Noël – Nativité du Seigneur

La répétition de l’introït Dóminus dixit ad me de la messe de Minuit
La répétition de l’introït Puer natus est de la messe du Jour

Table des matières

Commentaires des pièces de ces messes par Dom Baron.

MESSE DE MINUIT

INTROÏT

LE TEXTE

Le Seigneur m’a dit :
Tu es mon Fils ;
Moi, aujourd’hui, je t’ai engendré.

Ps.Pourquoi ont-elles frémi, les nations ?
Et les peuples,
Pourquoi se sont-ils appliqués à des choses vaines ? Ps. II, 7, 1.

Le Psaume IIe est exclusivement messianique c’est-à-dire qu’il ne s’applique qu’au Messie. C’est donc bien lui qui parle. Il affirme sa génération divine par une référence directe à la parole du Père qui l’engendre. Le mot « aujourd’hui » doit s’entendre au sens de l’éternel présent dans lequel Dieu vit et produit le Verbe, comme le mot substantiel en qui s’achève son unique Pensée.

Dans le cadre de la liturgie, cet Introït est comme le premier mot de l’Enfant-Dieu, le mot par lequel il nous dit à travers la voix de l’Eglise ce qu’il est et d’où il vient. Mais à cette attestation de son éternelle naissance s’en ajoute une autre. Au moment où il vient au monde à Bethléem, le Christ est en toute vérité, engendré: il naît du Saint Esprit et de la Vierge Marie. L’Ego hodie s’entend donc ici également de son engendrement charnel, œuvre de Dieu lui aussi, et le mot hodie, tout en gardant son sens d’éternité, indique le jour précis où il se réalise. D’autre part, le Christ n’a jamais été sans ses membres. En engendrant le Verbe dans sa pensée unique et éternelle, le Père, dans le même acte, le prédestine à être le Chef et le Sauveur de l’humanité et lui donne tous les hommes de bonne volonté. Ainsi, en lui, de toute éternité, nous avons tous été pensés, engendrés spirituellement par le père. Quand il est venu sur terre, il nous portait donc tous dans sa pensée et son amour, de sorte que, spirituellement encore, mais réellement, nous sommes venus au monde, en lui, dans la nuit de Noël ; nous aussi nés de Dieu, fils de Dieu par prédestination.

Enfin cette participation à la vie de Dieu, cette nouvelle naissance, devenue effective le jour de notre baptême, continue tout le temps de notre vie et devient plus pleine avec chaque grâce que nous recevons. Le Christ, en venant au monde, nous a apporté précisément cette grâce de vie. La liturgie de Noël nous l’offre à nouveau. Si nous la recevons, notre engendrement divin se poursuit. Nous devenons un peu plus fils du Père et le mot Hodie génui te prend, pour nous, en plus des deux autres, un sens personnel et actuel. « Moi, aujourd’hui, je t’ai engendré ».

Lorsque l’Eglise, dans la nuit de Noël, chante cette parole mystérieuse, elle est donc d’abord la voix de l’Enfant-Dieu qui dit au monde sa génération éternelle et sa génération charnelle ; mais, en même temps, réalisant que le Christ qui se continue, elle ne peut pas ne pas chanter sa propre génération dans l’éternelle miséricorde du Père, dans le mystère de Noël et dans la grâce qui, au moment même où elle chante, vient en ses membres et les divinise un peu plus.

L’idée du Psaume est tout autre. Le psalmiste dans une vision prophétique considère avec ironie le frémissement de peuples qui en vain s’agitent et complotent contre le Seigneur et son Christ. Cette prophétie était en pleine réalisation au moment où Notre Seigneur naissait. Tout un peuple était en mouvement pour satisfaire l’ambition d’Auguste et la haine d’Hérode était prête à éclater contre le nouveau Roi des Juifs. Elle n’a cessé et ne cessera pas de se réaliser ici ou là dans le monde, de sorte que ce verset est toujours d’actualité.

On notera le contraste qu’il forme avec l’antienne : la génération du Verbe et la nôtre dans le silence de l’éternité, le silence de la nuit, le silence des âmes, et l’agitation vaine du monde haineux, dans le bruit. La reprise de l’antienne rend le contraste plus frappant encore, en même temps qu’elle évoque la continuité de la parole génératrice et l’immutabilité de Dieu en dépit de tout.

LA MÉLODIE

Il en est peu qui soient aussi simples. Aussi bien c’est un enfant qui parle et, encore qu’il nous apporte une parole d’éternité, c’est avec ses moyens humains qu’il nous la livre. L’Eglise, elle, qui lui prête sa voix avait à s‘adapter à la foi à son infinie grandeur et à son infinie simplicité. Sans négliger celle-là, elle a fait celle-ci dominer, demeurant ainsi dans l’esprit de tout le mystère, qui est la révélation de l’humanité et de la grâce de notre Dieu Sauveur.

Dominus dixit ad me… Quelques notes très simples. Elles ne s’étendent pas ; une quinte, c’est tout. Elles se balancent légères, immatérielles, se mouvant à peine ; comme au-dessus du temps. Elles ne disent pas une joie éclatante, mais la contemplation infinie du Christ fixée sur la parole du Père, qu’il entendit dans le sein de Notre-Dame au moment de l’Incarnation et qu’il nous redit dans la paix indicible de son sourire d’enfant.

