Dix-neuvième dimanche après la Pentecôte (XIX)

Table des matières

Commentaires des pièces de cette messe par Dom Baron.

EPÎTRE : Il faut se revêtir de l’homme nouveau. (Ephes. IV. 23-28.)

EVANGILE : La Parabole des invités à la noce du fils du Roi. L’un d’eux n’ayant pas la robe nuptiale est mis dehors. (Math. XXII. 1-14)

IDÉE CENTRALE : Saint Paul nous demande dans l’Epître de nous revêtir de l’homme nouveau. Cet homme nouveau c’est celui que crée en nous la grâce du Baptême en nous faisant participer à la nature du Christ. Le revêtir, c’est revêtir le Christ. En termes plus explicites, c’est se soumettre à sa volonté, se livrer à son influence, de façon à penser, à vouloir, à agir selon lui ; c’est lui permettre de vivre, à travers notre propre vie, sa vie. Mais n’est-ce pas là revêtir la robe nuptiale et participer aux noces du Fils du Roi, qui consistent précisément en l’union de cette vie avec Dieu à travers le Christ, ici-bas dans l’obscurité de la foi, là-haut dans la clarté de la vision face à face ?

L’idée centrale de cette messe pourrait donc être ce revêtement de Jésus-Christ, condition de notre entrée dans la gloire. Et ce serait comme la première allusion à la fin des temps vers laquelle s’orienteront, de plus en plus désormais, les Dimanches qui vont suivre. Les deux aspects en sont bien nets dans la parabole de l’Evangile : ma noce de l’Agneau et les ténèbres extérieures où sont jetés ceux qui n’ont pas revêtu le Christ.

INTROÏT

LE TEXTE

Le salut du peuple, c’est moi, dit le Seigneur.
De quelque tribulation qu’ils crient vers moi,
Je les exaucerai.
Et je serai leur Seigneur à jamais.
Ps. – Soyez attentifs, mon peuple, à ma loi.
Inclinez votre oreille aux paroles de ma bouche.
Ps. LXXVII. 1.
Cet Introït – un des rares dont le texte ne soit pas tiré de l’Ecriture, seul le verset en est extrait, – est chanté une première fois le Jeudi de la IIIème semaine de Carême, à l’occasion de la station en l’église des Saints Cosme et Damien, deux médecins martyrs, par l’intercession desquels de nombreuses guérisons étaient obtenues. Le choix en est heureux. Il est la voix du Seigneur qui vient encourager ceux qui sont dans l’épreuve à recourir à lui, qui demeure à jamais leur maître bienveillant et bienfaisant.

C’est peut-être la même circonstance qui l’a fait choisir pour ce XIXème Dimanche. En effet, « selon les anciennes listes romaines, le dimanche précédent la fête des martyrs Cosme et Damien, la station était dans leur basilique sur la Voie sacrée ; selon le capitulaire Würtzbourg, cette station est indiquée après le second dimanche suivant la solennité de saint Cyprien. Mais en réalité, il s’agissait d’une fête mobile et c’est peut-être la raison pour laquelle la messe de ce jour, à commencer par l’Introït Salus populi, conserve comme un dernier souvenir de cette solennité en l’honneur des deux célèbres médecins « thaumaturges » dont le peuple de Rome durant la période byzantine, attendait la santé de l’âme avec celle du corps ». (Cardinal Schuster. Liber sacramentorum. V. 208)

Quoi qu’il en soit, le sens de ces paroles dépasse le culte de ces deux saints martyrs. En cette période où commencent à être évoquées les épreuves terribles par lesquelles devra passer le monde des derniers temps, et celles par lesquelles nous passerons, nous aussi, dans une certaine mesure avant de mourir , elles nous arrivent comme la voix du Seigneur nous encourageant à avoir recours à lui avec confiance, à ne pas avoir peur, puisqu’il nous a invités. Que nous veillions seulement à garder sa loi, à être attentifs à ce qu’il veut de nous, et nous aurons de quoi garder dans sa pure beauté la robe nuptiale qui nous donnera d’entrer au festin des noces de l’Agneau pour jamais.

