L'introït Si iniquitates par la Schola Bellarmina
Commentaires des pièces de cette messe par Dom Baron.
INTROÏT
LE TEXTE
Versez votre rosée, cieux, d'en haut, et que le nuages pleuvent le Juste. Qu'elle s'ouvre, la terre, Et qu'elle germe le Sauveur.
Ps.- Les cieux disent la gloire de Dieu
Et l'œuvre de ses mains, il la proclame, le firmament. Isaïe, XLV, 8 - Ps. XVIII, 2.
Au chapitre XLV, Isaïe rapporte ce qu'il a entendu le Seigneur dire à Cyrus, qu'il va susciter pour être son christ, sauver le peuple et rebâtir la cité et le temple. A la vision de ce sauveur d'un moment, par delà lequel il voit le Messie et son œuvre éternelle, il est transporté et, interrompant sa prophétie, lance vers le ciel son désir ardent pour que soit bâtie la venue des deux libérateurs. Il le fait sous la forme poétique de la rosée qui fait germer la plante, symbolisant ainsi l'action divine qui fera de Cyrus et du Christ des sauveurs parfaits.
Au sens liturgique, c'est l’Église qui appelle le Messie. Rien n'est à changer dans l'image du prophète, mais il faut lui donner tout son sens divin. La rosée sollicitée du ciel, c'est l'action fécondante du Saint-Esprit ; la terre, c'est Notre-Dame, fleur de la race, qui s'ouvre au sommet de la tige de Jessé et qui, fécondée sous l'ombre mystérieuse de l'Esprit du Très-Haut, va produire son fruit divin ; le Verbe fait chair.
Cette prière admirable et tout à fait à sa place le Mercredi des Quatre-Temps, tout entier consacré à l'Annonciation. Il faut lui garder ici la même interprétation ; d'autant que, par l'Offertoire et la Communion tout au moins, le mystère continue d'être fêté. Et il faut la chanter comme la prière suprême, entendue de Dieu par delà les siècles, et qui a contribué à faire venir plus tôt l'heure du Messie et de Notre-Dame ; mais aussi, comme la supplication qui va mériter aux âmes de recevoir le Verbe fait chair quand il va revenir et de se livrer à l'influence de son Esprit comme la terre à la rosée, lui donnant ainsi ce qu'il attend d'elles pour réaliser la plénitude de son Incarnation.
Le Psaume, lui, n'est pas une prière ; il est la constatation joyeuse des merveilles de Dieu qui se réalisent dans le mystère.
LA MÉLODIE
Une prière ardente de deux phrases qui s'opposent ici, encore, suivant le texte, comme le ciel et la terre.
La première est un admirable mouvement de l'âme portant on désir, comme dans le graduel. Qui sédes, aussi haut que possible, jusqu'aux nuées fécondes d'où va venir la céleste rosée, puis redescendant douce et paisible comme descendra le Juste qu'elle chante. La supplication est ardente sur le pressus de caeli, les quilismas de désuper, le pressus de pluant, mais il n'y a pas d'inquiétude, de doute, d'angoisse ; au contraire, une grande sérénité et une joie discrète se mêlent partout à la prière dans la tonalité claire du mode de fa ; la joie de l'Eglise qui sait, car elle en jouit déjà, tout le bonheur qu'il y a pour elle dans cette pluie fécondante qu'elle sollicite.
La seconde a moins d'élan. C'est la terre que l'Eglise regarde et encore qu'il s'agisse de Notre-Dame, ce chef-d'œuvre de grâce qui va produire la nature humaine du Christ, n'est-elle pas tout en bas par comparaison avec l'infinie perfection du verbe qui va y descendre ? Et puis, c'est le mystère dont la profondeur ne saurait se chanter ; Aussi, après l'ardeur de la supplication sur aperiatur, la mélodie revient-elle au mode de ré, et en des neumes qui s'effacent de plus en plus, elle s'éteint, gracieusement d'ailleurs, sur Salvatorem, le mot du désir.
La deuxième note de ra dans Rorate doit être élargie. Le crescendo de la première incise sera ardent mais sans éclat ; c'est une prière. Bien accentuer nubes et aller sur le pressus de pluant en progression.
Veiller à ce que tur dans aperiatur ait bien sa valeur et qu'on ait le temps d'articuler. Térra sera légèrement retenu ainsi que les quatre dernières notes de gérminet.
Le Psaume sera chanté dans un bon mouvement et pénétré déjà de la joie du « Gloria in excelsis » qu'il prophétise.
GRADUEL
LE TEXTE
Il est proche, le Seigneur,
De tous ceux qui l'invoquent,
De tous ceux qui l'invoquent dans la vérité.
Verset. - La louange du Seigneur,
Elle la chantera, ma bouche,
Et que toute chair bénisse le Seigneur. Ps. CXLIV, 18, 21.
Dans la première partie, le psalmiste exprime une idée très simple ; à savoir que le Seigneur est tout disposé à écouter ceux qui le prient. Toutefois, il a précisé d'un mot : ceux qui le prient dans la vérité ; c'est-à-dire qui lui demandent, en toute sincérité, des chose vraies ; entendons : ceux qui sont conformes à sa volonté, car la vérité, c'est, en même temps, ce que Dieu pense et ce que Dieu veut.