Filius méus es tu… Rien que quelques notes encore, mais elles prennent un peu plus de mouvement ; elles vont vers méus, où s’épanouit la joie infinie du Père, sa tendresse, son bonheur d’avoir un Fils si pareil à lui-même.

Ego hodie génui te… Le balancement de la première phrase revient. Ego a le même motif que Dominus ; aussi bien c’est encore le Seigneur et la même joie et la même tendresse. Hodie s’étend immobile comme l’éternel présent en génui te, le mot générateur, s’achève dans une cadence extrêmement gracieuse et tendre. On n’enlèverait rien à la paix heureuse de cette dernière phrase en y voyant une nuance de douce autorité : notez la tristropha sur laquelle se pose la dernière syllabe de Ego et la double note de génui te qui devrait être une bivirga bien appuyée. Cette nuance se retrouve très nette sur le même texte à l’Alleluia et à la Communion.

Chanter à mi-voix avec beaucoup de souplesse et dans un bon mouvement plein de vie et de joie.

Appuyer la voix sur les punctum qui précèdent les distrophas de dixit afin d’éviter de les faire dures. Le crescendo de Filius méus aura son maximum d’intensité sur l’accent tonique de méus qu’on évitera de heurter.
En raison du peu d’étendue de la mélodie, les ralentis, à la fin des phrases, seront très discrets.

GRADUEL

LE TEXTE

Avec toi (je serai), moi, le Principe, au jour
(où tu auras à exercer) ta puissance ;
(Car) de ces splendeurs des saintes relations divines, (Il faut entendre par là la connaissance que Dieu a de lui-même et dans laquelle il engendre le verbe, et l’amour du Père pour le Verbe et du Verbe pour le Père, d’où procède le Saint-Esprit.)
de mon sein, avant a lumière, je t’ai engendré.

Verset.Il a dit, le Seigneur, à mon Seigneur :
Assieds-toi à ma droite,
Jusqu’à ce que je mette tes ennemis
Comme un escabeau sous tes pieds. (Cette interprétation de Principium par le Père, Principe du Fils s’autorise de Saint Augustin(in Ps. CIX, P. L. XXVII, col. 1454) et de Cassiodore (P. L. LXX col. 795)) Ps. CIX, 3, 1.

Le Psaume CIX est le Psaume du Christ ressuscité. Le Père dit au Fils revenu vers lui dans sa chair glorifiée : Assieds-toi à ma droite ; je suis avec toi au jour de ta puissance, moi qui t’ai engendré…

Dans le cadre liturgique de Noël, l’interprétation en doit être légèrement modifiée, d’autant que l’ordre des versets est interverti : le 3e étant ici le 1er et le 1er le 2e. Elle s’établirait bien ainsi. Le Père, au moment où son Fils revêt les formes les plus humbles de la nature humaine, lui dit : le jour où ta puissance, si réduite maintenant en apparence, aura à s’exercer, moi, le Principe de tout, moi qui t’ai engendré, je serai avec toi. In die virtutis tuae est donc entendu ici non seulement au sens du jour de la Résurrection et du Jugement dernier, mais au sens de toutes les circonstances où le Christ aura à manifester sa puissance.

Au Verset, ce n’est plus le Père qui est en scène, c’est David. Lui aussi est père de l’enfant ; il vient, à son tour, chanter, sur le berceau si pauvre de son descendant, la prophétie de la glorieuse résurrection, qu’il a entendu le Seigneur dire à son Seigneur : Assieds-toi à ma droite…

Il y a quelque chose d’infiniment grand dans ce chant des deux Pères planant au-dessus du Christ abaissé jusqu’à l’impuissance totale. Comme si, au moment où il commence sa vie d’abnégation et de souffrance, ils voulaient, chacun à sa façon, le réconforter par la vision de son origine divine et de son triomphe finale. Et quelle émouvante paraphrase de l’Epître ! Saint Paul vient de nous dire d’attendre la bienheureuse espérance et l’avènement de la gloire de Notre Sauveur Jésus-Christ. Le Père, confirmant cette parole de son autorité, affirme qu’il sera avec son Fils de toute sa puissance jusqu’à ce que le dernier de ses ennemis soit sous ses pieds.

Le rôle des chanteurs peut être conçu de deux façons. Ils peuvent être la voix du Père et du prophète. Ils peuvent être aussi la voix de l’Eglise se redisant à elle-même les paroles prophétiques au moment où elle contemple le mystère de l’Enfant divin dans son abaissement. La première a quelque chose de plus dramatique et cadre mieux avec l’ampleur du mystère qui a pour mesure l’éternité et dont le Père est le premier acteur : Ego hodie…

LA MÉLODIE

C’est encore la mélodie type des Graduels du IIe mode. Toutefois, l’auteur, saisi sans doute par l’infinie grandeur des paroles, a voulu donner à la première phrase une forme propre qui s’y adaptât autant que faire se peut. Cette forme originale va du début jusqu’aux derniers neumes de virtutis. Elle se soude là à la mélodie commune. Celle-ci emprunte alors, pour la seconde phrase, la formule extensible que nous avons déjà rencontrée dans le Graduel de la Vigile. L’adaptation ainsi réalisée est une des merveilles du répertoire grégorien.