LA MÉLODIE

La première phrase s’élève très douce et très liée sur Salus populi. Retenue dans son élan par le si b, elle descend lentement sur égo sum et prend sur la cadence en mi un admirable caractère de tendresse compatissante. On sent vraiment le Seigneur penché sur son peuple et lui disant d’avoir confiance, ce qu’il est là et qu’il le sauvera.

C’est un autre sentiment qui domine dans la seconde. Une invitation pressante se dessine dès les premières notes : la mélodie s’établit en VIIIe mode, le mouvement s’anime, devient très arsique, entrainant la pensée, par delà tribulatióne qu’il met en plein relief, vers ad me où il s’épanouit en un très beau motif qui donne à ce mot un élan plein d’attirance. Repris sur exáudiam éos, ce motif est là plus expressif encore, quelque chose de la tendre compassion de la première phrase se mêle dans le grave sur exáudiam, comme si le Christ n’attendait qu’un geste de l’âme vers lui pour donner libre cours à sa miséricordieuse bonté.

Après cette offre si invitante, la douceur revient enveloppant toute la dernière phrase. On y retrouve l’onction paternelle de égo sum, sur Dóminus notamment, avec un bel élan qui monte sur in perpétuum, riche de toute la promesse de l’éternelle béatitude.
La première phrase demande à être liée et douce. Eviter de faire la cadence de la fin plaintive.

Il y aura une reprise de mouvement et même une légère accélération au début de la seconde, mais on veillera à ce que tout contraste soit évité. C’est au cours du crescendo vers la distropha de tribulatióne que se fera la transition. Liez avec soin le groupe de ad me et tout exáudiam éos et ne forcez pas la voix.

La dernière phrase, très simple, l’accent de ero bien soulevé. Retenez quelque peu Dóminus et faites très expressif in perpétuum.

GRADUEL

LE TEXTE

Qu’elle monte ma prière, comme l’encens,
Devant ta face, Seigneur.
Que l’élévation de mes mains
Soit comme le sacrifice du soir.

Ps. CXL. 2.

L’encens, à cause de son parfum très agréable qui monte avec les volutes légères de la fumée, symbolisait la prière que Dieu aimait particulièrement et qu’il recevait en odeur de suavité. De même le sacrifice du soir, parce qu’il était fait de manière délicate – de farine assaisonnée d’huile et d’encens – et peut-être aussi parce qu’il prenait à la chute du jour quelque chose de plus intime, de plus profond, était considéré comme très agréable au Seigneur. C’est pourquoi David se sert de ces deux images qui lui sont familières pour dire à Dieu combien il désire que sa prière, expression de son âme aimante, soit agréée de lui avec bonheur.
C’est aussi ce que l’Eglise demande au Graduel.

Ce n’est pas la première fois qu’il est chanté. Il l’a déjà été le mardi de la première semaine de Carême après une invitation pressante d’Isaïe à invoquer le Seigneur. Il l’a été à nouveau trois jours plus tard, le samedi des Quatre-Temps, et encore le samedi des Quatre-Temps de Septembre, amené sans doute, en ces deux dernières occasions, par l’heure tardive de l’office : Sacrificium vespertinum…

On ne saurait dire ce qui en a ici déterminé le choix, mais il vient bien après l’Epître. Il est comme la prière de l’Eglise et de ses membres, de l’homme nouveau, du Christ : plus agréable au Père que tout autre. Il prend d’autre part, en cette période liturgique qui évoque le soir du monde, un caractère particulièrement émouvant, étant comme la réponse à la pressante invitation du Seigneur dans l’Introït : « qu’ils cirent vers moi et je les exaucerai ».

LA MÉLODIE

Aussitôt après l’intonation enveloppée de grâce aimable, la mélodie s’élève en un mouvement paisible, très lié, mais qui va en une progression continue, puissante et pleine de vie, vers méa qu’il fait très suppliant sur la cadence en demi-ton, puis vers incénsum où il s’épanouit, planant, léger, sur l’accent tonique et la clivis allongée, puis se laissant s’incurver gracieux et souple comme des volutes d’encens. Il rebondit quelque peu sur in conspéctu et se détend en une longue thésis qui s’achève sur Dómine en une belle supplication, pénétrée d’amour tendre et délicat.