Le Verset, lui, est un hommage de reconnaissance de l'âme qui promet à Dieu une louange sans fin en retour de la bienveillance qu'il lui témoigne.
Au sens liturgique, peut-être serait-on porté à s'appuyer sur les premiers mots Prope est Dominus pour faire entrer ce texte dans le cadre de l'Avent. Ce ne serait pas absolument exact car c'est en tout temps que le Seigneur exauce ceux qui savent le prier. Il ne faut pas non plus le rattacher à l'Epître qui vient d'être lue, mais à l'Epître du mercredi précédent pour laquelle il a été choisi. Dans cette Epître, on nous ait entendre l'histoire d'Achaz qui, par manque de confiance, refusa de demander un prodige au Seigneur et qui reçut, en réplique, d'Isaïe la fameuse prophétie qui annonçait le prodige des prodiges : « Le Seigneur vous donnera lui-même un signe : Voilà qu'une Vierge concevra et enfantera un Fils et son nom sera Emmanuel ». A la fin de ce récit, ces deux versets viennent sur es lèvres de l'Eglise comme une sorte de réflexion. Repliée sur elle-même et gardant bien présent à l'esprit tout ce qu'elle vient d'entendre, elle se dit : Achaz a eu tort...Le Seigneur est tout près de ceux qui l'invoquent et bientôt il sera plus près d‘eux encore ; car le prophète a dit que Celui qui doit venir aura nom Emmanuel, ce qui veut dire : Dieu est avec nous.
Cette annonce précise de l'Incarnation amène alors la grande louange du Verset. Laudem Domini...
LA MÉLODIE
(V) Prope est Dominus omnibus invocantibus éum omnibus qui invoquant éum in verita te.
Elle est composée de trois formules : celle de Prope est Dominus et les deux de éum. Ces formules sont reliées entre elles par les motifs presque syllabiques de omnibus invocantibus et de omnibus qui invoquant. Un seul mot est original, in veritate, encore s'achève-t-il en une formule finale commune.
Le fait qu'elle est à ce point centonisée n'empêche pas qu'elle soit très expressive. L'auteur s'est servi de formules toutes faites mais il les a choisies pour le texte et les a disposées de telle sorte qu'elles puissent en exprimer au mieux le contenu. Notez qu'elles sont placées sur les mots importants : Dominus, le nom divin, et éum qui le représente ; et que, par le contraste que font leurs neumes avec les motifs syllabiques qui les entourent, elles les mettent en particulier relief. Aussi bien est-ce le mot de l'Epître : Pete signum a Domino, dit Isaïe. Non tentabo Dominum, répond Achaz. Propter hoc dabit Dominus ipse vobis signum, réplique le prophète.
L'intonation est grave. (Cette formule n'est employée que sur le mot Dominus ; de sorte qu'elle est moins une formule centon qu'un motif réservé uniquement au nom du Seigneur, comme plusieurs autres.) Mais ce serait une erreur d'y voir la moindre tristesse. Au contraire, on y discerne déjà en une nuance discrète la joie qui se dégage du texte et qui caractérise tout le Graduel. Toute pénétrée de respect, elle se retient, s'efface, sur le nom divin, mais, sitôt après, elle se laisse aller, se développe sur omnibus invocantibus et va s'épanouir sur éum en un bel élan qui se détend dans la plénitude de la cadence en fa. Elle passe dans la seconde phrase, s'élève avec grâce sur omnibus, puis redescend dans le grave où elle se revêt à nouveau sur éum d'une certaine révérence qu'elle garde jusqu'à la fin.
Le Verset. - Laudem Domini loquétur os méum Et benedicat omnis caro nomen sanctum éjus.
La joie est ici enthousiaste. Lancée avec une ferme assurance sur la distropha de Laudem, elle se développe en une sorte de contemplation sur Domini : légère, souple, heureuse. Une nuance de tendresse plus marquée passe avec le si b, puis l'exaltation, grandissant à nouveau, va vers loquétur os méum où elle atteint toute sa puissance d'expression sur les mots mêmes qui disent la joie de pouvoir chanter à jamais.
L'enthousiasme est le même dans la seconde phrase. Sitôt qu'elle a été ramenée à la dominante, la mélodie s'élance à l'extrême limite du mode, enveloppant de toute sa puissance l'ardent souhait de l'Eglise. Elle s'y arrête d'ailleurs ensuite en un gracieux mouvement descendant, puis, pour finir, se pénètre à nouveau de tendre respect sur nomen sanctum éjus.