L’intonation est toute simple : un mouvement de quarte qui descend sur técum et remonte sur principium, où il s’étale sur le la jusqu’à la fin du mot. Mais quelle douceur à la fois tendre et forte il donne à la voix du Père : se soulevant, légère, sur l’accent de técum, elle vient se poser sur la dernière syllabe toute chargé de tendresse heureuse – on dirait bien souriante – puis remonte sur principium où elle se nuance d’autorité sur la teneur en la.

Alors, à l’évocation des jours tout proches, où va se manifester la puissance de son Fils, la joie du Père s’avive et chante sur les beaux neumes légers et souples de virtutis. La douce tendresse revient un instant dominer autour du si b, et la phrase s’achève sur tuae dans un caractère de force de plus en plus marqué. C’est une transition à l’idée de la génération éternelle sur laquelle le Père appuie sa promesse et d’où le Christ tient sa puissance divine. « Moi qui, dans les splendeurs de la sainte Trinité, t’ai engendré… ».
Ce n’est plus le triomphe futur du Christ que le Père chante, ici, c’est, dans l’intimité des divines Personnes, la génération du Verbe, qui est sa Vie et sa Béatitude. Affirmation grandiose, heureuse et fière. Posée avec éclat, sur le rythme puissant de in splendoribus, elle s’en va, emportée par le souffle de l’enthousiasme, de plus en plus forte, de plus en plus ardente, sans que rien la retienne ni l’atténue jusqu’à la cadence triomphale de utero ; et, de là, sans s’arrêter, jusqu’à la fin où elle se nuance seulement d’admiration tendre.

Le Verset. – C’est de tendresse encore que Domino méo  se trouve baigné. La tendresse du père selon la chair cette fois, contemplant Celui vers qui ont monté depuis des siècles tous les désirs de sa race.

Transmise par lui, la voix du Père Eternel chante à nouveau. Aimable et douce sur séde a déxtris méis, quand elle invite le Christ à siéger sur le trône royal, elle prend le même accent d’autorité fort que nous lui avons trouvé plus haut sur in splendoribus pour chanter son triomphe final. C’est bien la même volonté puissante qui s’impose et le même accent de joie enthousiaste, sur donec ponam inimicos tuos, sur scabéllum, et jusque sur les salicus de pédum tuorum où tout s’achève dans une grandeur et une noblesse incomparables.

L’ictus placé sur la dernière syllabe de técum donnerait au mot son expression… La bivirga de in sera ferme, de même celle de tuae.

Donner de l’éclat à in splendoribus, in un peu allongé, la bivirga forte dans une bonne articulation du d. Cette phrase doit être pleine de vie, de chaleur, d’enthousiasme.
Toujours même fermeté sur les deux notes de ante. Rattacher de très près cette troisième phrase à la précédente.

Retenir, dans le Verset, les premières notes de méo. Eclat et force sur la bivirga de donec et sur celle de scabéllum.

ALLELUIA

LE TEXTE

Le Seigneur m’a dit :
Tu es mon Fils ;
Moi, aujourd’hui, je t’ai engendré. Ps. II, 7.

C’est celui de l’Introït . Il n’y a rien à ajouter à ce qui a été dit plus haut, sinon qu’il se présente ici comme une réponse du Christ naissant aux paroles que le Père et le Prophète viennent de lui adresse dans le Graduel. Ils ont dit : « Je serai avec toi, moi qui t’engendre… Le Seigneur a dit à mon Seigneur : assieds-toi à ma droite…. » Il répond, par la seule parole qu’il puisse dire le jour de sa Nativité : « Le Seigneur m’a dit : Tu es mon Fils … »

LA MÉLODIE

C’est celle de l’Alleluia Osténde du Ier Dimanche de l’Avent. Mélodie type ; mais parfaitement adaptée.

Elle met sur la première incise une joie simple, paisible, aimable, souriante, qui est vraiment celle qu’on se plaît à évoquer chez l’Enfant divin qui nous parle. Elle entoure de vénération tendre le nom du Père et va s’épanouir sur ad me en un accent de bonheur intime où passe quelque chose de la Béatitude du Fils bien-aimé.

A partir de Filius méus, c’est le Père qui chante sa joie. Elle nous arrive telle que l’évoque l’Enfant et donc dans la même atmosphère de simplicité, avec des nuances toutefois qui en font une merveille. Telle cette arsis de Filius où s’exalte le bonheur du Père devant un Fils si semblable à lui-même, et qui se détend, baignée de tendresse, sur la clivis allongée, le pressus, les neumes paisibles et souples de tu es. Tel encore, le bel accent de grandeur, de noblesse, d’autorité qui s’élève sur ego ; et, sur Hodie genui te, cette béatitude de contemplation dans laquelle le Père chante infiniment son éternelle Paternité et le jour où il a enfin un Fils selon la chair… et tant d’autres en lui.

