1er Juillet: Fête du Précieux Sang de Notre Seigneur

L’Introït Redemisti nos de la fête du Précieux Sang interprété par la Scholla Bellarmina

Table des matières

Commentaires des pièces de cette messe par Dom Baron.

 

Ce qui est célébré en cette fête c’est d’abord le sang de NotreSeigneur qu’il a versé pour nous racheter à la circoncision, à l’agonie et tout le long de sa Passion, jusqu’à sa mort … et après. Mais c’est plus que cela. Ce n’est pas le sang lui-même qui nous a sauvés, c’est la personne qui s’est livrée à ceux qui l’ont répandu. Le sang ici est le symbole de la Rédemption et c’est en fait le Christ, rédempteur du monde par son sang, qui est l’objet de la fête.

Instituée en 1849 par Pie IX en action de grâces pour la délivrance de Rome par les Français le 1er juillet, elle fut d’abord célébrée le premier Dimanche de ce mois. Pie X la fixa à la date exacte de l’évènement qu’elle commémore. En 1934 Pie XI l’éleva au titre de double de première classe à l’occasion du dix-neuvième centenaire de la Rédemption.

INTROÏT

LE TEXTE

Tu nous as rachetés, Seigneur, par ton sang de toute tribu et langue et peuple et nation et tu nous as faits à notre Dieu, un Royaume.
Ps. Les miséricordes du Seigneur, éternellement je chanterai. De génération en génération je dirai ta fidélité par ma voix. Apoc. V. 9. 10. – Ps. LXXXVIII, 2.

Ces paroles sont le début du “Cantique nouveau” qu’il fut donné à Saint Jean d’entendre dans sa vision de Pathmos.

« Et je vis au milieu du trône, et des quatre animaux, et au milieu des vieillards, un Agneau debout comme immolé …Et quand il prit le livre les quatre animaux et les vingt-quatre vieillards tombèrent devant l’Agneau, ayant chacun une cithare et des coupes d’or pleines de parfums, qui sont les prières des saints.

Et ils chantaient un cantique nouveau disant : «Digne tu es de prendre le livre et d’en ouvrir les sceaux parce que tu as été immolé. Et que tu en as racheté pour Dieu en ton sang de toute tribu, et langue et race et peuple et nation et que tu les as faits pour notre Dieu royaume et prêtres et ils règneront sur la terre. »

Hommage de la terre et du ciel, du temps et de l’éternité, des peuples et des individus au Christ qui les a rachetés de son sang et fait avec lui et en lui son Royaume sacerdotal.
Il ne pouvait être de choix plus heureux pour chanter le sang divin par qui furent faites cette rédemption et cette divinisation.

LA MÉLODIE

La première phrase et une partie de la seconde sont empruntées à l’Introït Cognovi du Commun des Saintes femmes. Le reste sont des fragments des Introïts Conféssio de Saint Laurent, Omnia quae fecisti et Dum Clamarem du XXe Dimanche et du Xe Dimanche après la Pentecôte. Le tout, parfaitement fondu, fait comme une triple acclamation. La première, d’abord quelque peu retenue par les deux premiers temps ternaires de Redemisti monte de plus en plus ardente vers Domine et sanguine. Une détente brève, et la seconde s’élève dans la même ardeur sur tribu et populo, renforcée là par la répercussion de la distropha. La troisième, elle, s’étale tout de suite sur fecisti où elle revêt, sur la virga pointée et la tristropha, un caractère de contemplation, comme si l’Eglise, à l’évocation de ce royaume né du Précieux Sang, demeurait suspendue dans l’admiration et la gratitude. La détente, avec la très belle reprise sur nostro, demeure dans le même sentiment.

GRADUEL

LE TEXTE

Celui-ci est Celui qui vient par l’eau et par le sang: Jésus-Christ. Non dans l’eau seulement. Mais dans l’eau et le sang.

Verset. Ils sont trois qui donnent témoignage dans le ciel: Le Père, le Verbe et l’Esprit-Saint. Et ces trois sont un. Et ils sont trois qui donnent témoignage sur la terre: l’Esprit, l’Eau, et le Sang. Et ces trois sont un. I. Jean, V. 6, 7, 8.

Saint Jean a écrit ces paroles pour confondre les hérétiques de son temps qui soutenaient que l’homme-Jésus n’aurait été uni au Christ, homme-céleste venu d’auprès du Père, que depuis son baptême et jusqu’avant Sa passion. Tandis que le Christ, spirituel et donc impassible, s’éloignait de lui, l’homme-Jésus aurait ainsi été seul à mourir et à ressusciter.

Contre cette erreur, l’Apôtre affirme que le Christ est venu, non seulement par l’eau, c’est-à-dire le baptême, mais par le sang, qui s’entend ici de sa conception dans le sein de Notre-Dame et de sa mort sur la Croix. De celà, trois témoignent dans le ciel : Le Père, le Verbe et le Saint-Esprit; les trois sont d’accord. Et trois témoignent sur la terre: L’Esprit, qu’il faut entendre ici au sens de l’Eglise, à travers laquelle il agit; l’eau et le Sang qu’il a vus, lui Jean, couler du côté du Seigneur Jésus au moment où les phénomènes effrayants attestaient la mort du Fils de Dieu. Ces deux derniers témoins, symbole de purification et de vie, sont devenus la réalité du Baptême et de l’Eucharistie qui nous incorporent au Christ mort et ressuscité.