Comme on le voit, ce verset a un caractère de joie éclatante qui ne s'est pas encore rencontré au cours de l'Avent. L'auteur a-t-il voulu donner là comme une première annonce de la joie de Noël et en pénétrer déjà l'âme des fidèles ? On a d'autant plus de raisons de le croire que les formules 53 et 54 sont particulières à la période de la Nativité. On les trouve ailleurs, mais elles sont si fréquemment répétées au temps de Noël qu'elles contribuent, sans aucun doute, pour leur part, à créer l'atmosphère musicale. El semble que ce soit comme le début d'un crescendo de joie qui, parant du Mercredi des Quatre-Temps, jour consacré à l'Annonciation, jour de l'Incarnation, atteint toute sa puissance aux jours de Noël et de l'Epiphanie.
Ne pas chanter l'intonation avec des effet de basse, mais avec la simplicité et la douceur qui conviennent à une contemplation paisible. Le crescendo est le premier éum sera discret et mené dès le début de l'incise ; C'est une formule assez délicate mais très expressive. Il y a sur le do une distropha, puis al première note de la clivis ou du climacus ; les distrophas seront posées doucement et la voix, renforcée, ira vers la note qui suit pour la répercuter, délicatement. Il s'en suivra une onction pénétrée de ferveur qui servira admirablement le pronom éjus qui tient la place de Dominus.
Retenir quelque peu veritate ; la tristropha, douce. Bien distinguer dans la vocalise qui suit, sur le la, les deux distrophas, du pressus ; lles reçoivent doucement le posé de la voix ; de même celle qui se trouve sur le do dans la dernière incise.
C'est une bivirga qu'il y a sur Laudem au début du Verset ; qu'elle soit appuyée, forte et bien lancée. Sur Domini, deux distrophas et répercussion sur la première note de la clivis ; même interprétation que plus haut. Une bivirga avant les deux climacus qui finissent la première phrase ; bien accuser la première note du second.
La tristropha de os, légère. Bien pendre grade à donner toute leur valeur aux trois notes qui précèdent les notes doubles de méum ; les retenir légèrement évitera le danger d'en faire un triolet. Poser nettement l'épisème vertical de omnis, allonger même un peu la note. (Dans plusieurs cas, la 2ème note est un quilisma.) Un gracieux ralenti sur sanctum, qui se poursuivra sur éjus jusqu'à la fin.
ALLELUIA
LE TEXTE
Viens, Seigneur et ne tarde pas.
Pardonne les péchés de ton peuple.
Cette phrase ne se trouve pas dans l'Ecriture. L'idée en est très simple et s'applique sans difficulté à l'un ou à l'autre des sens de l'Avent. C'est une prière dont l'objet est nettement déterminé : la prière de tout le peuple de Dieu, de toute l'Eglise, suppliant le Christ de venir sauver le monde.
LA MÉLODIE
On la rencontre deux autres fois au cours de l'année : le XXe Dimanche après la Pentecôte (Alleluia Paratum cor méum) et à la messe Loquebar d'une Vierge Martyre (Alleluia Adducentur).
Elle commence dans le grave et se meut lentement dans toute la première phrase, comme la prière très humble du pécheur qui n'ose pas lever les yeux, accablé qu'il est sous ses fautes. Ce n'est que dans la seconde incise qu'elle prend un peu d'ardeur, il y a sur et noli tardare un très bel accent de pressante supplication.
Dans la seconde phrase, la prière est plus aisée sur relaxa. La longue vocalise de facinora est, en elle-même, assez indifférente, mais elle prend, avec les mots, un caractère de prière fort bien adapté. Il y a, dans la répétition du motif initial, une progression qui fait la supplication de plus en plus forte. La première fois, elle monte par trois degrés au si b ; la seconde fois, par un seul mouvement de quarte, elle atteint le do qu'elle marque d'un pressus ; la troisième, elle s'y pose sans préparation et y demeure trois temps. Il y a là une vigueur accrue du plus heureux effet. La mélodie redescend ensuite dans le grave et finit sur une formule propre à certains graduels du Ier mode, elle aussi très priante et très humble, avec une touche assez marquée de crainte révérentielle.
L'Alleluia, lui, est du IIIe mode, mais l'unité demeure parfaite et l'expression y trouve son bien. L'Alleluia ayant en lui-même un caractère de louange que le contraste rend plus marqué encore.
Prendre garde de faire trop longue la double note initiale de l'Alleluia, lequel doit avoir un certain mouvement. Bien balancer le rythme de l'arsis ; la vocalise légère.
Veni Domine tranquille et discret. Crescendo sur noli ; tardare sans éclat. Noter que, dans les thésis de la seconde phrase, toutes les notes doubles sont des distrophas, légères donc ; de même les deux qui précèdent la clivis sur le do, à la dernière reprise du motif. Par contre plé dans plébis est une bivirga. Lier avec soin les grands intervalles de l'avant-dernière incise.
OFFERTOIRE
LE TEXTE
Salut, Marie, de grâce remplie,
Le Seigneur (est) avec toi.
Bénie (es-)tu entre les femmes,
Et béni le fruit de ton sein.
C'est la salutation de l'Ange Gabriel à Notre-Dame et celle d'Elisabeth combinées en un seul texte, lequel forme la première partie de la Salutation angélique. Il n'y manque que le dernier mot, Jésus, qui d'ailleurs ne fut pas dit par Elisabeth.