Bien arrondir, en le retenant légèrement, le torculus de Dominus. Faire très expressif le pressus de ad me. Filius aura de l’élan ; le torculus sera également retenu quelque peu, comme le sera aussi toute la thésis.

Chanter dans un rythme très souple et très lié la vocalise de Hodie.

Ne pas traîner la reprise du chœur.

OFFERTOIRE

LE TEXTE

Que se réjouissent les cieux,
Et qu’elle exulte la terre,
Devant la face du Seigneur,
Car il vient. Ps. XCV, 11.

Dans le Psaume, on lit : car il vient juger la terre. Il s’agit donc là de la joie de l’Eglise lors du second avènement.

Ici c’est du premier qu’il s’agit ; la suppression des trois derniers mots l’indique clairement. Toutefois, il semble préférable de garder le verbe au présent. La naissance de Notre Seigneur est en effet tout orientée vers sa venue dans la gloire. Elle en est le premier acte. Il continue de venir, il ne finira que quand tout aura pris fin sur la terre ; Cette interprétation n’empêche nullement l’Offertoire d’être une très belle réplique du peuple à l’Evangile qui vient d’être lu, puisqu’il chanter tout aussi bien la joie du première avènement que celle du second.

LA MÉLODIE

Elle est joyeuse, incontestablement. La joie est partout, dans les élans de laeténtur, dans le balancement souple de caeli, dans la broderie si fine de exsultet, dans la montée faciem et dans le motif de quoniam qui, par sa gracieuse inflexion au grave, le fait si expressive du bonheur profond de l’âme ; mais c’est une joie discrète, intérieure, une joie de contemplation. Elle n’a pas d’éclat. Même quand elle s’élance quelque peu sur térra ou sur faciem, en même temps elle se retient, comme si elle n’osait quitter son recueillemente et, au lieu de s’établir sur la dominante, pour un nouvel élan, elle revient vers la tonique…

L’âme admire, elle adore plus qu’elle ne se livre à sa joie, comme les bergers devant l’Enfant et sa Mère. Notez avec quelle grâce un peu timide mais si simple et si pure, elle s’exprime sur faciem Domini. La contemplation s’achève sur vénit qui évoque très heureusement la continuité du Christ qui vient, par la cadence du IVe mode inachevée et si évocatrice du mystère.

On maintiendra tout au long un bon mouvement ; pas rapide mais vivant, avec des crescendos discrets sur les arsis de caeli et de térra.

Lier étroitement ces deux phrases musicales en raison du texte. Sur faciem la double note est une bivirga. Bien faire les intervalles de quarte de quoniam.

COMMUNION

LE TEXTE

Dans les splendeurs des saintes relations divines,
De mon sein, avant la lumière, je t’ai engendré. Ps. CIX, 3.

C’est une partie du texte du Graduel, comme on le voit. Le fait qu’il est chanté au moment de la communion permet d’en faire une application plus personnelle à chacun de nous. C’est en effet par l’Eucharistie, qui met en nous la vie de Dieu, que se fait notre incorporation au Christ, que se fait de plus en plus notre engendrement divin : « Comme je vis sur mon Père, celui qui mange ma chair vivra par moi ». Au moment où nous communions, se réalise donc un peu plus le dessein de vie divine que Dieu a eu sur nous de toute éternité, avant que ne fût la lumière – ce qui est notre prédestination ou, si l’on veut, notre génération éternelle dans le Christ.

Les chanteurs seront ici, comme dans le Graduel, ou le Père qui parle, ou l’Eglise qui se redit à elle-même, dans une sorte de contemplation, au moment où elle se réalise dans ses membres, la parole génératrice.

LA MÉLODIE

A la différence de l’Introït si léger, elle est ample et grandiose. Quelque chose de solennel passe dans le balancement de l’intonation qui rappelle le in splendoribus du Graduel. Les doubles notes sont des bivirgas dans les manuscrits et elles sont allongées ; il faudrait donc les écrire avec un épisème horizontal sur chacune d’elles, ce qui comporterait un bon appui et une légère répercussion. Cette solennité passe sur utero et va se développer, dans la joie, sur luciferum. Beau mouvement qui chante à la fois et l’éternité et l’heure de la naissance du Christ et aussi l’obscurité de la foi dans laquelle nous avons à vivre avant de réaliser dans la lumière de gloire la plénitude de notre être divin. Le rebondissement sur génui te est empreint de la même autorité douce et forte.

Cette antienne, bien qu’elle soit courte, demande une certaine ampleur. Les signes de ralentissement sont d’ailleurs partout.

Retenir légèrement la cadence de luciferum et la première note du second podatus de génui te.

 

MESSE DU JOUR

INTROÏT

LE TEXTE

Un enfant nous est né et le Fils nous est donné ;
Son sceptre et sur son épaule ;
Et il sera appelé de son nom Ange du Grand Conseil.

Ps.Chantez au Seigneur un cantique nouveau,
Car il a fait des choses merveilleuses. Isaïe IX, 16. Ps. XCVII, 1.

