Treizième dimanche après la Pentecôte (XIII)

Messes du Temporal

dimanche 4 septembre 2022

Commentaires des pièces de cette messe par Dom Baron.

INTROÏT

LE TEXTE

Versez votre rosée, cieux, d'en haut, et que le nuages pleuvent le Juste.
 Qu'elle s'ouvre, la terre, 
Et qu'elle germe le Sauveur.

Ps.- Les cieux disent la gloire de Dieu
Et l'œuvre de ses mains, il la proclame, le firmament. Isaïe, XLV, 8 - Ps. XVIII, 2.

Au chapitre XLV, Isaïe rapporte ce qu'il a entendu le Seigneur dire à Cyrus, qu'il va susciter pour être son christ, sauver le peuple et rebâtir la cité et le temple. A la vision de ce sauveur d'un moment, par delà lequel il voit le Messie et son œuvre éternelle, il est transporté et, interrompant sa prophétie, lance vers le ciel son désir ardent pour que soit bâtie la venue des deux libérateurs. Il le fait sous la forme poétique de la rosée qui fait germer la plante, symbolisant ainsi l'action divine qui fera de Cyrus et du Christ des sauveurs parfaits.

Au sens liturgique, c'est l’Église qui appelle le Messie. Rien n'est à changer dans l'image du prophète, mais il faut lui donner tout son sens divin. La rosée sollicitée du ciel, c'est l'action fécondante du Saint-Esprit ; la terre, c'est Notre-Dame, fleur de la race, qui s'ouvre au sommet de la tige de Jessé et qui, fécondée sous l'ombre mystérieuse de l'Esprit du Très-Haut, va produire son fruit divin ; le Verbe fait chair.

Cette prière admirable et tout à fait à sa place le Mercredi des Quatre-Temps, tout entier consacré à l'Annonciation. Il faut lui garder ici la même interprétation ; d'autant que, par l'Offertoire et la Communion tout au moins, le mystère continue d'être fêté. Et il faut la chanter comme la prière suprême, entendue de Dieu par delà les siècles, et qui a contribué à faire venir plus tôt l'heure du Messie et de Notre-Dame ; mais aussi, comme la supplication qui va mériter aux âmes de recevoir le Verbe fait chair quand il va revenir et de se livrer à l'influence de son Esprit comme la terre à la rosée, lui donnant ainsi ce qu'il attend d'elles pour réaliser la plénitude de son Incarnation.

Le Psaume, lui, n'est pas une prière ; il est la constatation joyeuse des merveilles de Dieu qui se réalisent dans le mystère.

LA MÉLODIE

Une prière ardente de deux phrases qui s'opposent ici, encore, suivant le texte, comme le ciel et la terre.

La première est un admirable mouvement de l'âme portant on désir, comme dans le graduel. Qui sédes, aussi haut que possible, jusqu'aux nuées fécondes d'où va venir la céleste rosée, puis redescendant douce et paisible comme descendra le Juste qu'elle chante. La supplication est ardente sur le pressus de caeli, les quilismas de désuper, le pressus de pluant, mais il n'y a pas d'inquiétude, de doute, d'angoisse ; au contraire, une grande sérénité et une joie discrète se mêlent partout à la prière dans la tonalité claire du mode de fa ; la joie de l'Eglise qui sait, car elle en jouit déjà, tout le bonheur qu'il y a pour elle dans cette pluie fécondante qu'elle sollicite.

La seconde a moins d'élan. C'est la terre que l'Eglise regarde et encore qu'il s'agisse de Notre-Dame, ce chef-d'œuvre de grâce qui va produire la nature humaine du Christ, n'est-elle pas tout en bas par comparaison avec l'infinie perfection du verbe qui va y descendre ? Et puis, c'est le mystère dont la profondeur ne saurait se chanter ; Aussi, après l'ardeur de la supplication sur aperiatur, la mélodie revient-elle au mode de ré, et en des neumes qui s'effacent de plus en plus, elle s'éteint, gracieusement d'ailleurs, sur Salvatorem, le mot du désir.

La deuxième note de ra dans Rorate doit être élargie. Le crescendo de la première incise sera ardent mais sans éclat ; c'est une prière. Bien accentuer nubes et aller sur le pressus de pluant en progression.

Veiller à ce que tur dans aperiatur ait bien sa valeur et qu'on ait le temps d'articuler. Térra sera légèrement retenu ainsi que les quatre dernières notes de gérminet.

Le Psaume sera chanté dans un bon mouvement et pénétré déjà de la joie du « Gloria in excelsis » qu'il prophétise.

GRADUEL

LE TEXTE

Il est proche, le Seigneur,
De tous ceux qui l'invoquent,
De tous ceux qui l'invoquent dans la vérité.

Verset. - La louange du Seigneur,
Elle la chantera, ma bouche,
Et que toute chair bénisse le Seigneur. Ps. CXLIV, 18, 21.