Au sens liturgique toutefois, ce n'est ni l'Archange ni Elisabeth qui saluent Notre-Dame ; la combinaison des deux salutations en un seul texte s'y oppose. C'est toute l'Eglise qui, au moment où est commémorée la Conception de Notre Seigneur, fait monter sa louange vers celle que Dieu a choisie pour sa mère. Elle a entendu, au cours de la semaine écoulée, le mercredi, le récit de l'Annonciation, le vendredi, celui de la Visitation ; elle recueille, sur les lèvres de l'Archange et d'Elisabeth, les paroles inspirées pour les redire à Notre-Dame, comme l'hommage le plus parfait qu'elle puisse rendre à sa sainteté incomparable et à sa maternité divine.
Bien noter que c'est une salutation. Ceci implique que les chanteurs soient en communication directe avec Notre-Dame : qu'ils chantent pour elle et qu'ils aient conscience que du haut du ciel, elle les écoute et reçoit leur hommage dans la joie de son cœur maternel.
LA MÉLODIE
Quatre phrases (Ave Maria gratia plena ne forme qu'une seule phrase. La grande barre qui suit Maria doit être considérée comme une demi-barre). Les trois premières, en progression l'une sur l'autre, conduisent l'idée jusqu'à Benedicta tu, point culminant de la louange. La quatrième redescend vers le grave où elle s'achève dans la contemplation du mystère.
Il n'y a pas d'éclat dans l'Ave de l'intonation ; c'est un salut gracieux enveloppé de vénération profonde et tendre. Tout le long de la première phrase, l'âme se complaît dans cette attitude d'humble hommage ; elle s'anime seulement, d'un accent de ferveur, sur le nom béni. Un bel élan, habilement préparé, porte la syllabe accentuée de Maria à la dominante où les notes doubles et répercutées mettent un peu plus d'ardeur, d'admiration et d'amour. Mais ce n'est qu'en passant. Elle revient au grave sur gratia pléna et s'y enveloppe plus encore de contemplation ; aussi bien y a-t-l ici quelque chose de plus que la salutation. C'est déjà le mystère, le mystère indicible de l'Immaculée. La phrase s'achève sur pléna par un pressus qui met bien en valeur ce mot de plénitude, qui ne peut se dire que du Christ et de sa Mère.
Dès le début de la seconde phrase, la mélodie, établie sans préparation sur la dominante, prend tout de suite une allure de louange éclatante. C'est une qualité nouvelle que l'Eglise salue en Notre-Dame : son union avec Dieu. La plénitude de la grâce, c'est déjà le Seigneur avec l'âme ; mais, sur les lèvres de l'Archange, le Dominus técum indiquait une modalité spéciale de l'union divine. Le Seigneur est avec Notre-Dame comme il n'est avec personne. C'est de cette union merveilleuse que l'Eglise félicite Marie. La mélodie la sert admirablement. Le s'épanouit sur Dominus en un beau motif plein d'élan, deux fois répété, qui dit l'admiration enthousiaste que provoque l'infinie grandeur de Dieu, tandis que, sur técum, elle se retient comme recueillie, étonnée, confondue d'admiration, devant l'ineffable sainteté de Notre-Dame.
Elle se reprend sur Benedicat tu pour s'élancer cette fois à la limite de son étendue. C'est le troisième mot de a louange. Il est la conséquence des deux autres. C'est parce qu'elle est pleine de grâce et que le Seigneur est avec elle que Marie est bénie entre toutes les femmes ; nouvelle Eve, celle que toutes les nations diront Bienheureuse. La mélodie le met au-dessus de tout ; elle dépasse la dominante, monte et plane, à loisir, dans les hauteurs, s'appuyant sur des notes doubles et des pressus qui lui permettent de déployer toute sa puissance et de colorer d'accents de ferveur ce mot de bénédiction. Il s'achève sur le pronom tu en une belle cadence pleine et large qui va tout droit à Notre-Dame avec une nuance délicate de tendresse. La seconde incise ramène à la dominante le mot muliéribus. L'admiration s'y prolonge, toujours fervente ; notez le pressus et le torculus avec son mouvement hardi de quarte retombant sur la bivirga de la syllabe accentuée. D'une façon assez inattendue, la phrase s'achève par une cadence en demi-ton sur si qui laisse la mélodie en suspens, comme si l'Eglise, évoquant en une sorte de contemplation toutes les femmes de la race, les voyait se perdre en une perspective infinie, tendues en un geste de bénédiction vers Notre-Dame qui, de très haut, enveloppée dans la gloire du Verbe Incarné, les domine toutes de l'éclat de sa maternité.
La quatrième phrase est, de toutes, la plus profonde. Ici, c'est le mystère ; le mystère du Verbe fait chair dans le sein de Notre-Dame. La mélodie abandonne les hauteurs, descend par degrés, sur benedictus qu'elle souligne seulement d'un pressus, descend encore sur fructus, puis demeure dans le grave, presque sans se mouvoir. Un motif deux fois répété de quelques notes qui montent et descendent par degrés conjoints sur véntris, un dernier pressus sur tui comme pour faire rejaillir la gloire du Fils sur la Mère - car c'est pour le Fils qu'est toute la louange dans cette dernière phrase - et c'est tout. L'ineffable ne saurait s'exprimer.
