Dix-septième Dimanche après la Pentecôte (XVII)

La répétition de l’introït Justus es Dómine

Table des matières

Commentaires des pièces de cette messe par Dom Baron.

LEÇONS DES MATINES : En Septembre : Tobie, Judith ou Esther. En Octobre : Les Macchabées.

EPÎTRE : Les chrétiens, membres d’un seul corps, doivent garde l’unité de l’Esprit qui les anime tous et se supporter mutuellement dans la charité. (Eph. IV. I-6)

EVANGILE : Le premier commandement est d’aimer Dieu. Le second, semblable au premier, d’aimer le prochain. (Math. XXII. 34-46)

IDÉE CENTRALE : Elle se dégage bien de l’Epître. Tous les chrétiens, membres du Christ , auquel ils ont été incorporés par le Baptême et l’Eucharistie, forment avec lui comme un seul Corps. Ils doivent s’aider mutuellement à réaliser leur sanctification dans l’unité de l’Esprit et le lien de la paix. Ce conseil de Saint Paul revient indirectement sur les lèvres de Notre Seigneur à l’Evangile, lorsqu’il fait de la charité envers le prochain une seule chose avce la charité envers Dieu. C’est pour ce « peuple saint » que l’Eglise prie dans la collecte, et c’est cette « nation bienheureuse » qu’elle chante dans le Graduel, comme c’est aussi le peuple sur lequel Daniel, à l’offertoire, invoque le nom divin.

INTROÏT

LE TEXTE

Tu es juste, Seigneur, et droit est ton jugement ; agis avec ton serviteur selon ta miséricorde.

Ps. – Heureux les sans tâche dans la voie, Ceux qui marchent dans la loi du Seigneur.

Ps. CXVIII. 137, 124.

Ces deux versets ne se suivent pas dans le Psaume. C’est donc intentionnellement qu’ils ont été mis ici l’un après l’autre. Sans doute l’auteur a-t-il voulu rapprocher l’idée de justice et l’idée de miséricorde. N’a-t-il pas voulu aller plus loin : insinuer qu’en Dieu la miséricorde est un complément de la justice et que, pour être juste, le Seigneur doit être miséricordieux ? La disposition qu’il a adoptée, en plaçant le verset 137 avant le verset 124, semblerait l’indiquer. Conception d’ailleurs absolument exacte. N’est-ce pas la miséricorde qui, de toute éternité, règle l’attitude de Dieu à l’égard de l’homme ? C’est elle qui l’a fait nous donner l’être et la vie, nous prédestiner à être « du Christ », nous justifier en lui. C’est elle encore qui, par delà la stricte justice, le fait sans cesse nous pardonner. Comment les deux s’harmonisent-elles dans l’infini de son être ? Mystère ; mais elles s’harmonisent. Nous savons même, et par ce que le Seigneur nous en a dot, et par l’heureuse expérience que nous en avons, que sa miséricorde toujours couronne sa justice. Nous avons donc le droit de l’exiger, ne serait-ce qu’en vertu de tant de promesses qui nous ont été faites.

Le sens de ces deux versets se trouve ainsi précisé. L’âme proclame la justice de Dieu et, s’y appuyant, demande la miséricorde. C’est rigoureux, nous venons de le voir, c’est habile aussi. Elle ne s’en tient pas d’ailleurs à cet aspect purement juridique. Elle sait que c’est pour la lier au Christ, comme un membre à la tête dans l’unité du Corps mystique, que la miséricorde de Dieu est venue sur elle, et que c’est en considération de cette même unité de vie avec le Fils – à qui tout est dû en justice stricte qu’elle viendra toujours, comme un épanouissement de la justice du Père à l’égard du Fils.

Il ne faut donc pas voir dans ce texte, deux idées juxtaposées, deux phrases, mais une seule : Tu es juste, Seigneur, droit est ton jugement, alors, agis avec ton serviteur selon ta miséricorde.