Dans la première partie, le psalmiste exprime une idée très simple ; à savoir que le Seigneur est tout disposé à écouter ceux qui le prient. Toutefois, il a précisé d'un mot : ceux qui le prient dans la vérité ; c'est-à-dire qui lui demandent, en toute sincérité, des chose vraies ; entendons : ceux qui sont conformes à sa volonté, car la vérité, c'est, en même temps, ce que Dieu pense et ce que Dieu veut.

Le Verset, lui, est un hommage de reconnaissance de l'âme qui promet à Dieu une louange sans fin en retour de la bienveillance qu'il lui témoigne.

Au sens liturgique, peut-être serait-on porté à s'appuyer sur les premiers mots Prope est Dominus pour faire entrer ce texte dans le cadre de l'Avent. Ce ne serait pas absolument exact car c'est en tout temps que le Seigneur exauce ceux qui savent le prier. Il ne faut pas non plus le rattacher à l'Epître qui vient d'être lue, mais à l'Epître du mercredi précédent pour laquelle il a été choisi. Dans cette Epître, on nous ait entendre l'histoire d'Achaz qui, par manque de confiance, refusa de demander un prodige au Seigneur et qui reçut, en réplique, d'Isaïe la fameuse prophétie qui annonçait le prodige des prodiges : « Le Seigneur vous donnera lui-même un signe : Voilà qu'une Vierge concevra et enfantera un Fils et son nom sera Emmanuel ». A la fin de ce récit, ces deux versets viennent sur es lèvres de l'Eglise comme une sorte de réflexion. Repliée sur elle-même et gardant bien présent à l'esprit tout ce qu'elle vient d'entendre, elle se dit : Achaz a eu tort...Le Seigneur est tout près de ceux qui l'invoquent et bientôt il sera plus près d‘eux encore ; car le prophète a dit que Celui qui doit venir aura nom Emmanuel, ce qui veut dire : Dieu est avec nous.

Cette annonce précise de l'Incarnation amène alors la grande louange du Verset. Laudem Domini...

LA MÉLODIE

(V) Prope est Dominus omnibus invocantibus éum omnibus qui invoquant éum in verita te.

Elle est composée de trois formules : celle de Prope est Dominus et les deux de éum. Ces formules sont reliées entre elles par les motifs presque syllabiques de omnibus invocantibus et de omnibus qui invoquant. Un seul mot est original, in veritate, encore s'achève-t-il en une formule finale commune.

Le fait qu'elle est à ce point centonisée n'empêche pas qu'elle soit très expressive. L'auteur s'est servi de formules toutes faites mais il les a choisies pour le texte et les a disposées de telle sorte qu'elles puissent en exprimer au mieux le contenu. Notez qu'elles sont placées sur les mots importants : Dominus, le nom divin, et éum qui le représente ; et que, par le contraste que font leurs neumes avec les motifs syllabiques qui les entourent, elles les mettent en particulier relief. Aussi bien est-ce le mot de l'Epître : Pete signum a Domino, dit Isaïe. Non tentabo Dominum, répond Achaz. Propter hoc dabit Dominus ipse vobis signum, réplique le prophète.

L'intonation est grave. (Cette formule n'est employée que sur le mot Dominus ; de sorte qu'elle est moins une formule centon qu'un motif réservé uniquement au nom du Seigneur, comme plusieurs autres.) Mais ce serait une erreur d'y voir la moindre tristesse. Au contraire, on y discerne déjà en une nuance discrète la joie qui se dégage du texte et qui caractérise tout le Graduel. Toute pénétrée de respect, elle se retient, s'efface, sur le nom divin, mais, sitôt après, elle se laisse aller, se développe sur omnibus invocantibus et va s'épanouir sur éum en un bel élan qui se détend dans la plénitude de la cadence en fa. Elle passe dans la seconde phrase, s'élève avec grâce sur omnibus, puis redescend dans le grave où elle se revêt à nouveau sur éum d'une certaine révérence qu'elle garde jusqu'à la fin.

Le Verset. - Laudem Domini loquétur os méum Et benedicat omnis caro nomen sanctum éjus.

La joie est ici enthousiaste. Lancée avec une ferme assurance sur la distropha de Laudem, elle se développe en une sorte de contemplation sur Domini : légère, souple, heureuse. Une nuance de tendresse plus marquée passe avec le si b, puis l'exaltation, grandissant à nouveau, va vers loquétur os méum où elle atteint toute sa puissance d'expression sur les mots mêmes qui disent la joie de pouvoir chanter à jamais.

L'enthousiasme est le même dans la seconde phrase. Sitôt qu'elle a été ramenée à la dominante, la mélodie s'élance à l'extrême limite du mode, enveloppant de toute sa puissance l'ardent souhait de l'Eglise. Elle s'y arrête d'ailleurs ensuite en un gracieux mouvement descendant, puis, pour finir, se pénètre à nouveau de tendre respect sur nomen sanctum éjus.