Il faut chanter avec beaucoup de souplesse. On y veillera particulièrement dans l'intonation. Le climacus qui s'achève sur la première note pointée sera légèrement retenu pour donner à cette demi-cadence sur mi toute sa valeur d'admiration gracieuse et tendre.
Chanter Maria avec beaucoup de ferveur. Les deux premières notes de ri bien appuyées, assez fortes, avec l'élan de l'accentuation : ce sont deux virgas ; les deux autres sont des distrophas ; la répercussion en sera délicate et il y aura un crescendo jusqu'à la répercussion, très délicate aussi, de la virga. La cadence sur sol très peu ralentie, de façon à rattacher Maria à gratia pléna. Une pause.
Discret a tempo au départ de Dominus dont les thésis seront légères, comme le sera la tristropha de técum, qu'on renforcera toutefois pour la lier au climacus. Sur ne dans Benedicta, une bivirga, bien l'appuyer et mener le crescendo e un bel enthousiasme vers le pressus. Conduire avec mesure l'admirable descente de benedictus fructus, sans que la voix perde brusquement de sa sonorité. Véntris tui très lien avec le salicus bien doux.
COMMUNION
LE TEXTE
Voici qu'une Vierge concevra
Et enfantera un Fils,
Et il sera appelé de son nom Emmanuel. Isaïe, VII, 14.
Cette parole fut dite comme une prophétie par Isaïe à Achaz. « Le Seigneur vous donnera lui-même un signe : voici qu'une vierge enfantera... » Le signe promis arrivera le jour de l'Annonciation. C'est le mot même du prophète en effet que l'Archange dit à Notre-Dame : « Voici que vous concevrez et enfanterez un Fils et vous lui donnerez le nom de Jésus ».
Ce texte est tout à fait à sa place le jour où est commémorée l'Annonciation. Toutefois il ne semble pas qu'il doive être chanté ici comme une prophétie ; c'est l'Eglise qui après avoir entendu la parole du Prophète à l'Epître, et celle de l'Ange à l'Evangile, y revient, au moment de la communion. Contemplant dans la lumière de la grâce sacramentelle, l'Incarnation qui se prolonge par l'Eucharistie dans tout le Corps Mystique, elle chante la joie de l'Emmanuel, du Dieu avec nous, en même temps que le mystère de Noël dans lequel à nouveau va s'accomplir mystiquement la parole divine.
LA MÉLODIE
Une joie émerveillée ; on en caractériserait bien ainsi, en deux mots l'expression. Elle est très discrète dans sa première incise, avec quelque chose de recueilli, de contemplatif, répandu sur toute la thésis de concipiet. Dans une sorte de jouissance profonde, l'âme admire le mystère de la Vierge Mère.
Et voilà qu'elle s'anime et que son admiration prend de l'ampleur. Un souffle puissant passe, qui emporte les mots dans l'enthousiasme, Filium après pariet, comme si l'âme, de plus en plus éclairée, réalisait ce qu'est le mystère de la maternité divine.
Mais, à peine a-t-elle saisi cette seconde merveille, qu'une troisième s'offre à elle : le mystère de Dieu avec nous cette fois, et vocabitur Emmanuel... Elle n'a pas le temps de s'arrêter si peu que ce soit ; de la première phrase, le souffle d'allégresse passe dans la seconde, l'entraînant dans la progression jusqu'à la distropha de vocabitur. Là quelque chose change. Le mystère s'étend. Il s'étend jusqu'à l'âme. Elle sent qu'elle y entre, en ce moment de la communion. Elle se recueille, se refermant sur les merveilles qui s'opèrent en elle. La mélodie la suit dans sa contemplation. Elle n'a plus le souci des notes éclatantes, ni des mouvements à grand espace ; elle se retient. Notez les clivis allongées de vocabitur, elle descend peu à peu vers le grave, jusqu'à ce qu'elle arrive à Emmanuel, le mot du mystère. Elle s'y complaît, en une formule qui, comme celle du véntris tui de l'Offertoire, se contente de quelques notes conjointes qui descendent et montent mais où passe toute la tendresse de l'âme pour l'Hôte divin qui est avec elle.
L'intonation paisible ; de même concipiet dont les podatus seront bien posés. Ceux de pariet aussi, tout le sommet en sera élargi. Le lier étroitement à Filium qui sera à peine retenu afin que l'enthousiasme aille croissant sur et vocabitur. C'est une bivirga qu'il y a sur vo. Retenir quelque peu tur. Beaucoup de grâce et de ferveur sur Emmanuel, qui sera très ralenti.
- Polyphonies pour l'Avent
- L'hymne Creator alme siderum en alternance grégorien/polyphonie
- L'hymne Creator alme siderum en grégorien
- Les cantiques de l'Avent (CD)
- Les cantiques de l'Avent (Partitions)
Epître, évangile et préface chantés de cette messe, voir ici
Commentaires des pièces de cette messe par Dom Baron.