Dans ces quelques lignes, trois états du Christ sont prophétisés : 1° sa naissance et sa forme humano-divine : Puer en effet c’est l’enfant mais Filius, c’est le Fils de Dieu, le Verbe ; 2° son règne de conquérant, sous la forme symbolique du sceptre qu’il porte sur son épaule, lequel selon toute la tradition est la Croix, instrument de sa conquête ; 3° son triomphe suprême, par le nom qui lui sera donné : Ange du grand Conseil. Le Grand Conseil s’entend ici au sens du plan éternel de Dieu sur le monde ; ce que Saint Paul appelle le mystère du Christ récapitulant tout en lui pour la gloire du Père. De ce dessein de la miséricorde divine, le Christ est l’annonciateur : Angélus. Mais ici la prophétie est au futur, car ce nom, il ne le portera en plénitude que le jour où l’annonce qu’il a mission de faire aura été proclamée en tout lieu. Alors, ayant conduit à bien l’œuvre de Dieu, il en recueillera la gloire, avec le titre qui le consacrera à jamais.

Au sens liturgique, ce n’est pas le prophète qui parle, c’est l’Eglise qui chante sa joie sur les paroles de la prophétie. Après avoir été pour elle les mots de la confiance si souvent redits, celles-ci viennent tout naturellement sur ses lèvres pour célébrer ce qu’elles prédisaient. D’autant que le prophète, pour qui elles étaient au moment de sa vision une vivante réalité, les a écrites au présent. Pas un mot n’est donc à modifier, tout est exact ; l’Enfant est né, le Fils est donné. Sur son épaule est son sceptre ; il n’a pas encore toute sa forme, c’est vrai, mais tout ce que le petit enfant qui est là, dans la mangeoire de l’étable, souffre dans sa chair, c’est déjà la Croix par laquelle il conquiert le monde et commence de régner. Enfin ce jour où son Nom de victoire lui sera donné, on le voit déjà poindre, car aujourd’hui les anges ont chanté qu’un Sauveur nous est né, en qui le Père trouve sa gloire, et la terre, la paix. (Tel est le caractère de toute la Messe du jour. Elle ne célèbre pas seulement la naissance du Christ mais son règne et son triomphe suprême.)
Dans le Psaume, l’Eglise invite le monde à chanter un cantique nouveau au Seigneur, car vraiment il fait des merveilles.

LA MÉLODIE

La première phrase chante l’Enfant qui vient de naître : elle n’est que joie. Une joie bien différente de celle qui nous remplissait l’âme durant la nuit. Celle-là c’était celle du Christ et de son Père : une joie d’éternité, tout intérieure, et qui même en nous, prenait des résonances d’éternelle paix ; celle-ci, c’est celle de l’Eglise, c’est la nôtre et, tout en demeurant dans les profondeurs de notre âme, il faut qu’elle s’extériorise.

Sur Puer natus est, elle déborde, elle éclate, sans perdre d’ailleurs sa simplicité, il y a en elle toute la spontanéité et tout l’empressement des heureuses nouvelles que l’on dit autour de soi. Elle se pénètre toutefois d’un peu de gravité dans la seconde incise : le mystère est là, le mystère du Fils qui nous est donné. Il y a dans la courbe descendante de Filius une tendresse qui vénère et qui adore, et l’on sait tout ce que l’on chante sur le pressus de datus est.

La seconde phrase revêt, sur impérium, une ampleur majestueuse ; aussi bien, il ne s’agit plus de l’Enfant mais du Roi. Sur humerum éjus, à l’évocation de la Croix qui pèse déjà sur les épaules du Nouveau-né, la mélodie s’alourdit et se nuance de tristesse ; notez la clivis allongée, et la tristropha, et la cadence finale nettement établie en la mineur.

La joie revient, sans ombre, sur la troisième phrase, avec un bel accent d’autorité sur vocabitur nomen éjus. Il y a bien sur ce dernier mot la même cadence en la, mais, n’étant ici qu’une cadence d’incise, l’impression mineure est tout de suite détruite par les intervalles majeurs de magni consilii qui donnent à toute la finale, par leur étendue, le caractère de solennelle grandeur qui convient au Christ glorieux de la fin des temps.
Il va de soi qu’il faut chanter cet Introït dans un mouvement allègre. Il ne s’agit pas de rapidité ; ce qu’il faut, c’est que passe l’élan de vie et de joie.

Bien lancer l’accent de natus est, la voix se posant doucement sur la tristropha et s’en allant en un léger crescendo vers nobis.

Un peu d’ampleur à impérium, en marquant bien la première note de la seconde clivis. Ce n’est qu’à partir de l’épisème horizontal de humerum que l’idée de la croix aura son influence ; la tristropha, douce. Le ralenti sur éjus sera léger ; assez marqué toutefois pour permettre un a tempo sur et vocabitur, qui est une idée nouvelle ; les tristrophas légères et renforcées vers l’accent qui suit.

Sur éjus, dans la troisième phrase, peu de ralenti ; le rattacher au contraire étroitement à magni consilii, dont la première note sera légèrement élargie, comme toute l’incise d’ailleurs.

Le Psaume sera dans le mouvement ; bien articulé, bien accentué, avec l’ardeur entrainante qui convient à une telle invitation.

GRADUEL

LE TEXTE

Ils ont vu, tous les confins de la terre,
Le Salutaire de Notre Dieu.
Dites donc votre joie à Dieu, toute la terre.