Comme on le voit, ce verset a un caractère de joie éclatante qui ne s'est pas encore rencontré au cours de l'Avent. L'auteur a-t-il voulu donner là comme une première annonce de la joie de Noël et en pénétrer déjà l'âme des fidèles ? On a d'autant plus de raisons de le croire que les formules 53 et 54 sont particulières à la période de la Nativité. On les trouve ailleurs, mais elles sont si fréquemment répétées au temps de Noël qu'elles contribuent, sans aucun doute, pour leur part, à créer l'atmosphère musicale. El semble que ce soit comme le début d'un crescendo de joie qui, parant du Mercredi des Quatre-Temps, jour consacré à l'Annonciation, jour de l'Incarnation, atteint toute sa puissance aux jours de Noël et de l'Epiphanie.

Ne pas chanter l'intonation avec des effet de basse, mais avec la simplicité et la douceur qui conviennent à une contemplation paisible. Le crescendo est le premier éum sera discret et mené dès le début de l'incise ; C'est une formule assez délicate mais très expressive. Il y a sur le do une distropha, puis al première note de la clivis ou du climacus ; les distrophas seront posées doucement et la voix, renforcée, ira vers la note qui suit pour la répercuter, délicatement. Il s'en suivra une onction pénétrée de ferveur qui servira admirablement le pronom éjus qui tient la place de Dominus.

Retenir quelque peu veritate ; la tristropha, douce. Bien distinguer dans la vocalise qui suit, sur le la, les deux distrophas, du pressus ; lles reçoivent doucement le posé de la voix ; de même celle qui se trouve sur le do dans la dernière incise.

C'est une bivirga qu'il y a sur Laudem au début du Verset ; qu'elle soit appuyée, forte et bien lancée. Sur Domini, deux distrophas et répercussion sur la première note de la clivis ; même interprétation que plus haut. Une bivirga avant les deux climacus qui finissent la première phrase ; bien accuser la première note du second.

La tristropha de os, légère. Bien pendre grade à donner toute leur valeur aux trois notes qui précèdent les notes doubles de méum ; les retenir légèrement évitera le danger d'en faire un triolet. Poser nettement l'épisème vertical de omnis, allonger même un peu la note. (Dans plusieurs cas, la 2ème note est un quilisma.) Un gracieux ralenti sur sanctum, qui se poursuivra sur éjus jusqu'à la fin.

ALLELUIA

LE TEXTE

Viens, Seigneur et ne tarde pas.
Pardonne les péchés de ton peuple.

Cette phrase ne se trouve pas dans l'Ecriture. L'idée en est très simple et s'applique sans difficulté à l'un ou à l'autre des sens de l'Avent. C'est une prière dont l'objet est nettement déterminé : la prière de tout le peuple de Dieu, de toute l'Eglise, suppliant le Christ de venir sauver le monde.

LA MÉLODIE

On la rencontre deux autres fois au cours de l'année : le XXe Dimanche après la Pentecôte (Alleluia Paratum cor méum) et à la messe Loquebar d'une Vierge Martyre (Alleluia Adducentur).

Elle commence dans le grave et se meut lentement dans toute la première phrase, comme la prière très humble du pécheur qui n'ose pas lever les yeux, accablé qu'il est sous ses fautes. Ce n'est que dans la seconde incise qu'elle prend un peu d'ardeur, il y a sur et noli tardare un très bel accent de pressante supplication.

Dans la seconde phrase, la prière est plus aisée sur relaxa. La longue vocalise de facinora est, en elle-même, assez indifférente, mais elle prend, avec les mots, un caractère de prière fort bien adapté. Il y a, dans la répétition du motif initial, une progression qui fait la supplication de plus en plus forte. La première fois, elle monte par trois degrés au si b ; la seconde fois, par un seul mouvement de quarte, elle atteint le do qu'elle marque d'un pressus ; la troisième, elle s'y pose sans préparation et y demeure trois temps. Il y a là une vigueur accrue du plus heureux effet. La mélodie redescend ensuite dans le grave et finit sur une formule propre à certains graduels du Ier mode, elle aussi très priante et très humble, avec une touche assez marquée de crainte révérentielle.

L'Alleluia, lui, est du IIIe mode, mais l'unité demeure parfaite et l'expression y trouve son bien. L'Alleluia ayant en lui-même un caractère de louange que le contraste rend plus marqué encore.

Prendre garde de faire trop longue la double note initiale de l'Alleluia, lequel doit avoir un certain mouvement. Bien balancer le rythme de l'arsis ; la vocalise légère.

Veni Domine tranquille et discret. Crescendo sur noli ; tardare sans éclat. Noter que, dans les thésis de la seconde phrase, toutes les notes doubles sont des distrophas, légères donc ; de même les deux qui précèdent la clivis sur le do, à la dernière reprise du motif. Par contre plé dans plébis est une bivirga. Lier avec soin les grands intervalles de l'avant-dernière incise.

OFFERTOIRE

LE TEXTE

Salut, Marie, de grâce remplie,
Le Seigneur (est) avec toi.
Bénie (es-)tu entre les femmes,
Et béni le fruit de ton sein.