Le verset. – On ne trouve pas ici les beaux accents de prière de méa et de Dómine, mais la mélodie est plus gracieuse encore que dans la première partie. Elle s’élève, dès le début, du ré au sol et même au la, mais ce mouvement hardi n’a rien de brusque ; il se retient, léger et souple dans la montée, plane ensuite longuement sur le fa, se laisse tomber au do puis au la, remonte, se balançant sur les notes doubles et allongées en s’élargissant avec grâce sur la cadence en ré de elevátio. Il s’élève sur mánuum avec la même souplesse et descend très vite vers le sol suivant la même ligne ondulante, de plus en plus paisible aussi. Ce n’est pas une supplication ; il semble que l’âme s’oublie à chanter le mouvement d’amour qui la porte vers son Dieu : elle contemple.

La dernière phrase, qui évoque le sacrifice du soir, a beaucoup moins d’élan. Elle prend dans le grave je ne sais quoi de discret, d’effacé, comme une demi-teinte de crépuscule qui ajoute d’ailleurs à son caractère de supplication. Celui-ci est très marqué sur vespertinum : il y a sur la double note, sur la virga pointée, sur les pressus une insistance, délicate, paisible, mais ferme aussi, qui se continue jusqu’à la cadence finale.

Il faut chanter dans un mouvement paisible, mais qu’on veillera à entretenir vivant.

Elargissez les derniers neumes de Dirigátur, et faites très souple toute la montée vers méa, sans qu’on sente l’effort, que le crescendo soit discret. Allongez légèrement la virga du sommet de mé dans méa et faites la clivis pointée de la cadence très expressive, sans arrêter le mouvement qui enveloppera tout de suite sicut incénsum. Donnez un peu d’ampleur au punctum de incénsum dans le soulèvement que doit donner à la syllabe l’accent tonique puis laissez votre voix se poser sur l’épisème horizontal en un ritardando qui portera sur toute la cadence. Ici encore sans arrêter le mouvement qui saisira tout de suite in conspéctu. Retenez légèrement Dómine, notamment la montée sur ne et rythmez bien la cadence finale.

Le verset sera léger, mais pas rapide ; c’est une contemplation. Allongez la première note et retenez toutes les autres délicatement, notamment les trois virgas sur fa qui sont surmontées, dans les manuscrits, d’un tenete très marqué. Toute cette phrase d’ailleurs est couverte de signes d’allongement ; il faut s’y complaire du commencement à la fin. Ce qui n’empêchera pas qu’on lui donne de la vie, par de discrets crescendo dans les arsis.

Prenez le temps de lier le la au ré dans mánuum et sans port de voix. La dernière phrase, sera plus légère, du moins sacrificium car vespertinum devra lui aussi être un peu retenu ; la double note du début est une bivirga épisématique. Rythmez bien la cadence finale.

ALLELÚIA

LE TEXTE

Acclamez le Seigneur et invoquez son nom.
Annoncez, parmi les nations, ses œuvres.

Ps. CIV. 1.
Cet hommage rendu au Seigneur et cette invitation à publier ses œuvres parmi les nations peuvent être chantés comme l’action de grâces de l’Eglise pour la faveur inappréciable de « l’homme nouveau ». C’est le grand œuvre de Dieu, son œuvre unique, que cette unité des hommes dans le Christ et par le Christ.

Beau prélude en même temps à l’appel aux noces du Fils du Roi car c’est au banquet de ces noces éternelles que resplendira de tout son éclat son œuvre de divine miséricorde.

LA MÉLODIE

Elle est très enthousiaste. Dès le début on sent la joie ardente dans la double note et le torculus de confitémini. Elles se relient quelque peu sur Dómino et même sur le reste de la phrase dont le mouvement thétique convient d‘ailleurs fort bien à l’invitation à la prière ; ce n’est plus : confitémini, c’est invocáte. Il y a sur éjus, à la fin de la phrase, une évocation du Seigneur baignée de tendresse.

Le mouvement du début revient sur annuntiáte, par le même motif do mi ré d’ailleurs : balancement joyeux, qui se prolonge, tout le long de la phrase, insistant sur les clivis légères de annuntiáte, sur la tristropha, l’oriscus, la clivis allongée de géntes.

