Les beautés du Carême – Ecoutes audio

Dans l’Evangile, le Seigneur dit: «Quand vous jeûnez, ne soyez pas tristes comme ces hypocrites qui se défigurent le visage pour faire croire aux hommes qu’ils jeûnent.»
Le Seigneur nous convie à «verser de l’huile sur la tête», ce qui était dans l’Antiquité une pratique de jours de fête pour se regaillardir et se réjouir.

Dans sa liturgie, l’Eglise applique ce conseil en faisant du Carême un temps liturgique très riche, très dense et poignant.
Nous allons ici découvrir quelques chefs-d’oeuvres du carême, tirés soit directement de la liturgie, soit des œuvres des grands compositeurs qui ont embelli les textes liturgiques à leur manière.

Commençons par un monument caractéristique du carême: le trait du mercredi des Cendres. C’est l’archétype du trait, la mélodie-type du mode 2, tout en dépouillement et et son final tout en puissance, le voici chanté par la Schola Bellarmina:

Seigneur, ne nous traitez pas selon nos péchés, ni selon nos iniquités. Seigneur, nous vous souvenez plus de nos iniquités anciennes; que vos miséricordes se hâtent de nous prévenir; car nous en sommes venus au dénuement le plus extrême. Aidez-nous, ô Dieu notre salut, et pour la gloire de votre Nom, délivrez-nous Seigneur, et pardonnez nos péchés, à cause de votre Nom.

Vous trouverez ce Trait ainsi que la messe et cérémonie des cendres dans le volume 2 de la série.

Une autre pièce mythique du Carême est l’Attende Domine; il s’agit d’un motet qui est souvent chanté en entrée ou sortie, sans faire partie directement du texte liturgique, néanmoins d’une grande valeur textuelle et musicale. La voici:

Écoutez, Seigneur, et ayez pitié, car nous avons péché contre vous.

  1. Vers vous, grand Roi, rédempteur de tous, nous élevons nos yeux baignés de larmes ; exaucez, ô Christ, les prières suppliantes.
  2. Ô droite du Père, unique pierre d’angle, chemin du salut, seule porte du ciel, lavez en nos cœurs les souillures du mal.
  3. Nous implorons, ô Dieu, votre majesté : que vos oreilles sacrées écoutent nos gémissements, pardonnez-nous nos crimes dans votre bonté.
  4. Nous vous avouons avoir commis des fautes ; nous vous dévoilons notre cœur repentant. Que votre bonté, Rédempteur, nous pardonne.
  5. Innocent captif, emmené sans résistance, condamné par de faux témoins pour des méchants : ceux que vous avez rachetés, gardez-les, ô Christ.

Vous trouverez ce motet dans le coffret dédié aux motets grégoriens.

Un autre texte In jejunio et fletu qui revient dans la liturgie de façon récurrente est le suivant:
Entre le portail et l’autel, les prêtres, ministres du Seigneur, iront pleurer et diront: «Pitié, Seigneur, pour ton peuple, n’expose pas ceux qui t’appartiennent à l’insulte et aux moqueries des païens! Faudra-t-il qu’on dise: «Où donc est leur Dieu?»
Voici une composition de Thomas Tallis sur ce texte. Tallis (1505-1585) a été compositeur à la cour d’Angleterre pour les rois Henry VIII (oui, vous avez bien lu!), Édouard VI, les reines Marie Tudor et Élisabeth Ire. Il demeura un catholique convaincu toute son existence, avec son grand ami et musicien de génie également: William Byrd. Tallis a écrit une œuvre prolifique dont nous reparlerons ailleurs. En attendant, voici son magnifique motet In jejunio et fletu:

Interprétation par le Winchester Cathedral Choir sous la direction de David Hill

Et pour finir, un petit dernier avec le Domine non secundum peccata nostra. Il s’agit du même texte que le trait du mercredi des cendres évoqué plus haut dans cet article sur une composition de César Franck. On change d’époque pour arriver au XIXe siècle, c’est une autre ambiance, mais il paraît qu’il en faut pour tous les goûts… alors, on vous laisse goûter.

Interprété par l’Ensemble vocal Jean Sourisse.