C'est la salutation de l'Ange Gabriel à Notre-Dame et celle d'Elisabeth combinées en un seul texte, lequel forme la première partie de la Salutation angélique. Il n'y manque que le dernier mot, Jésus, qui d'ailleurs ne fut pas dit par Elisabeth.

Au sens liturgique toutefois, ce n'est ni l'Archange ni Elisabeth qui saluent Notre-Dame ; la combinaison des deux salutations en un seul texte s'y oppose. C'est toute l'Eglise qui, au moment où est commémorée la Conception de Notre Seigneur, fait monter sa louange vers celle que Dieu a choisie pour sa mère. Elle a entendu, au cours de la semaine écoulée, le mercredi, le récit de l'Annonciation, le vendredi, celui de la Visitation ; elle recueille, sur les lèvres de l'Archange et d'Elisabeth, les paroles inspirées pour les redire à Notre-Dame, comme l'hommage le plus parfait qu'elle puisse rendre à sa sainteté incomparable et à sa maternité divine.

Bien noter que c'est une salutation. Ceci implique que les chanteurs soient en communication directe avec Notre-Dame : qu'ils chantent pour elle et qu'ils aient conscience que du haut du ciel, elle les écoute et reçoit leur hommage dans la joie de son cœur maternel.

LA MÉLODIE

Quatre phrases (Ave Maria gratia plena ne forme qu'une seule phrase. La grande barre qui suit Maria doit être considérée comme une demi-barre). Les trois premières, en progression l'une sur l'autre, conduisent l'idée jusqu'à Benedicta tu, point culminant de la louange. La quatrième redescend vers le grave où elle s'achève dans la contemplation du mystère.

Il n'y a pas d'éclat dans l'Ave de l'intonation ; c'est un salut gracieux enveloppé de vénération profonde et tendre. Tout le long de la première phrase, l'âme se complaît dans cette attitude d'humble hommage ; elle s'anime seulement, d'un accent de ferveur, sur le nom béni. Un bel élan, habilement préparé, porte la syllabe accentuée de Maria à la dominante où les notes doubles et répercutées mettent un peu plus d'ardeur, d'admiration et d'amour. Mais ce n'est qu'en passant. Elle revient au grave sur gratia pléna et s'y enveloppe plus encore de contemplation ; aussi bien y a-t-l ici quelque chose de plus que la salutation. C'est déjà le mystère, le mystère indicible de l'Immaculée. La phrase s'achève sur pléna par un pressus qui met bien en valeur ce mot de plénitude, qui ne peut se dire que du Christ et de sa Mère.

Dès le début de la seconde phrase, la mélodie, établie sans préparation sur la dominante, prend tout de suite une allure de louange éclatante. C'est une qualité nouvelle que l'Eglise salue en Notre-Dame : son union avec Dieu. La plénitude de la grâce, c'est déjà le Seigneur avec l'âme ; mais, sur les lèvres de l'Archange, le Dominus técum indiquait une modalité spéciale de l'union divine. Le Seigneur est avec Notre-Dame comme il n'est avec personne. C'est de cette union merveilleuse que l'Eglise félicite Marie. La mélodie la sert admirablement. Le s'épanouit sur Dominus en un beau motif plein d'élan, deux fois répété, qui dit l'admiration enthousiaste que provoque l'infinie grandeur de Dieu, tandis que, sur técum, elle se retient comme recueillie, étonnée, confondue d'admiration, devant l'ineffable sainteté de Notre-Dame.

Elle se reprend sur Benedicat tu pour s'élancer cette fois à la limite de son étendue. C'est le troisième mot de a louange. Il est la conséquence des deux autres. C'est parce qu'elle est pleine de grâce et que le Seigneur est avec elle que Marie est bénie entre toutes les femmes ; nouvelle Eve, celle que toutes les nations diront Bienheureuse. La mélodie le met au-dessus de tout ; elle dépasse la dominante, monte et plane, à loisir, dans les hauteurs, s'appuyant sur des notes doubles et des pressus qui lui permettent de déployer toute sa puissance et de colorer d'accents de ferveur ce mot de bénédiction. Il s'achève sur le pronom tu en une belle cadence pleine et large qui va tout droit à Notre-Dame avec une nuance délicate de tendresse. La seconde incise ramène à la dominante le mot muliéribus. L'admiration s'y prolonge, toujours fervente ; notez le pressus et le torculus avec son mouvement hardi de quarte retombant sur la bivirga de la syllabe accentuée. D'une façon assez inattendue, la phrase s'achève par une cadence en demi-ton sur si qui laisse la mélodie en suspens, comme si l'Eglise, évoquant en une sorte de contemplation toutes les femmes de la race, les voyait se perdre en une perspective infinie, tendues en un geste de bénédiction vers Notre-Dame  qui, de très haut, enveloppée dans la gloire du Verbe Incarné, les domine toutes de l'éclat de sa maternité.