LEÇONS DES MATINES : En Octobre : Les Machabées. En Novembre : Les Prophètes.
EPÎTRE : Dieu poursuivra en nous le bien qu’il a commencé, jusqu’au jour du Christ si nous sommes fidèles à sa grâce. (Phil. I. 6-11.)
EVANGILE : Il faut rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu.(Math. XXII. 15-21.)
IDÉE CENTRALE : Deux fois dans les quelques lignes de l’Epître, Saint Paul parle de l’avènement du Christ Jésus. Notre Seigneur, dans l’Evangile, à la question insidieuse des Pharisiens, lance cette parole de justice : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. » Nul doute que cette sentence n’ait été choisie parce que nous sommes à la veille du jour où se fera cette reddition de compte. En fait, avec les mêmes sentiments de frayeur, de contrition mais aussi de confiance en la Miséricordieuse Bonté.
INTROÏT
LE TEXTE
Si les péchés tu regardes, Seigneur,
Seigneur, qui tiendra ?
Mais en toi est le pardon,
Dieu d’Israël.
Ps. – Du fond de l’abîme, j’ai crié vers toi, Seigneur.
Seigneur, entends ma voix. (Ps. CXXIX. 3, 4, 1, 2.)
Les versets 3 et 4 qui forment le corps de l’Introït sont une prière très délicate pour obtenir le pardon. Le pécheur ne le demande pas expressément. Il reconnaît même qu’il est indigne de la bienveillance divine et que si Dieu ne voyait que son péché tout espoir de pardon serait à abandonner. Mais il sait que la miséricorde est un attribut divin. Alors, courbé sous la honte mais confiant, il se tient devant le Seigneur et crie du fond de sa misère : « Exauce ma voix… »
L’Eglise, en cette fin d’année, dit cette prière avec un sens profond du besoin qu’elle en a. Elle voit dans les siècles passés, les péché des siens, innombrables et horribles en leur variété. Qui tiendrait en présence de Dieu avec un tel poids de crimes ? Le Christ lui-même en a sué le sang. Elle tremble à l’approche du jour où chacun devra rendre compte. Mais il y a la Miséricorde, cette couronne de la Justice ; alors, confiante en son pardon, elle lance son cri suppliant : De profundis…
LA MÉLODIE
Un souffle d’anxiété passe dans la première phrase et en fait une supplication apeurée. Retenu d’abord dans l’intonation, (il y a toutes les chances que le punctum de tes dans iniquitátes soit un si, ce qui changerait en plainte l’assurance de cette cadence sur do) il s’avive peu à peu sur observáveris Dómine et devient une sorte d’effroi à mesure que se développe l’hypothèse d’un examen implacable du péché par Dieu. Sur Dómine, c’est un cri de détresse, mais rapide, comme si l’âme, terrifiée, secouait vite cette vision effrayante pour revenir à la confiance ; la phrase s’achève en effet en une cadence qui n’est plus que plaintive et où l’espoir déjà se fait sentir.
La deuxième phrase est toute autre. Elle chante la miséricorde. C’est un chant de paix. Le torculus élargi, la teneur sur do, les clivis allongées de la thésis, la courbe qui monte si gracieuse sur propitiátio, tout cela est calme, pénétré d’onction même. L’âme, tout en priant, dit à Dieu le bonheur qu’elle a d’être l’objet de sa miséricordieuse bonté. Sur Déus Israël, sa prière monte plus ardente, mais elle n’a plus peur, elle est pleine de confiance, une touche de joie passe même dans la thésis au contact du si et du sol.
Le psaume s’élève alors dans cette atmosphère de confiance et déjà de paix, comme une demande sûre d’être exaucée.
Le contraste entre les deux phrases est très prononcé ; il faut bien se garder de l’accuser davantage. Ne pas pousser l’anxiété dans la première ; qu’il n’y ait rien de passionné. Menez le crescendo sur toute la phrase en veillant de près à l’égalité des notes dans les temps composés ; ce qui n’empêche ni al souplesse ni le léger accelerando du mouvement dans l’arsis. La double note de Dómine à la fin de la première incise sera fortement appuyée ; c’était sans doute un podatus montant du si au do et dont la première note était allongée. Le crescendo par delà cette cadence passera à la seconde incise et s’y développera. Allongez la première note du podatus de Dómine et de même la première note de né dans sustinébit.
Retenez toute la seconde phrase et chantez-la doucement, avec beaucoup d’onction. Toujours sans forcer le contraste. Le punctum qui précède le pressus de propitiátio sera quelque peu appuyé. Elargissez la thésis de Déus dans la cadence finale.
GRADUEL
LE TEXTE
Oh Oui ! Qu’il est bon et qu’il est doux d’habiter comme des frères ensemble.
Verset. – C’est comme le parfum répandu sur la tête, qui descendait sur la barbe, la barbe d’Aaron.
Ps. CXXXII. 1,2.