Verset.Il a fait connaître, le Seigneur, son Salutaire.
Devant la face des nations, il a révélé sa justice. Ps. XCVII, 3, 2.

Le Psaume XCVII a trait à la délivrance du peuple de Dieu de la servitude d’Egypte. En fait, cette délivrance ayant été la figure de la Rédemption, ce sont les merveilles de la Rédemption qu’il prophétise, et, comme ces merveilles n’auront leur plénitude que lors de l’avènement de Gloire, il n’a toute sa signification que si on l’entend dans le sens de cet avènement suprême.

Chantés au jour de Noël, ces deux versets gardent évidemment tout leur sens prophétique. Au moment où le Christ naissait, ce qu’ils annoncent n’était pas arrivé ; loin de là. Toutefois, il faut bien le noter, à mesure que l’œuvre de la Rédemption se fait, ce qu’ils prophétisent devient de plus en plus une réalité. C’est bien vrai qu’aujourd’hui toute la terre a vu le salut et qu’en faisant connaître le Christ, Dieu a révélé sa justice, en ce sens qu’il a donné ce qu’il avait promis.

Il faut donc que les chanteurs, tout en remplissant le rôle du prophète, aient à l’esprit ce sens de prophétie réalisée qui fait ce Graduel si actuel et qui le revêt d’un accent si particulier de joie éclatante et déjà triomphale. Ils seront ainsi la voix de l’Eglise chantant sur le berceau de l’Enfant les merveilles jadis prédites, aujourd’hui réalisées en partie, et qui le seront pleinement quand le temps leur aura permis de l’être.

Chantés dans cet esprit il sera une très belle paraphrase de l’Epître. Dans ces quelques lignes aux Hébreux, Saint Paul a ramassé, dans une splendeur d’expression incomparable, toute l’œuvre du Fils de Dieu, jusqu’au jour où ayant roulé le ciel et la terre comme un manteau, il les changera en éternité, demeurant, lui. Celui qui ne change pas. A cette parole, l’Eglise réplique en chantant la joie de la terre qui a vu le Salutaire et qui le verra éternellement comme la pleine révélation de l’infinie puissance et de l’infinie justice de Dieu.

LA MÉLODIE

– Vidérunt omnes fines terrae salutare Déi nostri. Jubilate Déo omnis terra.

Deux mots la caractérisent : joie enthousiaste. Cette joie est très nette dès le début, dans le magnifique élan de l’intonation qui l’emporte du fa au mi et où passe en un souffle de gloire la fierté de l’Eglise chantant les nobles conquêtes de son Chef. Pas un instant elle ne s’atténue dans la suite. Elle enveloppe fines terrae de longs neumes qui symbolisent peut-être l’étendue du monde, mais qui affirment surtout, avec force, l’étendue et la grandeur du triomphe. Après une nuance de vénération sur salutare, elle revêt sur Déi nostri tout son éclat, à l’évocation du mystère d’infinie miséricorde contenu dans ces trois mots.

Dans la seconde phrase, la mélodie suit l’idée et se fait impérative sur jubilate. Mais la joie ne tarde pas à dominer de nouveau. Pleine de tendre respect sur Déo, elle reprend son bel enthousiasme sur omnis térra et le grade tout le long de la formule finale, ponctuée par les salicus et le pressus, qui lui donnent un si beau caractère de grandeur forte et noble.

Le Verset.Notum fécit Dominus salutare suum : ante conspéctum géntium revelavit justitiam suam.

C’est la même joie triomphale. Elle part d’un bel élan sur notum fécit ; mais au lieu de le poursuivre, elle s’arrête sur Dominus en une sorte de contemplation pleine de tendresse. L’âme a trouvé le nom du Seigneur, à qui elle a tout à dire, en pareil jour. Elle s’y complaît, répétant sa louange et son amour sur des motifs aimables et doux jusqu’à ce que, s’excitant peu à peu, elle laisse enfin monter l’ardeur de sa joie dans une envolée brillante qui rappelle celle de Déi nostri.

La seconde phrase n’a pas cette nuance de vénération. Aucun mot dans le texte ne la demande d’ailleurs. L’élan de l’intonation porte tout de suite au sommet le mot géntium. La formule est celle qui achève le mot Dominus dans la première phrase : enthousiaste, avec la même note de fierté heureuse. La mélodie ensuite s’en va par une gracieuse descente empreinte de joie profonde vers la formule finale. Cette formule qui ne se retrouve qu’une autre fois, au Graduel de l’Assomption de Notre-Dame, semble bien avoir été faite pour ce Graduel de Noël, qui est le plus ancien des deux. Elle a très peu d’élan. Ce n’est pas que la joie en soit absente, mais celle-ci est discrète, empreinte même d’une certaine gravité, comme une joie de reconnaissance personnelle qui ne se dit que dans le secret de l’âme. Aussi bien est-ce dans l’intime du cœur qu’elle se révèle pour chacun, cette justice de Dieu.

Chanter dans un mouvement assez vif et avec éclat.