La quatrième phrase est, de toutes, la plus profonde. Ici, c'est le mystère ; le mystère du Verbe fait chair dans le sein de Notre-Dame. La mélodie abandonne les hauteurs, descend par degrés, sur benedictus qu'elle souligne seulement d'un pressus, descend encore sur fructus, puis demeure dans le grave, presque sans se mouvoir. Un motif deux fois répété de quelques notes qui montent et descendent par degrés conjoints sur véntris, un dernier pressus sur tui comme pour faire rejaillir la gloire du Fils sur la Mère - car c'est pour le Fils qu'est toute la louange dans cette dernière phrase - et c'est tout. L'ineffable ne saurait s'exprimer.

Il faut chanter avec beaucoup de souplesse. On y veillera particulièrement dans l'intonation. Le climacus qui s'achève sur la première note pointée sera légèrement retenu pour donner à cette demi-cadence sur mi toute sa valeur d'admiration gracieuse et tendre.

Chanter Maria avec beaucoup de ferveur. Les deux premières notes de ri bien appuyées, assez fortes, avec l'élan de l'accentuation : ce sont deux virgas ; les deux autres sont des distrophas ; la répercussion en sera délicate et il y aura un crescendo jusqu'à la répercussion, très délicate aussi, de la virga. La cadence sur sol très peu ralentie, de façon à rattacher Maria à gratia pléna. Une pause.

Discret a tempo au départ de Dominus dont les thésis seront légères, comme le sera la tristropha de técum, qu'on renforcera toutefois pour la lier au climacus. Sur ne dans Benedicta, une bivirga, bien l'appuyer et mener le crescendo e un bel enthousiasme vers le pressus. Conduire avec mesure l'admirable descente de benedictus fructus, sans que la voix perde brusquement de sa sonorité. Véntris tui très lien avec le salicus bien doux.

COMMUNION

LE TEXTE

Voici qu'une Vierge concevra
Et enfantera un Fils,
Et il sera appelé de son nom Emmanuel. Isaïe, VII, 14.

Cette parole fut dite comme une prophétie par Isaïe à Achaz. « Le Seigneur vous donnera lui-même un signe : voici qu'une vierge enfantera... » Le signe promis arrivera le jour de l'Annonciation. C'est le mot même du prophète en effet que l'Archange dit à Notre-Dame : « Voici que vous concevrez et enfanterez un Fils et vous lui donnerez le nom de Jésus ».

Ce texte est tout à fait à sa place le jour où est commémorée l'Annonciation. Toutefois il ne semble pas qu'il doive être chanté ici comme une prophétie ; c'est l'Eglise qui après avoir entendu la parole du Prophète à l'Epître, et celle de l'Ange à l'Evangile, y revient, au moment de la communion. Contemplant dans la lumière de la grâce sacramentelle, l'Incarnation qui se prolonge par l'Eucharistie dans tout le Corps Mystique, elle chante la joie de l'Emmanuel, du Dieu avec nous, en même temps que le mystère de Noël dans lequel à nouveau va s'accomplir mystiquement la parole divine.

LA MÉLODIE

Une joie émerveillée ; on en caractériserait bien ainsi, en deux mots l'expression. Elle est très discrète dans sa première incise, avec quelque chose de recueilli, de contemplatif, répandu sur toute la thésis de concipiet. Dans une sorte de jouissance profonde, l'âme admire le mystère de la Vierge Mère.

Et voilà qu'elle s'anime et que son admiration prend de l'ampleur. Un souffle puissant passe, qui emporte les mots dans l'enthousiasme, Filium après pariet, comme si l'âme, de plus en plus éclairée, réalisait ce qu'est le mystère de la maternité divine.

Mais, à peine a-t-elle saisi cette seconde merveille, qu'une troisième s'offre à elle : le mystère de Dieu avec nous cette fois, et vocabitur Emmanuel... Elle n'a pas le temps de s'arrêter si peu que ce soit ; de la première phrase, le souffle d'allégresse passe dans la seconde, l'entraînant dans la progression jusqu'à la distropha de vocabitur. Là quelque chose change. Le mystère s'étend. Il s'étend jusqu'à l'âme. Elle sent qu'elle y entre, en ce moment de la communion. Elle se recueille, se refermant sur les merveilles qui s'opèrent en elle. La mélodie la suit dans sa contemplation. Elle n'a plus le souci des notes éclatantes, ni des mouvements à grand espace ; elle se retient. Notez les clivis allongées de vocabitur, elle descend peu à peu vers le grave, jusqu'à ce qu'elle arrive à Emmanuel, le mot du mystère. Elle s'y complaît, en une formule qui, comme celle du véntris tui de l'Offertoire, se contente de quelques notes conjointes qui descendent et montent mais où passe toute la tendresse de l'âme pour l'Hôte divin qui est avec elle.

L'intonation paisible ; de même concipiet dont les podatus seront bien posés. Ceux de pariet aussi, tout le sommet en sera élargi. Le lier étroitement à Filium qui sera à peine retenu afin que l'enthousiasme aille croissant sur et vocabitur. C'est une bivirga qu'il y a sur vo. Retenir quelque peu tur. Beaucoup de grâce et de ferveur sur Emmanuel, qui sera très ralenti.