C’est évidemment l’évocation du Précieux Sang qui a déterminé le choix de ces versets pour la fête. Il faut en laisser le côté apologétique et n’y voir que l’évocation du Christ souffrant accepté par le Père pour le paiement de notre rachat. Le Graduel alors, paraphrasant l’Epître, sera la louange de l’Eglise chantant sa reconnaissance au médiateur de la Nouvelle Alliance, entré avec son propre sang dans le Saint des Saints éternel, pour y poursuivre son œuvre de médiation et de propitiation.

Elle est la reproduction, à peu près note pour note, de celle du Graduel Speciosus forma du Dimanche dans l’octave de Noël. On voudra bien se reporter à l’analyse détaillée qui en a été donnée alors.

Evidemment l’application ne vaut pas l’original. Il manque ici l’admirable lyrisme du Cantique de l’Epouse qui inspira les nuances si délicates de la mélodie. Il reste que certains mots y trouvent une très heureuse expression: Qui venit, dans la première phrase, vibrant de joie enthousiaste, et sanguine, grave et doux, cœlo et terram qui riment dans les deux phrases du verset …

ALLELUIA

LE TEXTE

Si le témoignage des hommes nous acceptons, le témoignage de Dieu est plus fort. I Jean V. 9.

C’est la suite du texte du Graduel et la conclusion de l’argument apologétique de Saint Jean. De cette phrase sans lyrisme, on a voulu faire une louange; elle s’y prête peu, il faut bien le reconnaître, du moins dans la première partie. La seconde, séparée de l’autre, peut le devenir. C’est sur elle qu’il faut centrer la pensée pour en faire un hommage de fidélité et de reconnaissance au Dieu qui nous a donné tant de lumière.

LA MELODIE

Elle est calquée sur celle de l’Alleluia Domine Deus salutis meae du XIIe Dimanche après la Pentecôte. Le texte ici ne s’harmonise pas avec son caractère de prière paisible, dans la première phrase surtout. Dans la seconde, l’adaptation est plus heureuse. La montée à la dominante de testimonium met en relief, fort à propos, l’infinie valeur du témoignage de Dieu, la thésis se courbe pleine de vénération sur Dei et la reprise arsique de majus est renforce l’idée de grandeur et de vénération.

OFFERTOIRE

LE TEXTE

Le calice de bénédiction que nous bénissons, n’est-ce pas la communion au sang du Christ ? Et le pain que nous rompons, n’est-ce pas la participation au corps du Christ ? I. Cor. X. 16.

Cette parole, que Saint Paul adressait aux Corinthiens pour les rappeler à la pratique loyale de la vie du Christ devient ici une sorte de paraphrase à la fois de l’Evangile et de l’offrande de la matière du sacrifice qui se fait au moment où on la chante. La phrase est interrogative mais elle ne comporte ni aucun doute, ni même aucune nuance d’argumentation poussée. Elle est au contraire l’expression d’une conviction forte qui monte au plus profond de l’âme toute recueillie sur le mystère ineffable.

LA MÉLODIE

C’est une contemplation, comme une parole intérieure dite dans l’intimité et qui ne s’extériorise qu’autant qu’il est nécessaire pour exprimer l’admiration, la tendresse, la reconnaissance dont elle est pénétrée.

Toute recueillie dès le début, sur la tristropha de l’intonation, l’âme se laisse aller simplement à chanter, sur les paroles de bénédiction qui suivent, la joie qu’elle a de pouvoir participer au calice du Christ. Elle ne cherche pas à se livrer, elle chante pour elle-même. De là la paix heureuse des cadences de benedictionis et de benedicimus et le legato de tous les neumes entre eux. Si l’expression monte peu à peu à partir de benedicimus, c’est que, à l’évocation plus précise du Sang Rédempteur, le sentiment devient plus vif. Il n’y a d’ailleurs dans cette montée à la dominante aucun intervalle hardi, aucune ardeur poussée. La paix de la contemplation demeure. La seconde phrase n’a pas cet élan. Elle est plus grave. Le motif de nonne, de la première phrase. revient bien sur nonne, ici encore, mais à la quinte inférieure, et toute la fin est très contemplative. Il faut noter particulièrement les cadences des deux phrases en suspens sur sol et sur mi, elles sont ainsi parfaitement adaptées à la forme interrogative du texte; mais comme cette finale inachevée sert bien aussi l’attitude de l’âme quittant comme inconsciemment la contemplation qui chante, pour la contemplation silenciense!

COMMUNION

LE TEXTE

Le Christ une fois s’est offert pour effacer les péchés d’un grand nombre. Une seconde fois, sans le péché, il apparaîtra pour ceux qui l’attendent comme le salut. Haeb. IX. 28.

Evocation des deux venues du Christ est fort heureuse au moment où les fidèles reçoivent le Sang précieux qui les purifie et qui va être dans leur âme source de vie éternelle.

LA MÉLODIE

L’Eglise s’est inspirée de la mélodie de la Communion du Dimanche de la Passion. Mais les paroles ici n’ont rien de commun avec l’Hoc Corpus. Aussi l’expression est-elle tout autre.

La première phrase, à elle seule, est paisible et douce, mais il y manque la bonté tendre et la mélancolie prenante qui font de la Communion de la Passion un chef-d’œuvre. La cadence sur sol les détruirait d’un coup si seulement elles commençaient de naître et, plus encore, les mots évocateurs du triomphe à venir dont est faite toute la seconde phrase.

L’ensemble est bien ordonné – à condition qu’on ne pense pas au modèle – la montée sur apparebit très heureuse, de même la tristropha qui concentre le désir de cette venue glorieuse, avant de le laisser se détendre sur la finale assurée et pleine de bonheur.

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