Que l’intonation soit légère. La première note du podatus de omnes bien posée, mais dans le mouvement. La tristropha légère et allant en crescendo vers le climacus qui ne sera pas du tout retenu. Les pressus de térrae bien appuyés ; pas de ralenti. Le porrectus de salutare un peu élargi.

A tempo, sur jubilate ; l’accent bien lancé. Enthousiasme sur omnis. Les salicus de térra appuyés, la répercussion bien faite sur le do, et la cadence peu ralenti.

Le début du Verset bien balancé. Dans la dernière incise de Dominus, mener le crescendo de fin, le concentrer sur la bivirga et la note qui précède le quilisma, et faire le sommet léger. Les quatre dernières notes retenues. Rattacher Salutare à Dominus.

Bien que l’écriture de géntium soit différente de celle du dernier motif de Dominus, l’interprétation est la même. Ralentir les dernières notes de conspéctum et de géntium.

N’élargir que le dernier motif de la finale.

ALLELUIA

LE TEXTE

Un jour saint a lui sur nous.
Venez nations et adorez le Seigneur.
Car, aujourd’hui descend une grande lumière sur la terre.

Ces paroles ne sont pas dans l’Ecriture. Tout au plus pourrait-on y voir une allusion au passage d’Isaïe chanté dans la première leçon des matines: «Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu un grande lumière ».

Cette grande lumière que chante l’Eglise, c’est d’abord la clarté qui environnait l’ange quand il apparut aux bergers ; mais par delà, il va de soi, c’est la parole de Dieu se révélant à nous à travers son Fils, comme Saint Paul vient de nous le dire dans l’Epître ; c’est enfin le Christ, lumière qui a lui dans les ténèbres, comme va nous le dire Saint Jean dans l’Evangile.

LA MÉLODIE

C’est une mélodie type qu’on rencontre très souvent aux environs de Noël (Messe du jour, Saint Etienne, Saint Jean, Saint Sylvestre, Epiphanie. Dans le mois de Janvier : Chaire de Saint Pierre, Conversion de Saint Paul, Saints Fabien et Sébastien. – Nativité de Saint Jean-Baptiste qui s’apparente de si près à Noël, Fête de Saint Pierre et Saint Paul qui primitivement se célébrait, en dehors de Rome, le 28 Décembre.) ; si bien qu’on l’appelait natalitia : un noël. Elle a de particulier que chacune des phrase a la forme d’un verset de psaume : une intonation, une teneur avec une médiante, une cadence finale.

L’intonation et la cadence sont plus ou moins développées.

A cause de la teneur qui n’est qu’un récitatif, cette disposition ne semble pas, de prime abord, favoriser l’expression ; en fait non seulement elle ne lui nuit pas, mais elle la sert fort bien, car, avec les intonations et les cadences, coïncident les mots importants du texte, de sorte qu’ils se trouvent revêtus de motifs ornés qui les mettent très en relief.

C’est ainsi que, dans la première phrase, la montée pleine d’élan sur Dies est tout à fait dans le ton de joie empressée et en même temps pleine d’admiration qui est celui de Noël, tandis que la cadence longuement développée de nobis donne à l’âme le loisir de dire au Seigneur, en une contemplation paisible, la reconnaissance de toute l’Eglise dont elle est la voix. Détail curieux ; les derniers neumes qui la font s’achever en do sont les mêmes qui dans le verset du Graduel faisaient finir l’incise revelavit en fa ; Revelavit… Illuxit : lumière. L’invitation de la seconde phrase se courbe comme une prostration ; elle adore. Elle se fait quelque peu pressante au cours de la teneur, mais ne s’attarde plus ni sur adorate, ni sur Dominum.

La troisième phrase est une reprise de la première : hodie répond à dies ; même mot, même motif, même joie bien à sa place. Lux magna remplace illuxit nobis, même idée, même motif, même expression.

C’est à la reprise du chœur sur super térram que la joie atteint son plus grand éclat. Superbe conclusion : la mélodie qui s’est élevée jusqu’aux limites du mode, s’élargit, déploie toute sa puissance, se revêt de grandeur pour célébrer le mystère de lumière qui va non seulement éclairer les âmes mais illuminer le monde.

L’Alleluia, par son élan hardi, a tout à fait l’allure d’une acclamation. Il faut la lui garder tout au long du jubilus.

Rattacher étroitement sanctificatus à Dies et illuxit à nobis.

Ne pas faire de crescendo sur les pressus de venite. Il n’a aucune raison d’être. C’est sur la double note de fa – une bivirga – qu’il se fera ; il se détendra sur la tristropha qui suit ; celle-ci ira, en progression vers l’accent tonique.

La double note de super est une bivirga, de même celle du sommet de térram. La descente finale, très ralentie.

OFFERTOIRE

LE TEXTE

A toi sont les cieux et à toi est la terre.
Le Globe de la terre et ce qui le remplit, c’est toi qui l’as fait.
La justice et le jugement droit sont la base de ton trône. Ps. LXXXVIII, 12, 15.

Dans le Psaume, ces deux versets sont une louange directe à Dieu, dans laquelle le peuple lui dit que tout est à lui, parce que c’est lui qui a tout fait et qu’il est la Justice même. Le second évidemment doit s’entendre au sens figuré. Nous dirions aujourd’hui : la justice et la sagesse sont la politique de ton gouvernement.