LA MÉLODIE

Nous allons voir qu’elle corrobore cette interprétation du texte.-

L’intonation est celle de l’Introït Inclina du Dimanche précédent. Elle est paisible, avec une touche de joie délicate qui est bien à sa place ici, car cette première incise n’est pas une prière, mais une attestation heureuse de la justice divine. Le chœur chante Dómine dans le même sentiment de pax puis, il enveloppe réctum judícium túum d’une certaine gravité, d’une certaine ferveur aussi qui marque l’adhésion joyeuse de l’âme aux jugements divins. Cette ferveur, très marquée sur toute l’arsis, s’épanouit sur la double note de judícium et sur la cadence de túum.

Mais elle ne s’éteint pas sur cette cadence. Elle passe, plus vive encore, sur fac cum sérvo túo, où elle devient la joie de l’âme tout heureuse de pouvoir, une fois de plus, réclamer la miséricorde comme couronne de la justice. Une joie qui monte sur túo simple, pleine de fraîcheur, exultante aussi, soulignant le mot d’un admirable accent de confiance et de tendresse filiale qui va droit au Père. Elle se détend ensuite tout à l’aise sur misericórdiam, après avoir insisté délicatement sur secúndum.

Il n’y a pas à douter de cette interprétation. Tout, depuis le début, va en un élan ininterrompu vers túo, et par des intervalles pleins où il n’y a pas trace de supplication anxieuse.

Il faut chanter dans un mouvement très calme et assez lent, mais avec joie.

Soulevez bien l’accent de Dómine afin de retomber doucement et avec souplesse sur mi puis sur ne. Allongez légèrement la première note du punctum de réctum et commencez-y un crescendo qui va s’épanouir, sans la heurter sur la double note de judícium – une bivirga épisématique – et après la détente d’un instant sur ci reprendre sur um. N’adoucissez que très peu túum qui sera tout de même retenu et passez à la seconde phrase en faisant de la grande barre une demi-barre.

Le crescendo s’intensifiera sur fac cum sérvo túo. Le podatus de túo sera allongé et lié à secúndum par un mouvement très arrondi qui fera du podatus et du punctum qui le suit un seul temps composé ternaire. Insistez sur secúndum qui commande en fait toute la suite en faisant bien la répercussion sur la clivis allongée.

Le psaume, qui chante la pureté conservée ou retrouvée grâce à la miséricorde, sera léger et joyeux, lui aussi.

 

GRADUEL

LE TEXTE

Heureux le peuple dont le Seigneur est le Dieu, le peuple qu’il a choisi, le Seigneur, en héritage pour lui.
Verset. – Par la parole du Seigneur les cieux ont été affermis, et, par le souffle de sa bouche, toute leur puissance.

Ps. XXXII. 12, 6.

La nation bienheureuse, le peuple choisi qui est chanté ici, c’est Israël évidemment. Mais Israël n’était que la figure de l’Eglise ; c’est elle la bienheureuse et c’est nous le peuple choisi, celui que le Christ a eu en héritage, qu’il a conquis de son sang et qu’il a fait sien en le faisant un avec lui dans la même vie.

Le verset chante la parole créatrice organisant le monde – il semble bien en effet que ce soit le sens qu’il faille donner à caéli. Mais cette parole de Dieu c’est le Verbe ordonnant tout l’univers à l’homme et, à travers les générations, au Christ et à l’Eglise qui lui donne sa plénitude, « première pensée incluse dans le Verbe qui sera un jour son Chef, premier amour en l’Esprit , qui sera un jour son âme ». Ainsi, dans le verset comme dans la première partie, c’est le Corps mystique qui est chanté. Belle paraphrase de l’Epître où Saint Paul célèbre « le Père qui pénètre tout, qui réside en nous tous » et qui fait la Beáta gens en réalisant ente les hommes « l’unité de l’Esprit dans le lien de la paix ».

LA MÉLODIE

(I) Beáta gens cújus est Dóminus Déus éorum

Pópulus quem elégit Dóminus in hereditátem síbi.

L’intonation est tout empreinte d’une noblesse et d’une fierté qui se développent et prennent une ampleur magnifique tout le long de la montée vers Déus. Une nuance de bonheur et de paix s’y mêle pour finir, sur la cadence en fa de eórum.

La seconde phrase continue l’idée. L’expression aussi est la même. Il y passe toutefois quelque chose de plus intime, comme un sentiment de gratitude qui fait la mélodie très ardente ; notez le pressus, la triple note de pópulus – une trivirga épisématique – et elégit Dóminus avec la nuance de tendresse qui se fait de plus en plus délicate et de plus en plus adorante à mesure que la mélodie s’efface dans le grave.