 

Epître, évangile et préface chantés de cette messe, voir ici

Commentaires des pièces de cette messe par Dom Baron.

LECONS DES MATINES :En août : Eccles. Sag. Ecclésiastique. En septembre : Job, Tobie.

EPITRE : Ce n’est pas la loi qui donne la vie, mais la foi (Gal. III. 16. 22)

EVANGILE : Les dix lépreux guéris. Un seul rend grâce. Notre-Seigneur lui dit que sa foi l’a sauvé (Luc XVII. 11, 19).

IDEE CENTRALE : On peut tout grouper, si l’on veut, autour de la foi, condition de salut.
La collecte nous en fait demander l’augmentation. Saint Paul, dans l’Épître, montre avec insistance que c’est la foi dans la promesse du Messie, une foi pénétrée d’espoir et d’amour, et non la loi, qui a sauvé les hommes depuis Abraham jusqu’à Jésus-Christ. Des dix lépreux dont l’Évangile nous rapporte la guérison, un seul eut la foi vive, qui lui fit exprimer sa gratitude et rendre gloire à Dieu. Ce fut aussi le seul à qui Notre-Seigneur dit : « Ta foi t’a sauvé. »

INTROÏT

LE TEXTE

Souviens-toi, Seigneur, de ton alliance, et les âmes de tes pauvres ne les délaisse pas à jamais. Lève-toi Seigneur, et justifie ta cause. Et n’oublie pas la voie de ceux qui te cherchent.

Ps. – Pourquoi, ô Dieu, nous as-tu repoussés à jamais ? Est-elle allumée, ta fureur, contre les brebis de ton pâturage ?

Ps. LXXIII. 20, 19, 23, 1.

Dans le psaume, les versets qui forment ici le corps de l’Introït sont la fin d’une prière très émouvante inspirée par la détresse des malheureux qui semblent abandonnés. Le Psalmiste la présente très habilement en faisant, comme Moyse, appel à l’alliance jadis contracté entre le Seigneur et son peuple.

Il n’y a rien à changer à ce texte pour le faire entrer dans l’esprit de la loi nouvelle; l’alliance demeura, scellée même à nouveau, dans le sang du Christ. Bien plus, il entre de plein pied dans l’idée centrale de cette messe, car cette alliance n’a de valeur que dans la foi. C’est donc en fait la foi de ses membres que l’Église demande au Seigneur de regarder pour qu’il se décide enfin, dans sa miséricorde, à les sortir de leur détresse, et à les aider à le trouver pour vivre avec lui dans la joie de la promesse réalisée.

LA MÉLODIE

La prière est ardente dès le début. La mélodie en partant du sol par un mouvement de quinte puis de tierce, Respice Domine, la revêt en effet d’un accent d’intense supplication. Elle se détend ensuite sur testamentum qu’elle met aussi en relief, mais par une courbe gracieuse, et sans pression, tous les neumes se succédant par degrés conjoints. Sur animas pauperum, l’âme, comme en un retour sur elle-même, prend conscience de ses misères et leur poids la tient comme courbée sur la détresse; peut-être aussi sous la honte, toujours est-il que son chant ne monte plus, il demeure fixé dans le grave. Il n’en est pas moins suppliant. Il y a même quelque chose de prenant dans cette insistance sur le do qui va en progression vers ne derelinquas et qui trouve enfin, sur le pressus l’ardeur qu’elle cherche, laquelle d’ailleurs se détend aussitôt en plainte délicate sur in finem par la cadence en demi-ton.

Alors, au début de la deuxième phrase, un appel émouvant jaillit : Exsurge Domine. D’abord retenu sur les premières notes de Exsurge par le quilisma, il monte comme un cri véhément sur la bivirga de Domine. On y sent l’âme chargée d’angoisse, toute tendue vers la miséricorde de son Dieu. Le calme revient vite sur et judica. Il se continue jusque dans la troisième phrase où obliviscaris vient répondre à judica. Un accent plus vif sur quaerentium, qui se détend peu à peu pour envelopper te de douce vénération, et la prière est finie.

Elle reprend sur le Psaume, ardente encore, bien servie d’ailleurs par les formules du VIIe mode.

GRADUEL

LE TEXTE

Souviens-toi, Seigneur, de ton alliance. Et les âmes de tes pauvres ne les délaisse pas à jamais.

Verset. – Lève-toi, Seigneur, et justifie ta cause. Souviens-toi des opprobres de tes serviteurs. Ps. LXXIII, 20, 19, 23.

Ce sont les paroles mêmes de l’Introït. Seule la dernière phrase a été changée, mais l’idée est à peu près la même : une prière pour demander au Seigneur d’aider ceux qui luttent pour demeurer dans la foi vive et s’élever au-dessus de la lettre de la loi qui , à elle seule, ne peut rien.