Au sens liturgique, c’est une paraphrase très heureuse des deux lectures qui viennent d’être faites. Dans l’Epître, saint Paul disait, citant lui aussi les psaumes : « Tu as créé la terre dès le commencement, et le Ciel est l’œuvre de tes mains… le sceptre de l’équité est le sceptre de ton empire ». Et saint Jean à son tour dans l’Evangile : « Tout a été fait par lui… Nous l’avons vu plein de vérité. » L’Eglise, pleine de ces idées, s’adresse au Verbe fait chair et proclame à la fois son absolu domaine sur toutes choses et sa sagesse infinie. Elle fait plus ; par les mots mêmes qu’elle chante, elle donne au geste de l’offrande son sens de sacrifice : Prends… tout est à toi, à toi qui es la sagesse et l’équité, et qui rendras dans la mesure où l’on te donne, et cent fois plus encore. (Une autre interprétation du texte est possible, plus en accord peut-être avec l’Epître où c’est le Père qui dit au Fils : C’est toi qui as fait tout… ton sceptre est un sceptre d’équité. Ce serait alors le Père qui, ici encore, s’adresserait au Verbe fait chair, ou l’Eglise qui se redirait les paroles du Père et en ferait comme le thème de sa contemplation et de sa joie intérieure…)

LA MÉLODIE

Elle est en contraste avec toutes les autres pièces de la messe. Elle se tient dans le grave, se développe très peu ; à part une note d’échappée, à la fin de la seconde phrase, sur tu fundasti, elle ne dépasse pas la quinte ré-la ; enfin elle est écrit dans le IVe mode, qui est le mode mystique.

Ce n’est pas une louange qui éclate, c’est une contemplation ; comme une parole intérieure dite dans l’intimité, et qui ne s’extériorise qu’autant qu’il est nécessaire, pour exprimer l’admiration et la tendresse dont elle est pénétrée.

Dans la première phrase, après avoir souligné caeli de quelques neumes discrets, le mouvement va vers tua est térra, où il s’épanouit dans la joie croissante des rythmes ternaires qui vont s’achever sur la cadence de mi en une nuance délicate de tendresse. Joie et tendresse de l’Eglise, heureuse de chanter pour son propre compte à l’Enfant divin les paroles inspirées et, à travers elles, de lui offrir tout ce qu’il dépend d’elle de lui donner.
La seconde phrase est l’affirmation de la puissance créatrice du Verbe, du petit Enfant qui est là. A travers la paix de la contemplation, quelques nuances ici et là l’évoquent : le salicus de orbem, la tristropha de terrarum, les notes doubles et répercutées de éjus, et surtout l’élan de tu fundasti si plein de noblesse et de force et où passe par la voix de l’Eglise la joie et la reconnaissance de tout le monde créé.

Il y a un peu plus de mouvement dans la troisième phrase. La mélodie établie pour un instant au moins sur la dominante, prendre de l’ampleur. En même temps, elle s’attarde davantage sur les mots, sur tous les mots. L’âme a tant à dire de cette justice et de cette sagesse divines qui commencent à s’exercer aujourd’hui sur la terre, dont elle fait son profit chaque jour et dont elle voit se profiler dans les siècles l’éternel triomphe.

Il ne faut chanter cet Offertoire ni vite, ni fort, mais entretenir toujours le mouvement et mettre, partout où elles sont indiquées, les nuances d’intensité ; de sorte qu’on sente partout la vie et la ferveur.

Elargir les trois premiers climacus de est térra : pas le dernier ; telle est la nuance des manuscrits.

Faire bien douce la tristropha de terrarum et les distrophas de éjus, qui préparent les délicates répercussions qui suivent. Ne pas brusquer le salicus de fundasti. Que toute cette incise soit très liée et le crescendo préparé à partir des dernières notes de éjus. Ralentir la thésis de judicium. Bien marquer le premier podatus de praeparatio. Moduler avec beaucoup de douceur la dernière incise toute adorante.

COMMUNION

LE TEXTE

Ils ont vu, tous les confins de la terre,
Le Salutaire de notre Dieu. Ps. XCVII, 3.

C’est la première phrase du Graduel. L’Eglise la chante ici dans la joie de la voir se réaliser sous ses yeux, car c’est dans l’Eucharistie que le Salutaire de Dieu, le Christ, est vu, saisi et porté par l’Eglise aux confins de la terre.

LA MÉLODIE

Elle est plus contenue que celle du Graduel. La première incise est même très recueillie, ce qui s’accorde parfaitement avec l’atmosphère de réflexion grave dans laquelle l’Eglise redit les paroles prophétiques, mais, tout de suite, un très beau mouvement de joie monte et s’épanouit sur fines térrae, chantant déjà le Christ partout répandu et évoquant le jour où il sera tout en tous.

La seconde phrase est celle de la Communion de la Vigile, elle ne revêt ici aucune expression particulière.

Chanter d’un seul mouvement toute la pièce, sans aucun ralenti à salutare.

 

Partitions

Ecoutes de pièces 

Epître, évangile et préface chantés de cette messe, voir ici