Cette gratitude s’illumine d’espoir et de désir sur la montée pleine d’élan de hereditátem puis devient toute contemplative sur les rythmes paisibles et si fins de síbi.

Le verset.Vérbo Dómini caéli firmáti sunt et spíritu óris éjus ómnis virtus eórum.

L’expression ici est quelque peu différente. L’Eglise, sur ces mots si riches de sens, s’arrête à contempler l’œuvre merveilleuse du Verbe et de l’Esprit dans le monde. Sur Dómini, dans la première phrase, et sur Spíritus, dans la seconde, elle se laisse aller à une tendresse qui s’attarde, tandis que, sur caéli firmáti sunt et sur ómnis virtus eórum, elle s’exalte en de beaux élans d’admiration.

La double note de Beáta est une bivirga épisématique : appuyez-la bien ; elle forme avec le pressus un très beau rythme qui se prolonge avec beaucoup de grâce ; liez bien la clivis allongée sol-ré. La double note de est est aussi une bivirga épisématique. C’est là que commence le crescendo qui va se développer avec ampleur sur Dóminus Déus. Etalez bien la cadence de eórum.

Attaquez pópulus avec une ardeur qui ira croissante sur la trivirga du sommet ; elle est épisématique, posez-là bien, appuyez-la et faites-la très expressive. Faites très expressive aussi la bivirga épisématique de elégit, avec la descente vers le quilisma retenu et Dóminus de plus en plus thétique.

Faites une reprise a tempo sur in hereditátem, avec un léger crescendo-accelerando. síbi ; détaillez avec finesse les temps composés binaires et chantez-les en mouvement vers les épisèmes horizontaux des podatus.

Balancez avec grâce

Le verset ne devra pas être chanté trop vite. Faites expressives les notes doubles et triples de Dómini. Donnez de la force, de l’élan et de l’ampleur à caéli. Complaisez-vous sur spíritu óris éjus. Elargissez tout le motif de ómnis. Le chœur fera un a tempo discret sur eórum, mais retiendra bien la cadence finale.

 

ALLELÚIA

LE TEXTE

Seigneur, exauce ma prière. Et que mon cri jusqu’à toi vienne.

Ps. CI. 2.

C’est une prière qui supplie avec véhémence.

Le Psaume CI fut un chant de a captivité de Babylone ; il est sombre, en sa première partie du moins, et crie haut vers le Seigneur.

Comment cette supplication vient-elle se joindre au Graduel si heureux, si plein d’admiration paisible et douce ? Sans doute comme la demande pressante de l’Eglise pour qu’en elle se réalise l’unité de l’Esprit, si difficile, et sans laquelle pourtant ni la gloire de Dieu, ni la paix et la béatitude de ses membres ne sauraient être.

LA MÉLODIE

Dans la première incise la supplication est ardente et quelque peu angoissée. On retrouvera ce très beau motif sur le même mot dans l’Allelúia du XXIIIe Dimanche, rendu là plus émouvant encore dans l’atmosphère de terreur des derniers jours du monde. Ici, ce n’est qu’en passant qu’il met un peu d’anxiété dans la prière ; elle se fait, tout de suite après, plus paisible sur oratiónem, tout en insistant sur la trivirga.

L’ardeur reprend sur méus, dans la seconde phrase, mais plus tempérée. A la fin, sur le jubilus de véniat, il n’y a plus d’angoisse : l’âme est apaisée.

Il faut dès le début de Dómine commencer le crescendo et le poursuivre très expressif sur le salicus, puis le podatus allongé de exáudi. Arrondissez-en le sommet pour retomber doucement sur di et continuez-y la pression. La triple note de oratiónem est une trivirga épisématique. Retenez quelque peu la thésis tout au long de laquelle l’ardeur se détendra.

Celle-ci reprend sur méus ; on pourra allonger la première note du podatus.

Liez avec grand soin la belle vocalise de véniat qui va du sol au sol avec une grâce si paisible.

