Michaël Haydn : le mérite et la gloire cachés

MICHAEL HAYDN (Rohrau, 11 septembre 1737 – Salzbourg, 10 Aout 1805)

Comme son frère Joseph, il fait ses débuts à la cathédraleSaint-Etienne de Vienne où sa voix de soprano embrassant trois octavesle fait remarquer. Il étudie le violon et la composition, s’inspire deFux dont le style sévère de la Missa Canonica se retrouve dans sa MissaSancti Cyrilli et Methodi datée de 1750. En 1757 il est nommé maître dechapelle de l’évêque de Grosswardein en Hongrie. Il a déjà écrit 14messes, 1 Te Deum et 6 Salve. En 1762, c’est le départ pour Salzbourgoù il entre au service du prince-archevêque Siegmund von Schrattenbach,grand protecteur des arts. En 1763 il est nommé 1er violon dansl’orchestre de la cour. Sa première messe salzbourgeoise, la MissaSancti Raphaelis date de 1765.

 

Michael Haydn a toujours eu pour Salzbourg un profond attachement. C’est sa ville, là où il fera carrière et où il mourra. Dans cette charmante ville évoluent également Léopold Mozart et son prodigieux fils Wolfgang sur lequel il aura une grande influence. Mozart étudiait et copiait les partitions de Michael Haydn. A Salzbourg, petite ville de province, postes et charges passaient d’un compositeur à l’autre, et l’on y vivait dans une grande intimité. La femme de Haydn, la cantatrice Maria Magdalena, créera en 1769 le rôle de Rosine dans la Finta Simplice de Mozart. A la mort de l’archevêque Siegmund en 1771 est joué le beau Requiem en Do mineur lors d’une imposante et émouvante messe de funérailles, magnifique hommage du compositeur à ce protecteur qu’il admirait. Il entre ensuite au service de l’archevêque Colloredo avec lequel Mozart eut de grosses difficultés, lui également si l’on en croit un ralentissement dans sa production. Il est nommé organiste à l’église de la Trinité, Mozart est engagé comme Konzermeister, il lui succédera en 1782 comme organiste. De la cour et de la cathédrale ainsi qu’à son père Leopold en 1787, pour pourvoir à différents postes d’enseignement. Il s’occupe des petits chanteurs de la cathédrale. Il est chargé également par l’archevêque Colloredo de remplacer ces « sonates d’église » que l’on jouait entre l’épitre et l’évangile par des Graduels. Il en écrira plus d’une centaine. Toujours pour la liturgie, il écrit un Antiphonarium Romanumde 196 pages où il consignera toutes les nouveautés harmoniques de son temps. Maître réputé, un autre musicien qui deviendra célèbre, le jeune Carl Maria von Weber, s’adresse à lui en 1797. En 1801, il termine sous la direction de Haydn son troisième opéra : Peter Schmoll.

LES FRERES HAYDN

Les rapports entre les frères Haydn étaient chaleureux, épistolaires surtout, retenus tous les deux par des maîtres exigeants. En 1798, Michael réussit à échapper à Colloredo et retrouve à Vienne, Joseph et son autre frère Johann Evangelist, ténor chez les Esterazy, après 22 ans d’absence. Ils assistent à un concert Mozart (extraits de la Flûte enchantée.), vont écouter Beethoven exécuter son concerto n° 2 pour piano. Ils sont également présents ce 11 décembre 1798 à la création de Don Giovanni. Ce fut un échec évoqué tristement par Michael dans son journal « dû à des chanteurs de piètre qualité ».

Les deux frères s’admiraient mutuellement. En 1801 Michael dirigea la première salzbourgeoise de La Création et il écrit : « La façon dont mon frère chante l’éternité est tout à fait extraordinaire. »

L’impératrice lui ayant commandé plusieurs œuvres, il se rendit une deuxième fois à Vienne en 1801 et lui présenta sa Missa Sancta Teresa. « Vous n’avez pas fait la partie de soprano trop difficile ? Je la chanterai moi-même. Je connais certaines de vos œuvres, en particulier votre Requiem que j’apprécie fort » lui dit l’impératrice qui était fort bonne musicienne et que Michael fit travailler pour la création de l’œuvre.

En 1802 le prince Estérazy lui propose un poste de vice-maître de chapelle pour soulager un peu son frère, poste qu’il refusa. Il repartit en 1803 pour Salzbourg. En 1805 il écrit sa dernière messe, la Missa Sancti Leopoldi. Il meurt le 10 août 1806, laissant inachevé son Requiem en Si bémol dont les deux premières parties furent jouées à son enterrement, suivies du Requiem en Do de 1771. Une autre messe eut lieu un peu plus tard, où fut exécuté le Requiem de Mozart.

On tenta de cacher son décès à son frère Joseph qui continuait à lui écrire. Il mourut trois ans plus tard et furent jouées lors des deux messes commémoratives, le Requiem en do de son frère et celui de Mozart.

Sur près de 800 œuvres répertoriées, la moitié de la production de Michael Haydn est consacrée à la musique religieuse. C’est vraiment le plus inventif et le plus inspiré compositeur de musique d’église de l’époque classique, surpassant tous ces contemporains.

QUELQUES ŒUVRES

Une trentaine de messes, 2 Requiems, 20 Tantum ergo ; un oratorio, 15 vêpres et répons, un Tenebrae factae sunt, 60 offertoires, 7 Regina caeli, 6 Te Deum, 13 Salve, 12 litanies, de nombreuses pièces a cappella en allemand ou en latin.

On lui doit également 43 symphonies, 14 quatuors à cordes, 5 quintettes à cordes, des sérénades, des musiques de scène, un opéra « Andromeda e Perso », 2 singspiels, la pantomime « Der Traum » et 9 cantates.