La reprise du chœur sur ópera éjus monte en une progression pleine d’élan et débordante de vie sur les doubles notes de éjus et s’épanouit en une admirable cadence qui est comme une exclamation d’immense bonheur.

La double note de confitémini est une bivirga, il faut la bien appuyer mais dans l’élan du mouvement. Elargissez aussi quelque peu la note qui précède. Que le torculus du sommet soit souple. Liez d’assez près et invocáte à Dómino.

Un bon a tempo sur annuntiáte : que tout le mot soit très lié : les clivis, légères et quelque peu accélérées.

Sur ópera éjus – comme sur l’Allelúia – menez le crescendo en progression sur les doubles notes et, par delà le sol, sur la cadence finale qui sera large, sonore et très liée ; la double note du début est une bivirga épisématique.

OFFERTOIRE

LE TEXTE

Si j’ai à marcher au milieu de la tribulation
Tu me soutiendras la vie, Seigneur.
Et sur la colère de mes ennemis
Tu étendras ta main.
Et elle me sauvera, ta main.

Ps. CXXXVII. 7.
Ces paroles qui étaient sur les lèvres de David un admirable cri de confiance le sont aussi sur les nôtres. Il y a bien des obstacles sur le chemin du banquet des noces, bien des dangers qui peuvent nous en écarter, et nous retenir, et ternir la splendeur de notre robe, voire nous la faire perdre, car des ennemis de toutes sortes sont en nous et autour de nous. Mais le Seigneur aussi est là avec la puissance de sa main protectrice.

L’Eglise le lui dit pour affirmer qu’elle continue de marcher, et qu’elle continuera, même quand tombera le soir, assurée qu’elle arrivera à la porte et qu’elle entrera pour se nourrir à jamais de la vision du Roi.

LA MÉLODIE

Le motif de l’intonation reçoit des podatus bien posés, sur les notes fondamentales du mode, de la distropha, des deux pressus de la thésis, un très beau caractère d’affirmation ferme et forte. Il y a ensuite sur le si de tribulatióne quelque chose d’aigu, comme une plainte vive et, sur la thésis qui suit, une lourdeur assez marquée qui affecte même la remontée à la tonique : les mots sont bien servis.

Sur vivifica me la formule de l’intonation revient avec le même caractère, mais la tenue sur la dominante est prolongée et au lieu de venir sur le sol par le si et le la c’est sur le fa que se fait la descente, sans que le si soit touché et sur un rythme paisible qui se pose et se soulève sur les pressus comme des pas sur des degrés bien établis. Il passe ainsi à travers ce mouvement une confiance forte, certes, assurée, mais paisible aussi, et qui va se pénétrer de joie et s’exalter sur la remontée et les longs neumes de me avant de mettre sur Dómine la nuance de tendresse délicate qui va droit au Seigneur aimé.

Une nouvelle idée commence avec la troisième phrase : l’assurance que Dieu nous protègera contre nos ennemis, et nous sauvera. C’est encore le motif de l’intonation qui est esquissé sur les deux premiers mots mais la longue tenue sur le do est évitée et le contact répété avec le si ramène la nuance de plainte de tribulatione; la descente sur meorum rappelle aussi la lourdeur de la thésis. C’est la réaction de l’âme à l’évocation des ennemis. Mais voici la confiance à nouveau. Exténdes manum tuam. Tu étendras ta main. La mélodie tout de suite devient paisible et joyeuse. L’auteur a utilisé dans cette fin de phrase deux motifs de l’Offertoire du Lundi de Pâques.

La thésis du second a été développée, très heureusement d’ailleurs ; les deux notes longues sur do lui donnent une fermeté qui évoque la main étendue en protection et il y a, sur la remontée à la cadence en la de tuam par le podatus et la clivis, quelque chose de lumineux qui reflète la clarté dans laquelle l’âme voit son chemin sous la garde assurée du Seigneur.

Cette clarté passe dans la dernière phrase sur salvum me fécit par les trois tons pleins qui fixent la mélodie sur la dominante si et par la cadence en demi-ton si délicate. Déxtera plane alors immobile comme la main protectrice et sur cette ligne, fixée au-dessus des contingences, des labeurs, des peines, l’âme, comme en contemplation, chante la joie de son abandon au Roi qui l’a appelée, qui l’a justifiée et qui, après l’avoir prise sur les chemins, et sur les places et aux coins des rues, l’a revêtue de la robe nuptiale, de la robe d’épouse, et la mène droit à la salle des noces.