Le Psaume CXXXII décrit le bonheur qu’avaient les Juifs à vivre comme en une seule famille, lors de leurs pèlerinages à Jérusalem. C’était « bon et doux ». En Orientaux friands de parfums, ils évoquaient pour en donner idée la consécration du Grand Prêtre qui se faisait par l’effusion sur sa tête d’une huile composée d’aromates précieux : l’effusion était abondante et elle coulait sur sa barbe, même sur son manteau, de sorte que le peuple tout à l’entour était embaumé de cette odeur de suavité.
Dans ces deux versets, l’Eglise, en une sorte de contemplation, évoque les jours tant attendus de la Jérusalem Céleste, quand nous serons un dans le Christ, et que la grâce de sa consécration éternelle descendant sur nous nous enveloppera de suavité, comme jadis le parfum du Grand Prêtre. Ecce quam bónum et quam jucúndum ! Oh ! Oui ! Que ce sera bon et doux !
LA MÉLODIE
C’est un chant de contemplation mais traversé par un désir ardent.
La première incise, très douce, est pure évocation. Dans la cadence en demi-ton de Ecce, passe quelque chose de mystérieux et de souriant à la fois qui se répand ensuite sur les neumes paisibles de bónum et jucúndum. C’est comme un regard d’admiration projeté par l’Eglise sur l’avenir si beau qui est là tout proche. Le désir s’y mêle, il va de soi, mais il est perdu dans le ravissement. Il s’éveille sur habitáre et, tout de suite, enveloppe de son ardeur les mots qui décrivent la belle réalité de demain : cette splendide fraternité de tous les hommes dans le Christ.
Notez la double note de habitáre – une bivirga – attaquée sur le do à partir de ré et presque sans préparation. Il y a là un mouvement mélodique qui exprime admirablement la ferveur qui soudain jaillit dans l’âme. Cette ferveur s’épanche sur frátres, et sur únum plus encore ; elle trouve là, dans le bel élan vers le pressus, l’expression chaude qui lui convient. Elle se détend ensuite peu à peu en une thésis gracieuse toute pénétrée de paix.
Le Verset. – (I) Sícut unguéntum in cápite quod descéndit in bárbam, bárbam Aaron.
La contemplation paisible du début du Graduel, revenue sur la cadence de únum, s’épanouit tout de suite sur unguéntum. L’âme se laisse aller à dire, sans souci du temps ni de l’espace, tout ce qu’elle évoque de joie, de béatitude, dans l’union qui va se réaliser. Elle le fait en de longs neumes qui se déroulent en courbes gracieuses, légers, tout en mouvement. Une sorte d’insistance se fait jour sur cápite. Est-ce pour chanter le Christ, chef de cette race nouvelle ? Peut-être. Sur descéndit c’est un enthousiasme ardent. La mélodie s’élève aussi haut que peut monter la voix, se déploie large et sonore puis descend par des neumes liés et fluides symbolisant les aromates sacrés du Grand Prêtre et plus encore la grâce qui, du Christ, descend sur les membres et les fait tous un en lui. Quelle merveille que cette thésis qui, du mi supérieur glisse au la grave, dans une paix que rien ne trouble, légère sur les notes élevées ; profonde et grave sur la formule finale, comme le mystère qu’elle chante.
On chantera la première incise dans une grande simplicité. La seconde note du podatus Ecce sera élargie ; bónum et jucúndum quelque peu retenus.
On mettra par contre beaucoup d’ardeur sur toute la seconde incise ; la double note de habitáre sera fermement posée, la voix ira se renforçant sur l’accent tonique et demeurera vibrante jusqu’au pressus de únum. Après quoi elle se détendra tout le long de la thésis dont les derniers neumes seront rythmés avec soin.
Le verset sera très léger. Un crescendo discret montera avec les derniers neumes de unguéntum. Retenez quelque peu cápite et insistez sur les neumes en faisant nettes les répercussions. Que descéndit soit large et sonore ; élargissez la première note du podatus, bárbam sera très lié et la formule finale très retenue.
ALLELÚIA
LE TEXTE
Que ceux qui craignent le Seigneur espèrent en lui ;
Il est leur aide et leur protecteur.
(Ps. CXIII. 11.)
Ces quelques mots sont pour les timides qui, même dans la contemplation de la béatitude prochaine, sentent en eux la peur des épreuves qui la précèderont. L’Eglise les réconforte : « N’ayez pas peur. Ceux qui craignent Dieu, c’est-à-dire, ceux qui ont l’habitude de porter en eux le souci de faire sa volonté et sa joie en toutes choses, le Seigneur les aide et les protège. »
LA MÉLODIE
Elle se déroule très calme, très balancée, sans une touche d’anxiété, dans l’atmosphère de confiance, de paix et de joie du Graduel; contemplative elle aussi.
Il y a sur Dómine un bel accent de tendre vénération ; une invitation qui presse doucement sur spérent et, sur toute la deuxième phrase, une insistance assez fortement marquée ; notez les pressus de adjútor et l’arsis de protéctos qui, elle aussi, s’épanouit sur un pressus. Pour finir, c’est le bel élan de joie de eórum avec la retombée gracieuse qui se poursuit tout le long de la vocalise.