 

OFFERTOIRE

LE TEXTE

J’ai prié mon Dieu, moi, Daniel, disant : Exauce, Seigneur, les prières de ton serviteur. Fais briller la lumière de ton visage sur ton sanctuaire. Et sois propice à ce peuple sur lequel est invoqué ton nom, ô Dieu.

Daniel IX. 17, 18, 19.

Un jour, en lisant Jérémie (XXV. 11.XX.X.10.), Daniel comprit que la désolation de Jérusalem devait durer soixante-dix ans. Revêtant alors ses vêtements de pénitence, il leva les yeux vers le Seigneur et pria ainsi :

Je t’en supplie, Seigneur, Dieu grand et terrible, garde l’alliance et ta miséricorde à ceux que tu as aimés. Nous avons péché…La justice est à toi, à nous la honte. Mais la miséricorde aussi est à toi…

Admirable prière, humble et forte. Elle se poursuit par la confession des crimes du peuple ; après quoi, elle se fait plus pressant au verset 17.

Exauce donc maintenant, notre Dieu, la prière de ton serviteur et ses supplications. Montre ta face sur ton sanctuaire qui est désert. Et cela pour ton propre avantage.

C’est le texte de notre offertoire. Du moins, à quelques détails près, car l’auteur y a fait des changements qu’il faut noter. Après son sanctuaire, il a supprimé qui est désert enlevant ainsi l’illusion aux malheurs de Jérusalem. Il a remplacé montre ta face par éclaire de joie ton visage ; c’est une nuance qui compte. Enfin, à la place de la dernière phrase : et cela pour ton propre avantage, il a pris dans les versets qui suivent, une invocation qui adapte le texte de plus près au sacrifice :

Et sois propice à ce peuple sur lequel est invoqué ton nom.

On peut se demander comment cette prière est entrée dans la messe du XVIIe Dimanche. L’explication se trouve dans le second verset de l’Offertoire, aujourd’hui hors d’usage. Il se lit ainsi :

J’entendis une voix qui me disait : « Daniel, comprends les paroles que je t’adresse parce que je suis envoyé cers toi. » Et voici que Michel est arrivé à mon secours.

Ces paroles empruntées à la fin du chapitre suivant, ont certainement été choisies, et tout le reste de l’Offertoire avec elles, en raison de la proximité de la fête de Saint Michel qui groupait alors autour d’elle, comme autour d’un centre liturgique, les Dimanches qui l’entouraient.

En dehors de ces considérations historiques, cette prière, toujours actuelle, s’harmonise bien avec le sacrifice. L’Eglise demande avec le prophète que le Seigneur jette un regard de bienveillance sur le sanctuaire où son peuple est réuni et qu’il bénisse l’offrande qu’elle lui présente au nom de son Fils, avec qui elle ne fait qu’un.

 

LA MÉLODIE

Elle commence, comme le Precátus est Moyses du XIIe Dimanche, par un prélude à la prière. C’est Daniel qui le chante. Il n’y passe ni tristesse, ni anxiété, mais une grande simplicité et une confiance abandonnée. Tout est beau dans cette phrase, jusqu’aux moindres détails. Le rythme est admirable de souplesse et de grâce sur tous les mots. Orávit méum est baigné de vénération tendre. Ego Dániel, simple et effacé.

La prière, intense dès le début sur le salicus de exáudi, se fait tout de suite humble sur la thésis de Dómine qui se courbe comme une prostration. Elle le demeure jusqu’à la fin de la phrase, avec une nuance très heureuse de plainte délicate sur la cadence de túi.

Soudain, tout s’éclaire sur illumina. La mélodie, passée sans transition au IIIe mode, s’élève dans un magnifique élan, mesuré, mais plein de vie, enveloppe túam de vénération et va s’épanouir sur la tenue de súper où elle se tient un instant comme recueillie, à la pensée du Temple, de l’Eglise, de l’autel, du sacrifice. Elle se détend alors sur les rythmes paisibles de sanctuárium et se pose ferme et pleine sur une cadence du VIIIe mode. C’est la joie qui domine dans toute cette troisième phrase. C’est bien ainsi, car le Seigneur ne peut pas ne pas voir avec complaisance son peuple se donnant à lui dans l’offrande même de son Fils qui se renouvelle, et l’Eglise, qui le sait et qui le sent, ne peut pas ne pas s’en réjouir elle-même.