Il faut insister sur le motif de l’intonation ; retenez légèrement le torculus initial et donnez du poids à la première note de tous les podatus comme si elle était affectée d’un épisème horizontal. Marquez bien aussi le salicus de médio.

L’insistance sera la même sur les podatus de vivificabis mais la distropha et la tristropha seront légères, comme aussi les pressus qu’il ne faut pas forcer ; il faut toutefois leur garder une bonne sonorité et les relier au la qui suit, de façon que le mouvement de la phrase ne soit pas coupé mais qu’il aille s’épanouir sur la triple note de me : une trivirga épisématique. Il se détendra ensuite pour prendre sur Domine l’onction qui convient.

Donnez de la vie à la troisième phrase, sans presser le mouvement toutefois ; les deux podatus de meorum auront leur première note élargie. Que l’on sente la joie dans le motif de exténdes manum tuam. La double note de num dans manum est une bivirga.

La dernière phrase sera plus discrète, plus retenue. Faites bien toutes les répercussions de déxteram tuam et retenez toute la finale à partir du dernier quart de barre.

COMMUNION

LE TEXTE

Tu as ordonné que tes commandements
Soient gardés de très près.
Puissent-elles m’être indiquées mes voies ;
Pour garder tes justes volontés.

Ps. 118. 4. 5.

Le Seigneur demandait à la fin de l’Introït que l’on fût attentif à sa loi et à tout ce qu’il demande. Il nous a offert ensuite dans l’Evangile un exemple terrible de ce qui arrivera à ceux qui ne suivront pas ses ordres : ils ne seront pas admis à sa table, et s’ils entrent, seront mis à la porte. Au moment de la communion l’âme, pénétrée de la lumière du Christ, comprend mieux que le tout de l’amour est d’obéir à cette voix si douce, de tenir la main qui se tend vers nous pour prendre la nôtre et nous guider sur la route de la salle de noce, et c’est en un cri d’amour ardent qu’elle le dit à son Dieu présent en elle : « O que mes chemins soient tracés par toi afin que je ne fasse que ce que tu veux, là où tu me veux ; afin d’être avec toi à jamais ! »

LA MÉLODIE

C’est un chant délicat, très intime, fait de nuances où passe une tendresse délicate.

Il commence sur quelques notes pénétrées d’une joie toute simple, mais qui s’élève, baignée d’amour ardent sur tua et sur custodiri nimis.

Après quoi, c’est le souhait, plus que cela, le désir de l’absolue fidélité. Il y a moins d’assurance dans la mélodie : c’est une humble prière. L’âme sait ce qu’elle désire, mais elle sait aussi sa faiblesse et que la possibilité de ne pas suivre la voie où la mène le Christ demeure en elle ; d’où cette réserve qui retient l’expression de son ardeur.

Le chant monte doucement, discret, retenu, vers viæ méæ, puis se fixe sur le la et brode autour par le si b et le sol. C’est comme un bercement dans lequel l’âme redit son désir au Seigneur et insiste pour qu’il l’aide à le réaliser. A la fin, un très bel accent de ferveur monte sur justificatiónes enveloppant d’amour ardent les volontés de l’Epoux et du Maître adoré.

Il faut faire l’intonation simple, légère, joyeuse. On allongera la première note du podatus de da. Un crescendo très fervent ira du torculus de mandata à la tristropha de tua qui sera liée à la note qui précède, une virga épisématique. Custodiri suivra de très près et, ira lui aussi, en progression sur nimis qui sera très expressif. La double note de re est une bivirga épisématique.

La deuxième phrase sera plus retenue, plus douce aussi. Un crescendo sera mené discrètement jusqu’à méæ et on veillera à bien rythmer toute la fin en un legato très soigné qui s’épanouira sur justificatiónes. La virga du sommet, comme celle du sommet de tuas, sera légèrement allongée.

 

Epître, évangile et préface chantés de cette messe, voir ici