Belle paraphrase du dernier mot de l’Épître. « L’Écriture a tout renfermé sous le péché afin que la promesse fût réalisée pour les croyants dans la foi en Jésus-Christ ». L’effet de la promesse se fait attendre et c’est dur d’espérer dans la nuit : « Seigneur, rappelle-toi tes promesses… »

LA MÉLODIE

La première incise est paisible et douce, mais la prière y est déjà. On la sent dès le début, ferme et insistante sur la bivirga de Respice qui coïncide si heureusement avec l’accent tonique. Elle monte peu à peu à travers la vénération qui enveloppe Domine et sitôt passé le nom divin, se laisse aller sur testamentum à une ardeur qui ne cesse plus de croître jusqu’à la fin de la phrase.

A peine retenue un instant par la cadence en la, elle passe dans la phrase suivante où, tout de suite, la demande précise est lancée, en pleine force et sans préparation, sur la dominante. C’est un motif d’une très grande beauté et très expressif. La voix, toute en élan sur la double note de et, retombe douce sur la dernière syllabe de animas, s’y renforce légèrement puis se détend sur pauperum en une nuance délicate de plainte amenée par la cadence sur la et prolongé par le sib. Cette détente n’est qu’une nuance; le mouvement reprend sur les triples notes de tuorum trois fois répétées, avec une vigueur qui plaide instamment près du Seigneur en faveur de « ses » pauvres.

Ici encore, cette vigueur ne s’éteint pas sur la cadence, elle passe sur ne obliviscaris s’y renforce le long de la montée syllabique, qui rappelle celle de in testamentum et, après une détente légère, s’en va éclater sur in finem en un cri lent et véhément à la fois qui devient, sur ce mot si terrible, une émouvante supplication.

Le verset

Au lieu du cri de détresse de l’Introït, un chant lent et doux s’élève sur Exsurge Domine. Le motif est très beau. C’est celui qui chante la miséricorde dans le Graduel du IIe Dimanche après l’Épiphanie . On peut y déceler ici une plainte délicate. Mais l’âme ne chante-t-elle pas plutôt sur cette magnifique formule, paisible et mesurée, la bonté infinie de son Dieu sur laquelle, pour un instant, elle demeure comme fixée en contemplation ?

Elle revient à la supplication, dans la seconde phrase, utilisant des motifs, parfois employés à d’éclatantes louanges mais qui se prêtent bien aussi à la prière ardente; telle cette montée vers la bivirga de judica qui est de la plus haute expression. La même formule est reprise sur causam mais, au lieu de s’achever en un cri violent, elle se détend sur tuam en une plainte qui se fait insistante et qui s’achève en une cadence bien mineure, où vraiment s’épanche la tristesse.

La dernière phrase, dès le début, s’établit en fa. Il s’en suit comme un soulagement. C’est encore la prière; on la sent monter sur memor esto et insister sur opprobrii, mais il ne s’y mêle plus d’angoisse, et, sur la formule finale, l’âme est toute paisible et abandonnée.

ALLELUIA

LE TEXTE

Seigneur, un refuge tu as été pour nous de génération en génération. Ps. LXXXIX.1

C’est Moyse qui adresse à Dieu ces paroles. Elles résument la gratitude de tout le peuple, pour ne pas dire de toute l’humanité.

Elles viennent bien après l’Épître où Saint Paul rappelle les promesses faites à Abraham et ses descendants, et leur accomplissement. Nous aussi, nous sommes fils d’Abraham, vrai fils d’Abraham, ayant hérité de lui la foi et les promesses en Jésus-Christ. Grâce à l’asile que nous trouvons à chaque instant ouvert en Dieu, nous allons, indemnes de tout ce qui nous touche, à leur heureuse réalité, tandis que de génération en génération la famille du Patriarche atteint le nombre des étoiles. C’est donc bien notre gratitude à nous aussi et celle de toute l’Église que ces mots portent à Dieu.

LA MÉLODIE

Elle est toute pénétrée de joie, et c’est bien ainsi pour une action de grâces. Cette joie ne s’exprime pas par de grands élans mais par une ligne mélodique très souple et très légère. Elle monte sur Domine, retenue à dessein sur le nom divin pour un épanchement de gratitude aimante, mais en une progression splendide, appuyée et renforcée délicatement par les quilismas, les pressus, les clivis allongées et qui prend du mouvement à mesure qu’elle atteint le sommet. Elle se détend sur refugium en des neumes qui s’étirent, se retiennent, comme si l’âme ne voulait pas finir de chanter ce titre qu’elle donne au divin protecteur et qui pour elle dit tant de choses. Le mot achevé, elle se ressaisit et, par une remontée de quarte, repart sur factus est nobis, s’attardant d’ailleurs à nouveau très vite dans le même sentiment de gratitude heureuse.

La seconde phrase est liée de très près à la première; c’est la même idée. La joie y est peut-être plus extériorisée, moins extatique, si l’on peut dire, notamment sur la vocalise de generatione dont les deux torculus font un si beau rythme ternaire et sur celle de la finale, merveille de souplesse et de grâce.

OFFERTOIRE

LE TEXTE

En toi j’ai espéré, Seigneur, j’ai dit : tu es mon Dieu, dans tes mains, mes années.

