mais seulement en passant comme si l’Eglise était pressée d’arriver à l’objet même de la louange : laudábo éum. Elle monte à la dominante sur éum, très en relief par la tristropha ; une ardeur très vive commence alors à passer dans les derniers neumes, se renouvelle sur ástitit avec je ne sais quoi de pressant, comme un hâte de dévoiler la grande bonté du Seigneur, et va vers paúperis où elle s’étale à loisir ; notez la montée retenue vers les épisèmes.
Elle ne s’arrête pas là, elle progresse au contraire vers ce qui est l’objet de la gratitude : ut sálvam fáceret. La mélodie monte plus joyeuse vers la tristropha de sálvam, rebondit sur celle de fáceret. Alors là, sans qu’on s’y attende, brusquement, est amené sur persequéntibus le motif suppliant qui par quatre fois, le mercredi des Cendres appelait la miséricorde du Seigneur. Il évoque ici la période terrible des persécutions ; évocation rapide mais émouvante. La mélodie revient à la tonique par le motif très gracieux de ánimam méam ; on y retrouve la paix heureuse du début ; elle se prolonge sur l’Allelúia éclairée encore par les contacts du si naturel et du fa.
Ne pas presser le mouvement, mais l’entretenir toujours.
Elargissez le punctum de nímis et celui qui précède le pressus de méo ; rattachez laudábo à multórum et commencez-y le crescendo puis accélérez légèrement jusqu’à la première clivis de déxteram. Ne faites pas l’arrêt trop long après paúperis.
Retenez la note qui précède la tristropha de sálvam, de même, la première note du podatus de fáceret et élargissez le torculus de ánimam à cause du grand intervalle. L’Allelúia, bien dans le mouvement.

COMMUNION

LE TEXTE

Demandez et vous recevrez.
Cherchez et vous trouverez.
Frappez et l’on vous ouvrira.
Quiconque en effet demande reçoit
Et qui cherche trouve
Et à qui frappe il sera ouvert, Allelúia. Luc. XI. 9. 10.

Ce sont les paroles de Notre Seigneur qui ont été lues à l’Evangile.
C’est lui-même qui les chante ici. D’abord pour dégager la leçon de cette cérémonie des Rogations ; mais aussi pour encourager l’âme, qui la reçoit en ce moment dans son intimité, à lui faire part, dans une absolue confiance, de tous ses besoins et de tous ses désirs.
LA MÉLODIE

Elle est composée, comme le texte d’ailleurs, de deux phrases – la grande barre qui se trouve après invénit doit être considérée pratiquement comme une demi-barre. Ce serait peut-être trop s’avancer que de vois la seconde comme une variation de la première et pourtant il y a entre les incises de l’une et de l’autre de telles ressemblances qu’on ne peut pas ne pas être frappé de ce parallélisme musical : ómnis qui pétit diffère de pétite et accipiétis que par la cadence ; qui quaérit invénit a la même forme que quærite et inveniéntis, quelques notes allant vers une cadence très ornée ; pulsáte et pulsánti ont aussi bien des affinités. D’autre part il y a dans les deux phrases la même proportion entre les incises et la même progression d’une incise à l’autre ; la première est simple, la seconde a sa cadence très développée et la troisième est très amplifiée sur pulsáte et pulsánti…
Il se dégage de l’ensemble une expression d’amabilité, d’encouragement. On sent la joie qu’éprouve le Christ  à solliciter des demandes qu’il aura tant de bonheur à exaucer. Tous les mots en sont baignés mais, plus que les autres, inveniétis, pulsáte dans la première phrase et, dans la seconde, aperiétis avec la remontée ré-fa et l’Allelúia qui prolonge en des neumes, souples et retenus, ce bonheur intime.

Le mouvement ne sera pas rapide mais très souple.

Retenez la première note du podatus de Pétite et de celui de accipiétis, de même les deux notes qui précèdent le quilisma de pulsáte ; le pressus de aperiétus, très expressif.
Une reprise a tempo au début de la seconde phrase, qui sera légère. La première note de podatus de áccipit sera retenue légèrement ; aperiétur sera très rythmé. La double note de tur est une bivirga épisématique, la presser après l’avoir posée doucement. Bien balancer l’Allelúia dans un mouvement paisible et heureux.

Cantiques pour Pâques

Ecoutes de pièces

Epître, évangile et préface chantés de cette messe, voir ici

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