La double note de le dans Allelúia est une bivirga, posez-la bien, de même la virga pointée qui suit ; si vous soulevez la voix entre les deux, vous aurez un rythme souple qui mettra, dès le début, de la vie dans cette arsis si mesurée. Epanouissez-la sur le podatus du sommet qui sera très élargi comme d’ailleurs, les trois notes qui suivent.
Faites très souple et très léger la vocalise de tíment, et élargissez la cadence de te.
Dans la deuxième phrase allez en crescendo discret vers le pressus de protéctor que vous préparerez en appuyant la voix sur la note qui précède.
OFFERTOIRE
LE TEXTE
Souviens-toi de moi, Seigneur,
De toute puissance le dominateur.
Et mets la parole qu’il faut dans ma bouche
Afin qu’elles plaisent mes paroles
En présence du prince.
(Esther XIV. 12, 13.)
Ces paroles sont inspirées de la prière que fit Esther avant d’entrer chez Assuérus. Elle allait à la vie ou à la mort, et seul, Dieu pouvait, usant de sa miséricorde pour son peuple, mettre en elle ce qui la rendrait aimable aux yeux du roi.
L’application en est heureuse ici. Devant Dieu, à qui nous aurons bientôt à rendre ce qui lui revient, comme nous en a averti Notre Seigneur dans l’Evangile, nous ne trouverons un accès favorable que si nous avons été revêtus de ce qui nous rend aimables à ses yeux : la grâce qui, nous faisant participer à la nature divine du Christ, nous fait fils devant le Père et met sur nos lèvres les paroles mêmes du Fils.
LA MÉLODIE
La première phrase est très paisible, humble aussi, mais sans rien de sombre ; ce n’est pas une prière de pénitence mais une demande faite dans un esprit de simplicité, de familiarité même. L’intonation, avec sa cadence arrêtée sur le la et retombant gracieuse, aimable sur le sol, est caractéristique de cette atmosphère filiale.
Il y a une nuance de vénération sur Dómine mais sans contention. Sur potentátui une autorité ferme.
La seconde phrase expose la demande. Le mouvement s’anime tout de suite. Lancé sur le salicus de da il va d’un jet de plus en plus puissant et sans s’arrêter, à travers réctum, sur os méum et, par-delà la demi-barre, sur ut pláceant qui est le mot important entre tous. Il y a dans cette montée une ardeur de supplication que la pensée de notre présence devant Dieu pour le jugement rend émouvante. La détente se fait lentement sur vérba méa.
Sur in conspéctu, le mouvement devient à peu près rectiligne. L’Eglise ne demande plus ; le mot l’a prise toute. Elle demeure fixée sur cette présence, sur cette vision dont elle va jouir bientôt et qui va combler ses désirs et ceux de tous ses membres depuis les siècles. Et elle la chante sur quelques notes seulement qui s’élèvent et s’abaissent à peine au rythme de la paix heureuse dans laquelle elle contemple. Il n’y a pas autre chose en effet que de délicats touchements sur fa jusqu’à ce que la dernière cadence enveloppe príncipis de tendresse.
Faites l’intonation très liée et gracieuse et toute la première phrase souple et sans aucune recherche d’effet.
Le crescendo de la seconde sera pris du début et mené discrètement. Faites une répercussion sur le premier podatus de réctum et arrondissez, en l’élargissant un peu, le sommet de pláceant.
Il faudra détailler le rythme de in conspéctu mais dans un legato très soigné, sans presser, et faire le pressus de la fin, délicat.
COMMUNION
LE TEXTE
J’ai crié parce que tu m’as exaucé, ô Dieu.
Incline ton oreille et exauce mes paroles.
(Ps. XVI. 6.)
Belle prière, simple et confiante : « Je crie parce que, en m’exauçant jusqu’ici, tu m’as encouragé », tel en est le sens précis. Prononcés dans l’intimité de la communion, elle redit au Seigneur la foi que l’âme a en lui et aussi quelque peu son angoisse, à l’annonce du cataclysme prochain.
LA MÉLODIE
Ego clamávi est tout paisible. C’est une simple constatation avec égo bien en relief. A partir de quóniam, il y a un mouvement arsique très prononcé. Commencé sur les deux podatus, il monte, insistant, sur exaudísti, s’attarde un court instant sur Déus et atteint toute sa puissance sur inclina aúrem túam. C’est une progression magnifique où l’on retrouve la supplication ardente de l’Introït , mais sans anxiété, au contraire elle est aimable et même pénétrée de joie. La détente est rapide sur et exaúdi tandis que la cadence de vérba donne une impression de paix toute reposée.
Marquez bien les podatus de Ego ; de même ceux de quóniam. Il faut qu’un souffle puissant passe dans l’arsis et mène tout jusqu’au sommet et sans aucun ralenti. Faites exaúdi très expressif. Le climacus de vérba sera retenu avec grâce.
Epître, évangile et préface chantés de cette messe, voir ici