Ps. XXX. 15, 16.

Dans le Psaume, ces deux versets se terminent par : « délivre-moi »; ils sont là une prière. Ici, « délivre-moi » ayant été omis, ils disent seulement la confiance de l’âme qui, dans un acte d’abandon, remet entre les mains de Dieu ses années, avec la puissance de souffrance et de joie qui se trouve en elles : toute sa vie.

Comme ces simples paroles traduisent bien le geste reconnaissant du lépreux tombant le visage contre terre devant le Christ-Jésus qui vient de le guérir !… et le nôtre à nous aussi, qui avons si souvent reçu le même bienfait de la santé et de la vie rendues.

C’est l’offertoire de la messe de mariage. Il prend là un sens quelque peu différent, mais plus beau encore, émouvant même, car il est la remise que les époux, en plein bonheur, font entre les mains de Dieu de leur destinée, à l’instant même où elle commence.

LA MÉLODIE

C’est plus la paix que la joie qu’elle chante. Il n’est pas de paix qui ne soit mêlée de joie, mais il y a dans cette mélodie une tranquillité si marquée que c’est vraiment l’abandon heureux, sans souci du bonheur qui l’accompagne.

Dès l’intonation, on est dans cette atmosphère de paix. Sur ce mot qui dit la confiance que l’âme a toujours eue dans le Seigneur, la mélodie monte lentement, retenue à dessein par le salicus, la note pointée, le quilisma, la clivis allongée, puis, se détend, tout à l’aise, sur la distropha et le long des neumes qui, sans le moindre heurt se joignent à ceux de Domine pour atteindre, comme en glissant, la fin de la phrase. Mais à travers ce legato que rien ne trouble passe la reconnaissance baignée de tendresse de l’âme. C’est elle, en fait, qui retient le mouvement, comme si elle voulait plus de temps pour dire à Dieu son bonheur.

C’est dans la même paix heureuse qu’elle va chanter les mots de confiance qui vont engager toute sa vie. Dixi, qui les annonce, reçoit du podatus et de la distropha un très beau caractère de fermeté, renforcé encore par le podatus allongé qui monte au la. Mais, bien plus que l’assurance de sa fidélité, c’est la joie d’amour qu’elle ressent à chanter ce qu’elle a tant de fois exprimé à l’Hôte Divin dans l’intimité, que l’âme fait passer dans ces quelques notes. Et c’est très beau; si naturel, si simple, si spontané ! Cet élan de bonheur intense se détend sur Deus meus avec une grâce exquise. L’âme se complait sur ces quatre mots, qui vont en progression sur le pressus de meus poussés par l’élan d’amour délicat qui les fait s’achever sur une cadence en demi-ton toute de tendresse.

Cet épanouissement n’est pas une fin, la progression continue sur in manibus tuis. C’est ici le sommet de l’idée : la formule même du don total. La mélodie dans la tonalité claire du mode de fa, touche le la par un motif léger, joyeux où passe un rien d’enthousiasme, revient au fa et s’y appuie, se balançant entre les notes doubles ou triples en des ondulations souples qui chantent le bonheur de l’âme, profond toujours, mais bien près d’éclater. La cadence finale en ré n’a elle-même rien de sombre, amenée qu’elle est par le torculus do-mi-ré.

COMMUNION

LE TEXTE

Un pain qui vient du ciel, tu nous as donné, Seigneur, ayant toute délectation et toute la saveur de la suavité. Sag. XVI. 20.

Dans le sens littéral du livre de la Sagesse, c’est de la manne qu’il s’agit, aliment qui vraiment venait du ciel et qui était toute saveur. C’était la figure de l’Eucharistie.

Ici c’est la réalité qui est chantée, le Pain Eucharistique. Vrai pain du ciel, car il est le corps du Verbe Incarné dont la vision rassasie dans l’éternité les Anges et les Bienheureux. Nourriture de notre vie spirituelle aussi, en ce sens que la grâce du sacrement, en augmentant la foi, l’espérance et la charité, entretient en nous la pensée du Christ-Jésus et nous incite à nous donner de plus en plus à lui. Placés ainsi sans cesse, de toute la force de notre libre vouloir, sous son influence, ne n’est plus nous qui vivons, c’est lui qui vit en nous, nourrissant notre intelligence et notre volonté de sa propre lumière et de sa propre joie.

C’est cette lumière et cette joie que l’Église communiante chante ici.

LA MÉLODIE

Une belle phrase, d’abord réservée, qui monte en joie enthousiaste sur Domine et qui se détend sur omne delectamentum en un motif très gracieux, retenu par la tristropha, le salicus, la clivis allongée, le porrectus, comme pour évoquer à loisir toutes les joies de l’amour. Elle se relie très étroitement à la suivante qui reprend l’idée de délectation et la développe sur suavitatis en un motif d’une exquise suavité.

Le torculus la-do-fa, relié au salicus et les quatre notes qui suivent, retenues par le quilisma, sont admirables de grâce souple et légère.

 

Epître, évangile et préface chantés de cette messe, voir ici

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