Une nuance de supplication humble atténue la joie dès le début de la quatrième phrase sur la cadence de inténde, si particulière avec le si b et le mi ; volontiers, on entendrait le si bécarre, peut-être authentique. Cette nuance se prolonge quelque peu et tout redevient paisible. Il y a une insistance marquée sur ístum et sur invocátum est, mais sans que la mélodie sorte de sa tranquille modération. Déus est enveloppé de tendresse en une longue vocalise où la mélodie se fait à nouveau gracieuse et délicatement suppliante, notamment sur les deux cadences en mi où l’on retrouve la paix baignée de confiance du début.

Orávit devra être très lié, très souple et quelque peu retenu. Le crescendo sur Déum sera discret ; il se détendra sur méum en un legato très soigné.

Mettez un peu de mordant sur exáudi. Le sens exige que préces soit rattaché de très près à Dómine qui sera, lui, légèrement retenu. Ne retenez pas trop la cadence de túi et surtout évitez d’en faire une plainte languissante.

Le mouvement sera un peu plus vif au début de la troisième phrase, mais on évitera toute précipitation, voire tout contraste poussé. Qu’un souffle de joie unisse tout dans cette phrase. Faites la distropha et la tristropha légères sur súper et donnez un peu d’ampleur à la première note des deux podatus qui suivent.

Même mouvement sur propitius au début de la phrase suivante. Retenez quelque peu le porrectus de inténde qui sera lié étroitement à pópulum. La vocalise de Déum, très liée et très paisible ; la cinquième note avant la fin est un salicus.

 

COMMUNION

LE TEXTE

Promettez et rendez au Seigneur, votre Dieu. Vous tous qui habitez autour de lui apportez des présents (à ce Dieu) redoutable à lui qui abat le courage des princes ; redoutable à tous les rois de la terre.

Ps. LXXV. 12.

Dans le psaume, qui est une ode triomphale à Dieu après la victoire, ces deux versets sont une invitation adressée aux peuples voisins pour qu’ils viennent rendre hommage à celui qui dispose de la puissance des chefs et des rois.

L’Eglise en fait une application à ses membres, les appelant à s’offrir dans la communion et à s’acquitter ensuite de ce qu’ils ont promis – vovéte et réddite – pour qu’elle soit de plus en plus un corps docile à l’influence de l’Esprit du Christ qui l’anime et qu’elle se développe sans crainte sous la protection de Celui qui enlève, quand il lui plaît, la force aux peuples et aux rois qui se lèvent contre lui.

 

LA MÉLODIE

L’invitation est pressante, pour ne pas dire impérieuse, sur les trois salicus de vovéte, de etréddite. Elle se continue sur Dómino Déo véstro – notez les deux tristrophas qui insistent – avec toutefois une nuance de vénération pour le Seigneur. Dans la seconde incise la mélodie est plus dégagée, il n’y a de pression que sur affértis et c’est la joie qui domine.

Cette joie de l’Eglise, sûre de la protection de son Dieu, s’avive dans la seconde phrase, et dès le premier mot, tout en élan sur le sommet. Elle se balance ensuite sur les beaux rythmes de qui aufert et revêt un certain éclat de triomphe sur spíritum príncipum.

Dans la dernière phrase c’est l’autorité redoutable du Seigneur que l’auteur a voulu évoquer. La mélodie descend dans le grave et remonte avec un caractère de force qui s’impose. La nuance est très fortement marquée sur la double note de réges qui est une bivirga épisématique.

La progression, et du mouvement et de la force, est toute indiquée sur les trois salicus de vovéte et réddite. Elle devra se continuer jusqu’à la fin de l’incise. Il faut après véstro, faire une pause légère car ómnes ne se rapporte pas à vovéte, il est le sujet de affértis múnera. Un second mouvement commence donc là, qui doit tout mener vers la cadence de múnera. Donnez de la force à l’accent de affértis et élargissez-en légèrement le torculus.

La seconde phrase sera légère. Par contre la troisième sera quelque peu retenue à mesure qu’elle descend dans le grave, sur ápud notamment. Allongez un peu la première note du podatus de ómnes et posez avec autorité la bivirga de réges.

 

Epître, évangile et préface chantés de cette messe, voir ici